On parle de syndrome de la vessie hyperactive chez les adultes qui ont un besoin impérieux d'uriner avec ou sans incontinence urinaire d'urgence (fuite d'urine). Ces personnes vident habituellement leur vessie fréquemment pendant la journée et également pendant la nuit (nycturie). Il s'agit d'un problème majeur qui affecte la qualité de vie de plus de 22 millions de personnes. Il affecte les hommes et les femmes, et il est plus fréquent chez les femmes et chez les personnes âgées. Il est également coûteux pour les patients et pour les services de santé. On ne sait pas exactement pourquoi il se produit, et il existe de nombreux traitements, notamment des médicaments et des traitements comportementaux tels que la rééducation de la vessie et des exercices du plancher pelvien. Il n'est pas clair quels traitements marchent le mieux, ont le moins d'effets secondaires et lesquels sont les plus économiques. Vingt-trois essais totalisant 3685 participants ont été inclus dans la revue. Les participants étaient plus susceptibles de bénéficier d'une amélioration s'ils utilisaient un médicament anticholinergique plutôt que la seule rééducation vésicale, et également s'ils utilisaient une combinaison de médicament anticholinergique et de rééducation de la vessie. Plus de personnes avaient fait état d'une amélioration de leurs symptômes d'hyperactivité vésicale au moyen de la stimulation électrique qu'avec un médicament anticholinergique, mais cela n'était significatif que dans un essai pour un certain type de stimulation électrique : la stimulation percutanée du nerf tibial postérieur. Ces résultats doivent être considérés avec prudence, car différents types et doses de médicaments anticholinergiques avaient été utilisés dans les essais. Le principal effet indésirable signalé était la sécheresse buccale, chez environ un tiers des personnes prenant un médicament anticholinergique.
La supériorité des médicaments anticholinergiques par rapport au placebo dans le traitement du syndrome de la vessie hyperactive est bien établie. Pendant le traitement initial du syndrome de la vessie hyperactive il n'y avait une plus grande amélioration symptomatique lorsque (a) les anticholinergiques étaient comparés à la seule rééducation de la vessie, et (b) les anticholinergiques associés à la rééducation de la vessie étaient comparés à la seule rééducation de la vessie. Des preuves limitées issues de petits essais pourraient laisser penser que la stimulation électrique est une meilleure option chez les patients qui sont réfractaires au traitement anticholinergique mais, pour établir cela, on a besoin de plus de données sur la comparaison de différents types d'électrostimulation aux types d'anticholinergiques les plus efficaces. Ces résultats doivent être considérés avec prudence compte tenu des différentes classes et des doses variables d'anticholinergiques utilisés dans cette revue. Les anticholinergiques avaient des effets secondaires clairement reconnus tels que la sécheresse buccale.
Le syndrome de la vessie hyperactive est défini comme un besoin urgent d'uriner avec ou sans incontinence d'urgence, habituellement avec pollakiurie et nycturie. La pharmacothérapie avec des médicaments anticholinergiques est souvent le traitement médical de première ligne, seul ou en complément de diverses thérapies non-pharmacologiques, après qu'aient été essayées des options conservatrices telles que la réduction de la consommation de boissons caféinées. Les thérapies non pharmacologiques comprennent la rééducation de la vessie, le renforcement des muscles du plancher pelvien avec ou sans biofeedback, la modification des comportements, la stimulation électrique et les interventions chirurgicales.
Comparer les médicaments anticholinergiques à diverses thérapies non pharmacologiques pour le syndrome non-neurogène de la vessie hyperactive chez l'adulte.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur l’incontinence (recherche effectuée le 4 septembre 2012), qui comprend des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et MEDLINE, ainsi que les références bibliographiques d’articles pertinents.
Tout essai contrôlé randomisé ou quasi-randomisé de traitement au moyen de médicaments anticholinergiques pour le syndrome de la vessie hyperactive ou l'incontinence urinaire d'urgence chez l'adulte dont au moins un groupe de prise en charge impliquait une thérapie non médicamenteuse. Les essais portant sur des patients atteints de dysfonction vésicale neurogène ont été exclus.
Deux auteurs ont évalué les essais en termes d'éligibilité à l'inclusion et de risque de biais. Deux auteurs ont participé à l'extraction des données. L'extraction des données était basée sur des critères prédéterminés. L'analyse des données était basée sur les approches statistiques classiques utilisées dans les revues Cochrane.
Vingt-trois essais totalisant 3685 participants ont été inclus, l'un était un essai croisé et les 22 autres étaient des essais en groupes parallèles. La durée de suivi variait de deux à 52 semaines. Les essais étaient généralement de petite taille et de mauvaise qualité méthodologique.
Pendant le traitement, dans sept petits essais, une amélioration des symptômes était plus fréquente chez les participants sous médicaments anticholinergiques que chez ceux effectuant une rééducation de la vessie (73/174, 42% versus 98/172, 57 % sans amélioration : risque relatif 0,74 ; intervalle de confiance à 95 % 0,61 à 0,91). Dans trois petits essais, l'ajout d'anticholinergiques à la rééducation vésicale était également associé à plus d'amélioration que la seule rééducation vésicale (23/85, 27% versus 37/79, 47% sans amélioration : risque relatif 0,57 ; intervalle de confiance à 95 % 0,38 à 0,88). Il fut cependant moins évident de déterminer, dans trois essais, si un anticholinergique combiné à une rééducation de la vessie avait été supérieure au seul anticholinergique (par exemple 74/296, 25% versus 95/306, 31% sans amélioration : risque relatif 0,80 ; intervalle de confiance à 95% 0,62 à 1,04). Les autres informations comparatives sur le seul anticholinergique versus la combinaison de stratégies de modification du comportement avec un anticholinergique étaient rares et peu concluantes. De même, il n'était pas clair si ces stratégies complexes seules étaient supérieures aux anticholinergiques seuls.
Dans cette revue, sept petits essais ont été identifiés qui avaient comparé un anticholinergique à divers types de modalités de stimulation électrique telles que la stimulation électrique intravaginale, la stimulation nerveuse électrique transcutanée, la neuromodulation SANS (Stoller Afferent Nerve Stimulation System) et la stimulation percutanée du nerf tibial postérieur. Les taux d'amélioration subjective tendent à favoriser, dans trois petits essais, le groupe de stimulation électrique (pas d'amélioration chez 54 % avec l'anticholinergique versus 28/86, 33 % avec la stimulation électrique : risque relatif 0,64 ; intervalle de confiance à 95 % 1,15 à 2,34). Ce n'était cependant statistiquement significatif que pour un seul type de stimulation, la stimulation percutanée du nerf tibial postérieur (risque relatif 2,21 ; intervalle de confiance à 95% 1,13 à 4,33), et n'était pas étayé par des différences significatives au niveau de l'amélioration, de la fréquence urinaire, de l'urgence, de la nycturie, des épisodes d'incontinence ou de la qualité de vie.
Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés pour les anticholinergiques était la sècheresse buccale, même si cela n'entrainait pas nécessairement l'arrêt du traitement. Pour toutes les comparaisons, il y avait trop peu de données pour pouvoir comparer les symptômes ou les effets secondaires après la fin du traitement. Il est toutefois peu probable que les effets des anticholinergiques persistent après l'arrêt du traitement.