Objectif de la revue
Nous avons examiné les éléments de preuve sur l'effet bénéfique de la supplémentation en oxygène dans le cadre du traitement chez les enfants atteints d'une infection aiguë des voies respiratoires inférieures (IVRI). Comme l'oxygène peut être fourni en utilisant différentes méthodes, nous avons examiné les modes d'administration de l'oxygène les plus couramment utilisés chez les enfants. À titre d'objectif secondaire, nous avons examiné les éléments de preuve concernant les signes ou les symptômes qui pourraient indiquer la nécessité d'une oxygénothérapie chez les enfants présentant une IVRI aiguë.
Contexte
L'IVRI aiguë est la première cause d'hospitalisation parmi toutes les infections respiratoires et l'une des principales causes de morbidité et de mortalité chez les enfants âgés de moins de cinq ans dans les pays à faible revenu. L'oxygénothérapie joue un rôle important dans le traitement des IVRI graves mais il faut déterminer son efficacité pour prévenir le développement d'une maladie plus grave chez les enfants. L'oxygène peut être fourni par des méthodes non invasives (lunettes nasales, canule nasale, sonde nasopharyngée, masque facial et cloche) et nous voulions découvrir l'efficacité de ces méthodes qui n'ont pas été suffisamment évaluées.
Caractéristiques des études
Pour notre objectif principal, nous avons pris en compte les études expérimentales évaluant l'utilisation de l'oxygène par rapport à l'absence d'oxygène et les études comparant des systèmes d'administration d'oxygène chez les enfants âgés de un à cinq ans atteints d'IVRI aiguë. Nous avons identifié une étude pilote (58 enfants) évaluant l'oxygénothérapie chez les enfants atteints de pneumonie et quatre études (479 participants) évaluant l'efficacité de différents systèmes non invasifs pour l'administration d'oxygène.
Pour notre objectif secondaire, nous avons inclus 14 études observationnelles menées pour déterminer les indicateurs cliniques de l'hypoxémie chez les enfants atteints IVRI aiguë.
Principaux résultats
Il semble que l'oxygénothérapie administrée tôt au cours de la pneumonie par le biais de lunettes nasales à un débit de 1 à 2 l/min n'empêche pas les enfants atteints de pneumonie sévère de développer une hypoxémie. Cependant, l'applicabilité de ces preuves est limitée, car elles proviennent d'un petit essai pilote. Les médecins s'occupant d'enfants doivent prendre la décision d'utiliser ou non de l'oxygène supplémentaire sur une base individuelle.
Les lunettes nasales et la sonde nasopharyngée sont d'efficacité similaire lorsqu'elles sont utilisées chez les enfants atteints d'IVRI aiguë. Les lunettes nasales sont associées à une moindre obstruction nasale. L'utilisation du masque facial et de la cloche à oxygène a été peu étudiée et ces dispositifs ne semblent pas supérieurs à la sonde nasopharyngée en termes d'efficacité ou de sécurité chez les enfants atteints d'IVRI aiguë.
Il n'existe aucun signe ou symptôme clinique unique permettant d'identifier précisément l'hypoxémie chez les enfants atteints d'IVRI aiguë. Toutefois, le résumé des résultats présentés ici peut aider les médecins à identifier les enfants atteints d'affections plus sévères.
Il est nécessaire de mener des études évaluant l'efficacité de l'oxygénothérapie chez des enfants présentant différents risques de base, ainsi que des études visant à identifier la méthode d'administration d'oxygène la plus efficace et sûre.
Nos preuves sont à jour jusqu'à octobre 2014.
Il semble que l'oxygénothérapie administrée tôt au cours de la pneumonie par le biais de lunettes nasales à un débit de 1 à 2 l/min n'empêche pas les enfants atteints de pneumonie sévère de développer une hypoxémie. Cependant, l'applicabilité de ces preuves est limitée, car elles proviennent d'un petit essai pilote.
Les lunettes nasales et la sonde nasopharyngée sont d'efficacité similaire chez l'enfant atteint d'IVRI. Les lunettes nasales sont associées à moins de problèmes d'obstruction nasale. L'utilisation du masque facial et de la cloche à oxygène a été peu étudiée et ces dispositifs ne sont pas supérieurs à la sonde nasopharyngée en termes d'efficacité ou de sécurité lorsqu'ils sont utilisés chez l'enfant atteint d'IVRI.
Il est nécessaire de mener des études évaluant l'efficacité de l'oxygénothérapie et des méthodes d'administration d'oxygène chez des enfants présentant différents risques de base.
Il n'existe aucun signe ou symptôme clinique unique permettant d'identifier précisément l'hypoxémie chez l'enfant atteint d'IVRI. Le résumé des résultats présentés ici peut cependant aider les cliniciens à identifier les enfants atteints d'affections plus sévères.
