Les pilules contraceptives d'urgence peuvent prévenir une grossesse non désirée si elles sont prises peu de temps après des rapports sexuels non protégés. Or il peut être long et difficile d’obtenir une ordonnance pour un contraceptif d'urgence. Fournir à l’avance une contraception d'urgence pourrait garantir que les femmes aient celle-ci à portée de main en cas de besoin. Nous avons cherché les études comparant les femmes ayant reçu à l’avance des contraceptifs d'urgence à des femmes ayant obtenu ceux-ci de la manière habituelle. Nous avons examiné si ces groupes présentaient des taux de grossesse ou d'infections sexuellement transmissibles différents. Nous avons également étudié la fréquence et la rapidité avec lesquelles les deux groupes utilisaient la contraception d'urgence. Pour finir, nous avons cherché à déterminer si la fourniture anticipée d'une contraception d'urgence avait une influence sur les comportements sexuels. Les études montrent que les risques de grossesses étaient similaires, que les femmes aient eu ou non un contraceptif d'urgence à portée de main avant des rapports sexuels non protégés. Les femmes qui disposaient à l’avance d’une contraception d'urgence étaient plus susceptibles de rendre compte de l'utilisation du médicament et de l'utiliser plus tôt après les rapports sexuels. Le fait de disposer d’une contraception d'urgence n'a pas changé l'utilisation d'autres méthodes contraceptives ni les comportements sexuels.
La fourniture anticipée d'une contraception d'urgence n'a pas entraîné de baisse des taux de grossesse par rapport à la délivrance classique. Les résultats des principales analyses suggèrent que la délivrance anticipée n'a pas d'impact négatif sur les comportements et les résultats en matière de santé génésique et sexuelle. La contraception d'urgence étant associée à une réduction du risque de grossesse, les femmes devraient y avoir facilement accès. Cependant, les interventions analysées à ce jour n'ont pas permis de faire baisser le taux global de grossesses au sein des populations étudiées.
La contraception d'urgence peut prévenir une grossesse si elle est prise tout de suite après un rapport sexuel non protégé. Beaucoup de femmes ont cependant du mal à l’obtenir dans le délai recommandé. La remise anticipée de cette contraception pourrait permettre de contourner certains obstacles à son utilisation en temps utile.
Résumer les essais contrôlés randomisés évaluant la fourniture anticipée d'une contraception d'urgence afin d'en étudier les effets sur les taux de grossesse et d'infections sexuellement transmissibles, d'une part, et sur les comportements en matière de sexualité et de contraception, d'autre part.
Notre recherche a eu lieu en novembre 2009 et a porté sur CENTRAL, EMBASE, POPLINE, MEDLINE via PubMed et une base de données d'articles relatifs à la contraception d'urgence. Nous avons également effectué des recherches dans les listes bibliographiques et contacté des experts en vue d'identifier des essais supplémentaires, publiés ou non.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés qui comparaient la fourniture anticipée à la délivrance habituelle (à savoir les conseils avec ou sans information sur la contraception d'urgence, d'une part, ou la délivrance à la demande d'une contraception d'urgence dans une clinique ou une pharmacie, d'autre part).
Deux réviseurs ont extrait indépendamment les données et évalué la qualité des études. Nous avons saisi et analysé les données dans le logiciel RevMan 5.0.23.
Onze essais contrôlés randomisés portant sur 7 695 patientes aux États-Unis, en Chine, en Inde et en Suède remplissaient nos critères d'inclusion. La fourniture anticipée n'était pas associée à une baisse des taux de grossesse (rapport de cotes [RC] 0,98, intervalle de confiance [IC] à 95 % entre 0,76 et 1,25 dans les études pour lesquelles nous avons inclus des données de suivi sur douze mois ; RC 0,48, IC à 95 % entre 0,18 et 1,29 dans une étude avec un suivi sur sept mois ; RC 0,92, IC à 95 % entre 0,70 et 1,20 dans les études avec un suivi sur six mois ; RC 0,49, IC à 95 % entre 0,09 et 2,74 dans une étude avec un suivi sur trois mois), bien qu’une augmentation de l'utilisation (utilisation unique : RC 2,47, IC à 95% entre 1,80 et 3,40 ; utilisations multiples : RC 4,13, IC à 95 % entre 1,77 et 9,63]) et une utilisation plus rapide (différence moyenne pondérée [DMP] de -12,98 heures, IC à 95 % entre -16,66 et -9,31 heures) aient été rapportées. La délivrance anticipée n'a pas entraîné de hausse des taux d'infections sexuellement transmissibles (RC 1,01, IC à 95 % entre 0,75 et 1,37) ni de la fréquence des rapports sexuels non protégés, ni aucun changement de méthode contraceptive. Les femmes recevant à l’avance une contraception d'urgence étaient autant susceptibles que les autres d'utiliser des préservatifs.