Objectif de la revue
Savoir s'il existe des traitements qui peuvent ralentir la progression de la myopie chez les enfants. La myopie est un trouble de la vision qui implique que les personnes peuvent voir clairement les objets proches, mais les objets plus éloignés apparaissent flous.
Message clé
Les gouttes oculaires, comme l'atropine, ralentissent probablement la progression de la myopie chez les enfants. Les enfants qui prennent ces gouttes oculaires peuvent avoir une vision de près floue, une sensibilité à la lumière, ainsi que des démangeaisons et une certaine gêne. Les lentilles multifocales, qu'il s'agisse de lunettes ou de lentilles de contact, pourraient également conférer un petit avantage.
Qu'avons-nous étudié dans cette revue ?
Pendant l'enfance et l'adolescence, les globes oculaires peuvent devenir trop longs et peuvent développer une myopie. Les traitements peuvent ralentir la croissance de l'œil, ralentissant ainsi la progression de la myopie.
Les chercheurs de Cochrane ont évalué le degré de certitude des données probantes pour chaque conclusion de la revue, en tenant compte de problèmes dans la réalisation des études, l'inclusion de très petites études et le manque d'uniformité des conclusions entre les études. Ils ont également cherché des facteurs qui peuvent rendre les données probantes plus certaines, y compris des effets très importants. Ils ont classé chaque résultat comme très faible, faible, modéré ou bon en matière de certitude.
Quels ont été les principaux résultats de cette revue ?
Les chercheurs de Cochrane ont trouvé 41 études sur des traitements pour ralentir la progression de la myopie. Ces études ont porté sur un total de 6 772 enfants. La revue a révélé que les traitements suivants pourraient ralentir la progression de la myopie, par rapport au port de lunettes ordinaires.
- Gouttes oculaires, en particulier les médicaments antimuscariniques tels que l'atropine, le gel de pirenzépine et le cyclopentolate (données probantes de certitude modérée).
- Lunettes multifocales (verres bifocaux ou verres progressifs d'addition) (données probantes de certitude modérée).
- Lentilles de contact bifocales souples (données probantes de faible certitude).
- Lentilles de contact d'orthokératologie (données probantes de certitude modérée).
- Combinaison de gouttes oculaires et de lunettes multifocales (données probantes de certitude modérée).
La revue a révélé que les traitements suivants pourraient avoir un effet faible, ou aucun effet, sur la progression de la myopie.
- Lentilles de contact souples à aberration sphérique (données probantes de faible certitude).
- Antagonistes de l'adénosine dans la circulation systémique (données probantes de certitude modérée).
Les enfants qui portent des lunettes trop faibles (sous-correction) pourraient avoir un risque accru de progression de la myopie par rapport aux enfants qui portent des lunettes bien ajustées (données probantes de faible certitude). On ne disposait que de très peu de données probantes sur les lentilles de contact rigides perméables au gaz.
Les gouttes oculaires antimuscariniques peuvent entraîner une vision floue de près, une sensibilité à la lumière, un certain inconfort et des démangeaisons, ainsi que des résidus de médicaments sur les paupières ou les cils. Certains enfants peuvent développer de petits nodules ou des bosses sous la paupière. Les lunettes et les lentilles de contact, si elles sont utilisées correctement, sont sûres et efficaces.
Cette revue est-elle à jour ?
Les chercheurs de Cochrane ont examiné les études publiées jusqu'en février 2018.
Les médicaments antimuscariniques topiques sont efficaces pour ralentir la progression de la myopie chez les enfants. Les lentilles multifocales, qu'il s'agisse de lunettes ou de lentilles de contact, pourraient également conférer un petit avantage. Les lentilles de contact d'orthokératologie, bien qu'elles ne soient pas destinées à modifier l'erreur de réfraction, ont été plus efficaces que les VSF pour ralentir l'allongement axial. Nous avons trouvé uniquement des données probantes de faible ou très faible certitude pour appuyer les LRPG et les LCS à aberration sphérique.
