La maladie de Parkinson est une affection invalidante du cerveau qui se caractérise par un ralentissement des mouvements, des tremblements, une rigidité musculaire et, à des stades plus avancés, une perte d'équilibre. Nombre de ces symptômes sont dus à la perte de certains nerfs cérébraux entraînant la pénurie d'une substance chimique : la dopamine. Les traitements actuels de la maladie de Parkinson visent à augmenter le niveau de dopamine grâce à la lévodopa (Sinemet ou Madopar), qui est transformée en dopamine par le cerveau, ou des médicaments imitant la dopamine (agonistes de la dopamine). Malgré leur utilité, ces traitements ne ralentissent pas la progression de la maladie et peuvent être liés à des effets secondaires, par ex. : à terme, la lévodopa peut provoquer des mouvements involontaires (dyskinésie), des crampes douloureuses dans les jambes (dystonie) et une réponse réduite lors de l'administration de chaque dose (fluctuations motrices). Les inhibiteurs de la monoamine oxydase B (MAO-B), comme la sélégiline (Eldepryl ou Selgene), renforcent les niveaux de dopamine à l'aide d'un autre mécanisme qui peut réduire les risques d'apparition de ces complications et ralentir la progression de la maladie. Nous avons évalué 11 essais contrôlés regroupant 2 514 patients qui comparaient l'administration d'inhibiteurs de la MAO-B à l'absence de ce traitement chez des personnes présentant les premiers signes de la maladie de Parkinson afin de déterminer leur innocuité et leur efficacité. Les résultats révèlent que, malgré une amélioration des symptômes de la maladie de Parkinson et un retard de quelques mois des besoins en lévodopa, les inhibiteurs de la MAO-B sont trop faibles pour avoir un quelconque effet majeur et ne semblent pas retarder la progression de cette affection. Toutefois, ils peuvent réduire les fluctuations motrices, mais davantage d'informations sont requises pour en être certain. Malgré des effets secondaires, ces derniers sont généralement légers.
Les inhibiteurs de la MAO-B (plus particulièrement la sélégiline qui fournit la majorité des données) ne semblent pas retarder la progression de la maladie en termes d'amélioration de la survie, mais peuvent réduire ultérieurement les fluctuations motrices. À l'heure actuelle, nous ne pensons pas que ces médicaments puissent être recommandés dans le cadre d'un traitement systématique des premiers signes de la maladie de Parkinson.
Les inhibiteurs de la monoamine oxydase B (MAO-B) ralentissent la progression de la maladie de Parkinson (MP), mais les essais cliniques ont généré des résultats contradictoires.
Évaluer les preuves issues d'essais contrôlés randomisés concernant l'efficacité et l'innocuité de la prise prolongée d'inhibiteurs de la MAO-B dès les premiers signes de la MP.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données électroniques suivantes : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library, numéro 11, 2011), MEDLINE (dernière recherches du 8 novembre 2011) et EMBASE (dernières recherches du 8 novembre 2011) ; ainsi que des recherches manuelles dans des actes de conférence concernant les troubles neurologiques et moteurs. Nous avons également consulté les listes bibliographiques des études pertinentes et contacté d'autres chercheurs.
Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés non biaisés qui comparaient un inhibiteur de la MAO-B à un groupe témoin, avec ou sans lévodopa ou agonistes de la dopamine, chez des patients présentant les premiers signes de la MP dont le traitement et le suivi ont duré au moins un an.
Deux relecteurs ont sélectionné de façon indépendante les essais à inclure, évalué leur qualité méthodologique et extrait des données. Certaines données supplémentaires étaient fournies par les auteurs d'origine. Des modèles à effets aléatoires étaient utilisés pour analyser les résultats, le cas échéant.
Douze essais étaient inclus (2 514 patients, suivi moyen de six ans), dont 11 utilisaient la sélégiline. La qualité méthodologique était raisonnable, malgré une assignation secrète parfaitement adaptée dans seulement cinq essais. Les inhibiteurs de la MAO-B n'étaient pas associés à une augmentation significative des décès (rapport de cotes (RC) 1,12 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,90 à 1,41). Leurs effets bénéfiques étaient réduits en termes de troubles (différence moyenne pondérée (DMP) des changements du score de l'UPDRS moteur de 3,79 points de moins avec les inhibiteurs de la MAO-B ; IC à 95 % 2,27 à 5,30) et d'invalidité (DMP des changements du score de l'UPDRS des activités de la vie quotidienne de 1,49 points de moins ; IC à 95 % 0,49 à 2,49) au bout d'un an dans le groupe témoin et peuvent donc se révéler insuffisamment significatifs d'un point de vue clinique. Un effet de conservation de la lévodopa a été constaté avec les inhibiteurs de la MAO-B, qui était lié à une baisse significative des fluctuations motrices (RC 0,73 ; IC à 95 % 0,58 à 0,91), mais pas à la dyskinésie (RC 0,96 ; IC à 95 % 0,76 à 1,22). Toutefois, cette baisse des fluctuations motrices n'était pas solide dans les analyses de sensibilité. Une augmentation des arrêts prématurés était constatée en raison des événements indésirables liés aux inhibiteurs de la MAO-B (RC 1,72 ; IC à 95 % 0,98 à 3,01).