Les enfants admis en service d'urgences (SU) avec de la fièvre et des symptômes respiratoires représentent une charge importante pour le système médical et sont source de beaucoup d'anxiété et de dépenses pour les parents et les soignants. Les médecins demandent souvent des examens diagnostiques et ils sont susceptibles de prescrire des antibiotiques lorsqu'ils ne sont pas sûrs de la cause de la maladie et redoutent la possibilité d'une infection bactérienne grave. Dans la plupart des cas, cependant, la fièvre et les symptômes respiratoires sont causés par des virus. De plus, chez l'enfant, lorsqu'il a été établi qu'un virus est à l'origine de la maladie, le risque d'infection bactérienne grave est très faible.
Nous avons réalisé cette revue afin de déterminer si un test virologique rapide, effectué en SU, modifie la façon dont les médecins traitent ces enfants. Nous avons constaté, sur la base de quatre études portant au total sur 759 participants, que chez les enfants précédemment en bonne santé arrivant aux urgences avec de la fièvre et des symptômes respiratoires, un test virologique rapide réduit l'utilisation de la radiographie pulmonaire et qu'il y a une tendance à moins prescrire des antibiotiques et des analyses de sang et d'urine. La mesure du véritable impact de cette intervention sur les trois critères de jugement mentionnés (utilisation d'antibiotiques, analyses de sang et analyses d'urine) exige des essais aux effectifs plus importants.
Les données actuelles sont insuffisantes pour étayer l'usage en routine du dépistage virologique rapide comme moyen de réduire l'utilisation des antibiotiques en SU pédiatriques. Les résultats suggèrent que le dépistage virologique rapide serait bénéfique en termes de réduction des taux de prescription d'antibiotiques et d'analyses d'urine et de sang, mais de manière non statistiquement significative en raison du manque de puissance. Le dépistage virologique rapide ne réduit pas le taux de radiographies pulmonaires en SU. On a besoin d'un essai à grande échelle s'intéressant à l'effet sur l'usage des antibiotiques.
Les infections respiratoires aiguës (IRA) de l'enfant représentent un fardeau considérable pour les services d'urgence (SU) pédiatriques et les familles. La plupart de ces maladies sont dues à des virus. L'incertitude sur le diagnostic entraine cependant souvent la prescription d'examens (radiographies, analyses de sang et d'urine) destinés à écarter la possibilité d'une infection bactérienne, ainsi que d'antibiotiques. Il en résulte une prolongation du séjour en SU et un usage superflu d'antibiotiques. Il a été établi que le risque d'infection bactérienne concomitante est négligeable chez les enfants âgés de plus de trois mois atteints d'une infection virale confirmée. Un dépistage virologique rapide en SU pourrait atténuer le besoin d'examens de précaution et réduire l'utilisation d'antibiotiques.
Déterminer l'effet du dépistage virologique rapide en SU sur la fréquence des examens de précaution, l'utilisation d'antibiotiques et la durée du séjour en SU.
Nous avons effectué une recherche dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (The Cochrane Library 2011, numéro 4), EMBASE (de 1988 à décembre 2011), MEDLINE Ovid (de 1950 à la 4ème semaine de décembre 2011), MEDLINE In-Process & Other Non-Indexed Citations (8 décembre 2011), HealthStar (de 1966 à 2009), BIOSIS Previews (de 1969 à décembre 2011), CAB Abstracts (de 1973 à décembre 2011), CBCA Reference (de 1970 à 2007) et Proquest Dissertations and Theses (de 1861 à 2009).
Des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur le dépistage virologique rapide chez les enfants atteints d'IRA en SU.
À l'aide des critères d'inclusion, deux auteurs ont sélectionné des essais, évalué leur qualité et extrait les données. Les auteurs des essais nous on fourni des données manquantes. Nous avons exprimé les différences au niveau des taux d'examens d'investigation et d'utilisation d'antibiotiques sous la forme du risque relatif (RR), et les différences de temps de séjour en SU au moyen de la différence moyenne (DM), avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.
Nous avons inclus quatre essais (trois ECR et un essai contrôlé quasi-randomisé), avec au total 759 enfants dans le groupe de test virologique rapide et 829 dans le groupe témoin. Trois des quatre études étaient comparables pour ce qui concerne le jeune âge des participants, la quatrième élevant l'âge d'inclusion de cinq ans. Toutes les études comptaient soit la fièvre soit les symptômes respiratoires dans leurs critères d'inclusion (deux exigeaient les deux à la fois, une demandait l'un ou l'autre et une ne requérait que la fièvre). Toutes les études étaient comparables en termes de critères d'exclusion, d'intervention et de types de résultat mesurés. Au niveau des risques de biais, une étude n'avait pas utilisé de générateur de séquence aléatoire, une étude n'avait rien dit sur l'exhaustivité des données de résultat et l'affectation secrète n'avait été intégrée dans la conception que d'une seule des quatre études incluses. Aucune des études n'avait réellement masqué les participants.
Le dépistage virologique rapide n'avait pas significativement réduit l'utilisation d'antibiotiques en SU, ni cliniquement ni statistiquement. Nous avons observé de plus faibles taux de radiographie thoracique (RR = 0,77 ; IC à 95 % 0,65 à 0,91) dans le groupe de dépistage virologique rapide, mais aucun effet sur la durée du séjour en SU ou sur les analyses de sang ou d'urine en SU. Aucune étude n'avait fait mention d'effets indésirables liés aux tests virologiques.