La myopie provoque une vision floue lorsque l'on regarde des objets éloignés. Les interventions visant à ralentir la progression de la myopie chez les enfants comprennent les lunettes multifocales, les lentilles de contact et les agents pharmaceutiques.
Évaluer les effets des interventions, y compris les lunettes, les lentilles de contact et les agents pharmaceutiques, sur le ralentissement de la progression de la myopie chez les enfants.
Nous avons fait des recherches dans CENTRAL ; Ovid MEDLINE ; Embase.com ; PubMed ; la base de données LILACS ; et deux registres d'essais jusqu'en février 2018. Une recherche complémentaire a été effectuée en février 2019.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR). Nous avons exclu les études dont la plupart des participants avaient plus de 18 ans au départ. Nous avons également exclu les études où les participants avaient une myopie avec un équivalent sphérique inférieur à -0,25 dioptrie (D).
Nous avons suivi les méthodes standard de Cochrane.
Nous avons inclus 41 études (6 772 participants). Vingt et une études ont fourni des données pour au moins une méta-analyse. Les interventions comprenaient des lunettes, des lentilles de contact, des agents pharmaceutiques et des traitements combinés. La plupart des études ont été menées en Asie ou aux États-Unis. À l'exception d'une étude, toutes les études ont porté sur des enfants de 18 ans ou plus jeune. De nombreuses études présentaient un risque élevé de biais de performance et d'attrition.
Verres de lunettes : la sous-correction de la myopie a légèrement augmenté la progression de la myopie dans deux études ; les enfants dont la vision était sous-corrigée ont progressé en moyenne de -0,15 D (intervalle de confiance [IC] à 95 % -0,29 à 0,00 ; n = 142 ; données probantes de faible certitude) en plus par rapport à ceux qui étaient entièrement corrigé par le port de verres simples foyers (ou unifocaux) (VSF). Dans une étude, la longueur axiale a augmenté de 0,05 mm (IC à 95 % -0,01 à 0,11) en plus dans le groupe sous-corrigé par rapport au groupe entièrement corrigé (n = 94 ; données probantes de faible certitude). Les verres multifocaux (lunettes bifocales ou verres progressifs d'addition) ont eu un faible effet sur le ralentissement de la progression de la myopie ; les enfants portant des verres multifocaux ont progressé en moyenne de 0,14 D (IC à 95 % : 0,08 à 0,21 ; n = 1 463 ; données probantes de certitude modérée) en moins par rapport aux enfants portant des VSF. Dans quatre études, l'allongement axial était moins important chez les porteurs de verres multifocaux que chez les porteurs de VSF (-0,06 mm, IC à 95 % : -0,09 à -0,04 ; n = 896 ; données probantes de certitude modérée). Trois études évaluant différents verres de lunettes à correction périphérique (ou périphérique plus) par rapport aux VSF, ont rapporté des résultats incohérents en ce qui concerne l'erreur de réfraction et la longueur axiale (n = 597 ; données probantes de faible certitude).
Lentilles cornéennes : il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre la vision des enfants qui portent des lentilles de contact souples bifocales (LCS) et celle des enfants qui portent des LCS unifocales (différence moyenne (DM) 0,20D, IC à 95 % -0,06 à 0,47 ; n = 300 ; données probantes de faible certitude). L'allongement axial était moins important pour les porteurs de LCS bifocales que pour les porteurs de LCS unifocales (DM -0,11 mm, IC à 95 % -0,14 à -0,08 ; n = 300 ; données probantes de faible certitude). Deux études portant sur les lentilles de contact rigides perméables au gaz (LRPG) ont montré des résultats incohérents quant à la progression de la myopie ; ces deux études n’ont également pas trouvé de différence dans l'allongement axial (DM 0,02 mm, IC à 95 % -0,05 à 0,10 ; n = 415 ; données probantes de très faible certitude). Les lentilles de contact d'orthokératologie ont été plus efficaces que les VSF pour ralentir l'allongement axial (DM -0,28 mm, IC à 95 % -0,38 à -0,19 ; n = 106 ; données probantes de certitude modérée). Deux études comparant des LCS à aberration sphérique à des LCS unifocales n'ont pas rapporté de différence dans la progression de la myopie ni dans la longueur axiale (n = 209 ; données probantes de faible certitude).
