Les études montrent que la rééducation pluridisciplinaire (PD) est bénéfique chez les patients atteints de lésion cérébrale consécutive à un accident vasculaire cérébral (AVC). Certains programmes PD ciblent également des adultes en âge de travailler qui souffrent de lésions cérébrales consécutives à un traumatisme ou à d'autres causes. Ces patients sont plus jeunes que la plupart des personnes victimes d'un AVC et pourraient avoir des objectifs différents, notamment reprendre leur activité professionnelle ou s'occuper de leurs enfants. Les patients atteints de lésion cérébrale peuvent présenter tout un éventail de difficultés, y compris des problèmes liés aux fonctions physiques, à la communication, aux processus mentaux, au comportement ou aux émotions. Ces problèmes peuvent présenter une gravité légère à sévère. La rééducation PD cible un ou plusieurs de ces problèmes plutôt que de se concentrer sur un seul aspect, tel que la fonction physique (motrice).
Les auteurs de cette revue Cochrane ont examiné les preuves d'efficacité de la rééducation PD chez des adultes âgés de 16 à 65 ans atteints de lésion cérébrale acquise (LCA) quelle qu'en soit la cause. Ils ont recherché des essais contrôlés comparant un groupe de patients recevant un traitement (tel qu'une rééducation PD) à un groupe de même nature recevant un autre traitement. Ils ont identifié 16 études. Dans l'ensemble, ces études suggéraient que les patients atteints de lésion cérébrale modérée à sévère qui recevaient une rééducation plus intensive présentaient une amélioration plus rapide. Pour la lésion cérébrale légère, les informations et les conseils étaient généralement plus utiles que la rééducation intensive. Peu de preuves étaient disponibles concernant les autres aspects de la rééducation PD, et les auteurs de revue recommandent que des recherches supplémentaires soient effectuées. La rééducation de la lésion cérébrale étant un processus individualisé et de longue durée, il peut être difficile de tirer des conclusions générales sur la base des études de recherche.
Les problèmes observés après une LCA varient. Par conséquent, différentes interventions ou combinaisons d'interventions sont nécessaires pour répondre aux besoins des différents patients. Les patients se présentant à l'hôpital pour cause de lésion cérébrale aiguë modérée à sévère devraient faire l'objet d'un suivi systématique afin d'évaluer leurs besoins en matière de rééducation. L'intervention intensive semble entraîner des bénéfices plus rapides. L'équilibre entre l'intensité et le rapport coût-efficacité reste à déterminer. Les patients ayant terminé leur rééducation à l'hôpital devraient pouvoir accéder à des services ambulatoires ou de proximité adaptés à leurs besoins. Les patients atteints de lésion cérébrale plus légère devraient faire l'objet d'un suivi et recevoir des informations et des conseils appropriés. Les essais contrôlés randomisés ou d'autres approches expérimentales ne peuvent pas répondre à toutes les questions en matière de rééducation. Il s'agit notamment d'identifier les traitements les plus efficaces à long terme chez les différents patients, et les modèles de services présentant un rapport coût-efficacité élevé dans le contexte de soins à vie. À l'avenir, ces questions devront être examinées sur la base de preuves fondées sur la pratique issues d'études de cohorte à grande échelle, systématiques et longitudinales appliquées à la pratique clinique de routine.
Les preuves issues des revues systématiques montrent que la rééducation pluridisciplinaire est efficace chez une population de patients victimes d'un AVC et majoritairement constituée de personnes âgées. Néanmoins, la base factuelle n'est pas encore établie concernant l'efficacité de la rééducation après une lésion cérébrale acquise (LCA) chez des adultes plus jeunes, peut-être en raison des différentes problématiques méthodologiques.
Évaluer les effets de la rééducation pluridisciplinaire après une LCA chez des adultes âgés de 16 à 65 ans. Identifier les approches efficaces dans les différents environnements et examiner les critères de jugement affectés.
Nous avons consulté CENTRAL (Bibliothèque Cochrane 2008, numéro 2), MEDLINE (Ovid SP), EMBASE (Ovid SP), ISI Web of Science : Science Citation Index Expanded (SCI-EXPANDED), ISI Web of Science : Conference Proceedings Citation Index-Science (CPCI-S), et les registres d’essais cliniques en ligne ClinicalTrials.gov, Current Controlled Trials et RehabTrials.org. Nous avons également examiné les références bibliographiques des articles pertinents et contacté les auteurs des études afin d'identifier des essais publiés, non publiés et en cours. La dernière mise à jour de la recherche a été effectuée en avril 2008.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant une rééducation pluridisciplinaire à des services locaux standard ou à des interventions moins intensives ; ou les essais comparant des interventions mises en œuvre dans différents environnements ou présentant différents niveaux d'intensité. Les plans quasi-randomisés et quasi-expérimentaux ont également été inclus lorsqu'ils remplissaient les critères méthodologiques prédéfinis.
Deux auteurs ont sélectionné les essais et évalué leur qualité méthodologique de manière indépendante. Un troisième auteur de revue a joué le rôle d'arbitre lorsque les divergences n'ont pas pu être résolues par discussion. Nous avons effectué une synthèse des meilleures preuves en leur attribuant des niveaux de qualité méthodologique. Nous avons subdivisé les essais en fonction de la gravité de la lésion cérébrale, de l'environnement et du type de rééducation proposé.
Nous avons identifié 11 essais de bonne qualité méthodologique, et cinq de moins bonne qualité. Dans le sous-groupe principalement composé de patients présentant une lésion cérébrale légère, des preuves solides suggéraient que la plupart des patients présentaient un rétablissement satisfaisant lorsque des informations appropriées étaient fournies sans intervention spécifique supplémentaire. Pour les lésions modérées à sévères, il existait des preuves solides de bénéfices associés à l'intervention formelle. Pour les patients atteints de LCA modérée à sévère faisant déjà l'objet d'une rééducation, des preuves solides indiquaient que des programmes plus intensifs étaient associés à des bénéfices fonctionnels plus rapides, et des preuves de qualité moyenne indiquaient que la poursuite d'un traitement ambulatoire permettait de consolider les bénéfices associés à la rééducation précoce post-aiguë. Des preuves limitées indiquaient que la rééducation hospitalière spécialisée et la rééducation pluridisciplinaire spécialisée de proximité pourraient apporter des bénéfices supplémentaires, mais ces études mettent en évidence les obstacles pratiques et éthiques spécifiques à la randomisation d'individus gravement atteints, pour lesquels il n'existe aucune alternative réaliste à l'intervention spécialisée.