La dépendance aux opiacés, comme l'héroïne, la morphine et la codéine, est un problème grave dans nombre de nos sociétés. La réalisation du sevrage des opiacés est très difficile. La première étape du sevrage consiste à suivre une cure de désintoxication, ce qui peut provoquer un certain nombre de symptômes douloureux au fur et à mesure que la drogue se dissipe dans l'organisme. De nombreuses personnes optent pour un programme de désintoxication en milieu hospitalier au lieu d'essayer d'entreprendre seul un sevrage des opiacés. Dans un programme réalisé en milieu hospitalier, les médicaments comme la méthadone peuvent atténuer les symptômes du sevrage et les patients se trouvent dans un environnement sûr et favorable à la réussite de leur sevrage, qui interdit toute consommation d'opiacés. Cependant, ces programmes hospitaliers coûtent cher et peuvent perturber la vie des patients. De plus en plus de programmes ambulatoires sont disponibles et fournissent un traitement, ainsi qu'une assistance, tout en maintenant le toxicomane dans la communauté. En plus de ces programmes librement accessibles, il existe des centres d'accueil de jour et même des établissements d'hébergement dans lesquels le personnel n'est pas présent en permanence, contrairement aux programmes hospitaliers. Les auteurs de cette revue ont observé les recherches comparant les programmes hospitaliers et d'autres types de programmes de sevrage des opiacés afin de déterminer lequel est le plus efficace. Ils n'ont trouvé qu'une seule étude datant de 1975 et composée de 40 participants. Cette étude suggérait que le traitement hospitalier pouvait être plus efficace qu'un traitement ambulatoire à court terme, mais une rechute de l'ensemble des patients hospitalisés était constatée trois mois après la fin de la cure de désintoxication. Étant donné qu'ils n'ont trouvé qu'une seule étude ancienne qui n'incluait que très peu de patients, les auteurs de la revue Cochrane ne pouvaient pas conclure si le traitement en hôpital était plus efficace qu'un traitement ambulatoire ou réalisé dans un autre milieu. D'autres recherches sont nécessaires pour mesurer les effets bénéfiques et les coûts d'une cure de désintoxication en hôpital, surtout chez les toxicomanes les plus dépendants.
La présente revue montre qu'il n'existe aucune recherche pertinente permettant de guider les cliniciens concernant les résultats ou le rapport coût/efficacité des approches en hôpital ou ambulatoires appliquées à une cure de désintoxication des opiacés.
Il existe un éventail complexe de variables pouvant influencer le déroulement et la gravité subjective du sevrage des opiacés. Il existe de plus en plus de preuves concernant l'efficacité d'un ensemble de stratégies de désintoxication prises en charge médicalement, mais l'influence du milieu dans lequel se déroule le processus n'a fait l'objet d'aucune attention particulière.
Évaluer l'efficacité d'un programme hospitalier de désintoxication des opiacés par rapport à l'ensemble des autres programmes de désintoxication limités par le temps au niveau de l'achèvement de la désintoxication, de l'intensité et de la durée des symptômes de sevrage, mais aussi de la nature et de l'incidence des effets indésirables, du degré d'engagement dans un autre traitement suite à la désintoxication et des taux de rechute suite à la désintoxication.
Bases de données électroniques : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL - The Cochrane Library, numéro 2, 2008) ; MEDLINE (de janvier 1966 à mai 2008) ; EMBASE (de janvier 1988 à mai 2008) ; PsycInfo (de janvier 1967 à mai 2008) ; CINAHL (de janvier 1982 à mai 2008). Current Contents, Biological Abstracts, Science Citation Index et Social Sciences Index ont également fait l'objet de recherches.
Essais cliniques contrôlés randomisés comparant une cure de désintoxication des opiacés en hôpital (tout traitement médicamenteux ou psychosocial) à d'autres programmes de désintoxication limités dans le temps (notamment les établissements d'hébergement dans lesquels le personnel n'est pas présent en permanence, les centres d'accueil de jour dans lesquels le patient n'est présent qu'une partie de la journée et les programmes externes ou ambulatoires utilisant tout traitement médicamenteux ou psychosocial).
Deux relecteurs (ED et JI) ont indépendamment examiné tous les résumés et les articles pertinents ont été extraits et leur qualité méthodologique évaluée en utilisant les critères du manuel du relecteur Cochrane.
Une seule étude répondait aux critères d'inclusion. Elle n'indiquait pas explicitement le nombre de participants dans chaque groupe ayant terminé avec succès le processus de désintoxication, mais les données publiées nous ont permis de déduire que 7 patients sur 10 (70 %) du groupe de désintoxication en hôpital n'étaient plus dépendants aux opiacés à leur sortie d'hôpital par rapport à 11 patients sur 30 (37 %) du groupe de désintoxication ambulatoire. Il y avait des données très limitées concernant les autres résultats intéressants.