Agents pharmaceutiques : à un an, les enfants recevant des gouttes oculaires d’atropine (3 études ; n = 629), du gel de pirenzépine (2 études ; n = 326) ou des gouttes oculaires au cyclopentolate (1 étude ; n = 64) ont présenté une progression myopique significativement moins importante que les enfants recevant un placebo : DM 1,00 D (IC à 95 % 0,93 à 1,07), 0,31 D (IC à 95 % 0,17 à 0,44) et 0,34 (IC à 95 % 0,08 à 0,60), respectivement (données probantes de certitude modérée). Dans deux études, l'allongement axial était moins important chez les enfants traités par l'atropine (DM -0,35 mm, IC à 95 % -0,38 à -0,31 ; n = 502) et le pirenzépine (DM -0,13 mm, IC à 95 % -0,14 à -0,12 ; n = 326) que chez ceux traités par le placebo (données probantes de certitude modérée). Une autre étude a montré des résultats favorables pour trois doses différentes de gouttes oculaires d'atropine par rapport aux gouttes oculaires de tropicamide (DM 0,78 D, IC à 95 % 0,49 à 1,07 pour une atropine à 0,1 % ; DM 0,81 D, IC à 95 % 0,57 à 1,05 pour une atropine à 0,25 % ; et DM 1,01 D, IC à 95 % 0,74 à 1,28 pour une atropine à 0,5 % ; n = 196 ; données probantes de faible certitude) mais n'a pas rapporté la longueur axiale. Dans une étude, la 7-méthylxanthine, via la circulation systémique, a eu peu ou pas d'effet sur la progression myopique (DM 0,07 D, IC à 95 % -0,09 à 0,24) ni sur l'allongement axial (DM -0,03 mm, IC à 95 % -0,10 à 0,03) par rapport au placebo (n = 77 ; données probantes de certitude modérée). Une étude n'a pas constaté de ralentissement de la progression de la myopie en comparant les gouttes oculaires de timolol à l'absence de gouttes (DM -0,05 D, IC à 95 % -0,21 à 0,11 ; n = 95 ; données probantes de faible certitude).
Combinaisons d'interventions : deux études ont révélé que les enfants traités par l'atropine et des lunettes multifocales ont progressé de 0,78 D (IC à 95 % : 0,54 à 1,02) en moins par rapport aux enfants traités par un placebo et des VSF (n = 191 ; données probantes certitude modérée). Une étude a rapporté un allongement axial de -0,37 mm (IC à 95 % -0,47 à -0,27) pour l’atropine et les lunettes multifocales par rapport au placebo plus VSF (n = 127 ; données probantes de certitude modérée). Comparativement aux enfants traités par le cyclopentolate et les VSF, ceux qui ont reçu l'atropine plus des lunettes multifocales ont progressé de 0,36 D en moins (IC à 95 % : 0,11 à 0,61 ; n = 64 ; données probantes de certitude modérée). Dans une étude, les lunettes bifocales ont eu un effet faible ou négligeable par rapport aux VSF associés aux gouttes de timolol (DM 0,19 D, IC à 95 % 0,06 à 0,32 ; n = 97 ; données probantes de certitude modérée). Une étude comparant le tropicamide associé aux lunettes bifocales par rapport aux VSF n'a pas rapporté de différence statistiquement significative entre les groupes sans résultats quantitatifs.
Aucun événement indésirable grave n'a été signalé pour l'ensemble des interventions. Les participants recevant des médicaments topiques antimuscariniques étaient plus susceptibles d'éprouver des difficultés d'accommodation (rapport de risque [RR] de 9,05, IC à 95 % de 4,09 à 20,01) et des papilles et des follicules (RR de 3,22, IC à 95 % de 2,11 à 4,90) par rapport aux participants recevant un placebo (n = 387 ; données probantes de certitude modérée).
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