Cette revue est limitée par le petit nombre d'études évaluant l'oxygénothérapie et les modes d'administration d'oxygène dans le cadre du traitement des IVRI. Les preuves sont insuffisantes pour déterminer quelles méthodes d'administration non invasives devraient être utilisées chez l'enfant atteint d'IVRI présentant de faibles niveaux d'oxygène dans le sang.
Le traitement des infections des voies respiratoires inférieures (IVRI) comprend l'administration d'oxygène complémentaire. L'efficacité de l'oxygénothérapie et de ses différents modes d'administration reste incertaine.
Déterminer l'efficacité et la sécurité de l'oxygénothérapie et des méthodes d'administration d'oxygène dans le traitement des IVRI et définir les indications pour l'oxygénothérapie chez les enfants atteints d'IVRI.
Pour cette mise à jour, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, EMBASE et LILACS sur la période de mars 2008 à octobre 2014.
Essais contrôlés randomisés (ECR) ou non-ECR comparant l'oxygène à l'absence d'oxygénothérapie ou différentes méthodes d'administration d'oxygène chez les enfants atteints d'IVRI âgés de trois mois à 15 ans. Pour déterminer les indications pour l'oxygénothérapie, nous avons inclus les études observationnelles ou de précision diagnostique.
Trois auteurs de la revue ont examiné les résultats des recherches de manière indépendante afin d'identifier les études éligibles. Deux auteurs ont effectué indépendamment l'évaluation méthodologique et le troisième auteur a résolu les désaccords éventuels. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de confiance à 95 % pour les critères dichotomiques et pour les événements indésirables (EI). Nous avons effectué les méta-analyses au moyen d'un modèle à effets fixes pour l'estimation des effets regroupés chaque fois qu'il n'y avait pas d'hétérogénéité entre les ECR inclus. Nous avons résumé les résultats rapportés dans les études observationnelles incluses pour les indicateurs cliniques de l'hypoxémie.
Dans cette mise à jour de la revue, nous avons inclus quatre études (479 participants) évaluant l'efficacité des méthodes d'administration non invasives dans le traitement des IVRI chez l'enfant ainsi que 14 études observationnelles évaluant les signes cliniques indicateurs d'hypoxémie chez l'enfant atteint d'IVRI.
Trois ECR (399 participants) ont comparé l'efficacité de lunettes ou de canules nasales à la sonde nasopharyngée ; un essai non-ECR (80 participants) a comparé la cloche à oxygène, la sonde nasopharyngée, le masque facial et la canule nasale. La sonde nasopharyngée était utilisée comme témoin. L'échec du traitement était défini comme le nombre d'enfants n'atteignant pas une saturation artérielle en oxygène suffisante. Toutes les études incluses présentaient un risque élevé de biais en raison des méthodes de répartition et du manque d'évaluation des résultats en aveugle.
Pour la comparaison des lunettes nasales à la sonde nasopharyngée, l'estimation de l'effet commun des ECR a mis en évidence une tendance préoccupante à une absence de différence entre les groupes (deux ECR ; 239 participants ; RR 0,93 ; IC à 95 % de 0,36 à 2,38). Des résultats similaires ont été observés dans l'étude non-ECR (RR 1,0 ; IC à 95 % de 0,44 à 2,27). La qualité globale de ces preuves est très faible. Une différence a été observée entre les groupes de traitement dans l'obstruction nasale due à une production importante de mucus (trois ECR, 338 participants ; RR 0,20 ; IC à 95 % de 0,09 à 0,44 ; I 2 = 0 %). La qualité de ces preuves est faible.
Le risque d'échec dans l'obtention d'une oxygène artérielle > 60 mmHg était, de façon statistiquement significative, inférieur avec un masque facial par rapport à la sonde nasopharyngée (un essai non-ECR ; 80 participants ; rapport des cotes (RC) de 0,20 ; IC à 95 % de 0,05 à 0,88).
Par rapport à la sonde nasopharyngée, l'utilisation d'une cloche à oxygène a montré une tendance statistiquement non significative à la réduction du risque d'échec du traitement (un essai non-RCT ; RC 0,40 ; IC à 95 % de 0,13 à 1,12). La qualité de ces preuves est très faible.
Pour déterminer la présence de l'hypoxémie chez les enfants présentant une IVRI, nous avons évalué la sensibilité et la spécificité de neuf signes cliniques rapportés par les études observationnelles incluses et avons utilisé ces informations pour calculer les rapports de vraisemblance. Les résultats montrent qu'il n'existe aucun signe ou symptôme clinique unique permettant d'identifier précisément l'hypoxémie.
Traduction réalisée par Cochrane France