Il n'existe pas suffisamment de preuves de l'efficacité des corticoïdes dans le traitement des symptômes de la mononucléose infectieuse. Il existe un manque de recherches sur les effets secondaires et les complications à long terme.
La mononucléose infectieuse, également connue sous le nom de « maladie du baiser », est une affection lymphoproliférative bénigne. Il s'agit d'une infection virale causée par le virus d'Epstein-Barr (VEB), un herpesvirus ubiquiste qui est présent dans toutes les sociétés et toutes les cultures humaines. Des études épidémiologiques montrent que plus de 95 % des adultes dans le monde ont été infectés par le VEB. La plupart des cas symptomatiques de mononucléose infectieuse surviennent entre 15 et 24 ans. La maladie se transmet par contact proche avec un sujet excrétant le VEB, contact avec de la salive infectée ou, moins fréquemment, par contact sexuel, transfusion sanguine ou par le partage d'ustensiles ; quoi qu'il en soit, la transmission n'a effectivement lieu que dans moins de 10 % des cas. Aucune précaution n'est nécessaire afin de la prévenir, en raison du pourcentage élevé de personnes séropositives pour le VEB. La mononucléose infectieuse est en général spontanément résolutive et dure entre deux et trois semaines. Néanmoins, les symptômes peuvent durer plusieurs semaines et parfois plusieurs mois.
Les symptômes comprennent de la fièvre, une lymphadénopathie, une pharyngite, une hépatosplénomégalie et de la fatigue. Le traitement des symptômes et du repos sont généralement recommandés. Des corticoïdes sont utilisés pour leurs effets anti-inflammatoires, mais il n'existe pas de critères universels quant à leur utilisation.
Les objectifs de cette revue étaient de déterminer l'efficacité et l'innocuité de la corticothérapie par rapport à un placebo, aux soins habituels ou à différents traitements médicamenteux pour le traitement symptomatique de la mononucléose infectieuse.
Pour cette mise à jour de 2015, nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL 2015, numéro 7), qui inclut le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les infections respiratoires aiguës, dans MEDLINE (de janvier 1966 à août 2015) et dans EMBASE (de janvier 1974 à août 2015). Nous avons également consulté des registres d'essais cliniques, mais nous n'avons pas identifié de nouveaux essais terminés ou en cours pertinents. Nous avons combiné la recherche dans MEDLINE avec la stratégie de recherche Cochrane pour identifier des essais contrôlés randomisés (ECR). Nous avons adapté les termes de recherche pour la recherche dans EMBASE.
ECR comparant l'efficacité des corticoïdes à un placebo,aux soins habituels ou à d'autres interventions pour le traitement symptomatique d'une mononucléose infectieuse avérée.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par Cochrane.
Pour cette mise à jour de 2015, nous n'avons pas identifié de nouveaux ECR à inclure. La version précédente de la revue incluait sept essais portant sur un total de 362 participants. Quatre essais comparaient l'efficacité d'un corticoïde à un placebo pour le traitement symptomatique à court terme de la mononucléose infectieuse, un à l'aspirine, et deux essais étudiaient les effets des corticoïdes en association avec un médicament antiviral. L'hétérogénéité entre les essais empêchait une analyse combinée.
Les essais ne rapportaient pas suffisamment les éléments de conception méthodologique. Trois essais ne décrivaient pas correctement la génération de séquence de randomisation. Quatre essais donnaient des détails adéquats sur l'assignation secrète. Tous les essais ont été réalisés en double aveugle, mais quatre n'indiquaient pas précisément qui était concerné par la mise en aveugle. Le nombre de sujets perdus de vue était sous-rapporté dans quatre essais, ce ne permet pas d'exclure un biais d'attrition. Le risque de notification sélective dans les essais inclus était imprécis.
Dans l'ensemble des essais, aucun bénéfice n'a été observé dans 8 évaluations de l'amélioration de la santé sur 10. Deux essais ont montré un bénéfice de la corticothérapie par rapport au placebo pour la réduction des maux de gorge à 12 heures (rapport des cotes (RC) pour un traitement de huit jours 21,00, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 1,94 à 227,20 ; RC pour une dose 4,20, IC à 95 % de 1,08 à 16,32), mais le bénéfice ne se maintenait pas.
En association avec un médicament antiviral, les participants du groupe corticoïdes ressentaient moins de gêne pharyngée entre deux et quatre jours (RC 0,31, IC à 95 % de 0,09 à 1,08) par rapport à un placebo. Dans l'ensemble des essais, les effets sur les autres symptômes courants étaient moins évidents. Deux essais cherchant à évaluer l'innocuité n'ont relevé aucun effet indésirable majeur. En revanche, des effets indésirables ont été rapportés dans deux autres essais, notamment une détresse respiratoire aiguë et l'apparition d'un diabète, mais l'association de ces événements avec les corticoïdes n'est pas certaine.
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France