Question de la revue
Quels sont les avantages et les inconvénients des traitements pour les lésions nerveuses associées aux protéines anormales IgG et IgA dans le sang ?
Contexte
La neuropathie paraprotéinémique désigne les neuropathies associées à une paraprotéine (un anticorps, ou une immunoglobuline (Ig) anormale présente en excès relatif dans le sang). Les paraprotéines sont dues à certains troubles sanguins appelés gammapathies monoclonales. Si la paraprotéine est présente sans indication d'une maladie sous-jacente, l'affection est appelée gammapathie monoclonale de signification indéterminée (GMSI). Cette revue systématique examine les traitements pour la neuropathie associée aux, et possiblement due aux paraprotéines IgG et IgA. Son traitement optimal est inconnu. Les traitements qui agissent sur le système immunitaire, telles que l'échange de plasma, les corticoïdes ou les immunoglobulines intraveineuses, ont été examinés dans des études non randomisées portant sur des personnes atteintes de neuropathie paraprotéinémique IgG et IgA.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons identifié un seul essai contrôlé randomisé (ECR), qui comparait l'échange de plasma à un échange placebo, chez 18 participants atteints de neuropathie paraprotéinémique IgA ou IgG. Les résultats ont été rapportés après trois semaines de traitement.
Résultats principaux et qualité des preuves
L'essai inclus ne rendait pas compte de notre principale mesure de résultat, l'amélioration de l'incapacité mesurée par une échelle validée six mois après la randomisation, ni des autres critères d'évaluation spécifiés à six mois. Cet essai a mis en évidence un avantage modeste dans l'amélioration de la faiblesse et de l'incapacité globale mesurée par le Neuropathy Disability Score (NDS) sur une période de trois semaines. Aucune amélioration n'a été observée pendant cette période dans les mesures de perturbation sensorielle ou les examens électriques des nerfs. Les effets indésirables n’étaient pas indiqués. D'autres ECR sur ce traitement ainsi que sur d'autres portant sur un plus grand nombre de participants sont nécessaires.
Ceci est une mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2007. Nous n'avons trouvé aucun essai supplémentaire pour l'inclusion. Les preuves sont à jour à la date de janvier 2014.
Les éléments de preuve issus d'ECR sur le traitement de la neuropathie paraprotéinémique IgG ou IgA sont actuellement insuffisants. Davantage d'ECR sur des traitements sont nécessaires. Ceux-ci devraient avoir des périodes de suivi adéquates et porter sur un plus grand nombre de participants, peut-être grâce à la collaboration multicentrique, compte tenu de la rareté relative de cette pathologie. Les données issues d'essais d'observation ou ouverts apportent un soutien limité à l'utilisation de traitements tels que l'échange de plasma, le cyclophosphamide associé à la prednisolone, l'immunoglobuline intraveineuse et les corticoïdes. Ces interventions montrent une promesse thérapeutique potentielle mais les bénéfices potentiels doivent être pesés contre les effets néfastes. Leur utilisation optimale et les avantages à long terme doivent être étudiés et validés dans des ECR bien conçus.
La neuropathie paraprotéinémique désigne les neuropathies associées à une gammapathie monoclonale ou à une paraprotéine. La plus commune est une neuropathie symétrique chronique, principalement sensorielle, similaire à la polyradiculonévrite inflammatoire démyélinisante chronique (PIDC), mais avec une atteinte sensorielle relativement plus importante, à la fois en termes cliniques et neurophysiologiques. Le traitement optimal des neuropathies associées à une gammapathie monoclonale IgG ou IgA de signification indéterminée n'est pas connu. Ceci est la mise à jour d'une revue initialement publiée en 2007.
Évaluer les effets de tout traitement de la neuropathie périphérique paraprotéinémique IgG ou IgA.
Le 18 janvier 2014, nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuro-musculaires, CENTRAL, MEDLINE et EMBASE. Nous avons également vérifié des bibliographies à la recherche d'essais contrôlés de traitements pour la neuropathie périphérique paraprotéinémique IgG ou IgA. Nous avons recherché des études en cours dans les registres d'essais cliniques en novembre 2014.
Nous avons pris en compte pour l'inclusion les essais contrôlés randomisés (ECR) et les quasi-ECR sur tout traitement pour la neuropathie périphérique paraprotéinémique IgG ou IgA. Nous avons exclu les personnes avec des paraprotéines IgM. Nous avons exclu les personnes dont la gammapathie monoclonale était considérée comme secondaire à un trouble sous-jacent. Nous avons inclus les participants de tout âge dont le diagnostic était une gammapathie monoclonale de signification indéterminée avec une paraprotéine de classe IgG ou IgA et une neuropathie. Les participants inclus ne devaient pas satisfaire à des critères diagnostiques électrophysiologiques spécifiques.
Nous avons utilisé la méthodologie standard de Cochrane pour choisir les études, extraire les données et analyser les résultats. Un auteur d'essai a fourni des données complémentaires et des éclaircissements.
Nous avons identifié un ECR, portant sur 18 participants, qui remplissait les critères d'inclusion prédéfinis. Cet essai comparait l'échange de plasma à un échange placebo chez des participants atteints de neuropathie paraprotéinémique IgA ou IgG sur une période de suivi de trois semaines. Nous avons identifié quatre autres études, mais celles-ci n'étaient pas des ECR ou des quasi-ECR. L'ECR inclus ne rendait pas compte de notre principale mesure de résultat prédéfinie, changement dans l'incapacité six mois après la randomisation. L'essai a mis en évidence un avantage modeste de l'échange de plasma dans la composante concernant la faiblesse du Neuropathy Disability Score (NDS, à présent Neuropathy Impairment Score) ; l'amélioration moyenne observée avec l'échange de plasma était de 17 points (intervalle de confiance (IC) à 95 % de 5,2 à 28,8 points), contre 1 point (IC à 95 % de -7,7 à 9,7 points) dans le groupe d'échange placebo lors du suivi à trois semaines (différence moyenne (DM) 16,00 ; IC à 95 % de 1,37 à 30,63 ; preuves de faible qualité). Aucune différence statistiquement significative n'a été observée dans le score NDS global (DM 18,00 ; IC à 95 % de -2,03 à 38,03 ; preuves de faible qualité), les seuils de vibration ou les indices neurophysiologiques. Les effets indésirables n’étaient pas indiqués. L'essai était globalement à faible risque de biais, bien que les limites de taille et de la durée d'essai diminuent la qualité des preuves à l'appui de ses conclusions.
Traduction réalisée par Cochrane France