Pourquoi cette revue était-elle importante ?
Les événements traumatisants peuvent avoir un impact important sur la capacité des individus, des familles et des communautés à faire face à une situation. Par le passé, des interventions à séance unique, telles qu'un débriefing psychologique, étaient largement utilisées dans le but de prévenir l’apparition de difficultés psychologiques chroniques. Toutefois, des revues antérieures ont révélé que les interventions individuelles à séance unique n'ont pas permis de prévenir efficacement la survenue du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Une gamme d'autres formes d'intervention ont été mises au point pour tenter d'empêcher les personnes exposées à un traumatisme de développer un SSPT.
Qui cette revue intéressera-t-elle ?
- Les personnes exposées à des événements traumatisants et leurs proches.
- Les professionnels s’occupant de la santé mentale.
- Les médecins généralistes.
- Les décisionnaires.
A quelles questions cette revue a-t-elle cherché à répondre ?
Les interventions psychologiques précoces à séances multiples (c.-à-d. les interventions comprenant deux séances ou plus commençant dans les trois premiers mois suivant l'événement traumatique) sont-elles plus efficaces que le traitement habituel ou une autre intervention psychologique pour :
- réduire le nombre de personnes chez qui un SSPT a été diagnostiqué ;
- réduire la gravité des symptômes du SSPT ;
- réduire la gravité des symptômes dépressifs ;
- réduire la gravité des symptômes d'anxiété ;
- améliorer le fonctionnement général (à la fois social, psychologique, professionnel et fonctionnel) des bénéficiaires de l'intervention.
Quelles études ont été inclues dans la revue ?
Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (études cliniques dans lesquelles les personnes sont réparties au hasard dans l'un de deux groupes ou plus de traitement) ayant examiné des interventions psychologiques précoces à séances multiples dans la prévention du SSPT, publiées entre 1970 et mars 2018.
Nous avons inclus 27 études avec 3963 participants.
Que nous ont appris les données probantes de cette revue ?
- Nous avons trouvé des preuves de faible certitude que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient être plus efficaces que le traitement habituel dans la prévention du diagnostic de SSPT trois à six mois après avoir reçu l'intervention.
- Nous avons trouvé des preuves de très faible certitude que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient n’être ni plus ni moins efficaces que le traitement habituel dans la prévention du SSPT, que ce soit immédiatement après ou entre sept et douze mois après l'intervention. Nous avons également trouvé des preuves de très faible certitude que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient n’être ni plus ni moins efficaces que le traitement habituel pour réduire la gravité des symptômes du SSPT, que ce soit immédiatement ou aux étapes ultérieures du suivi.
- Nous avons trouvé des preuves de faible certitude que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient être associées à un taux de d’abandon plus élevé que les autres interventions psychologiques.
- Nous avons trouvé des preuves de faible certitude que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient n’être ni plus ni moins efficaces que les autres interventions psychologiques dans le diagnostic du SSPT, la réduction de la gravité du SSPT, de la dépression et de l'anxiété ou dans le maintien du fonctionnement général des participants recevant l'intervention.
- Nous n'avons trouvé aucune étude évaluant les effets indésirables.
- Nous n'avons trouvé aucune étude mesurant l'utilisation des ressources liées à la santé.
Que devrait-il se passer à la suite de cette revue ?
La base de données probantes actuelle est limitée. Toutefois, de nouvelles études sont en cours et les mises à jour futures de cette revue incorporeront les résultats de ces études.
Bien que la revue ait révélé certains effets bénéfiques des interventions psychologiques précoces à séances multiples dans la prévention du SSPT, la certitude de ces résultats était faible en raison du risque élevé de biais des essais inclus. La conséquence pratique évidente de cela est qu'à l'heure actuelle, il n'est pas possible de recommander des interventions à sessions multiples à toutes les personnes ayant été exposées à des événements traumatisants. Il existe un certain nombre d'études en cours, démontrant bien qu'il s'agit d'un domaine de recherche en rapide évolution. Les prochaines mises à jour de cette revue intégreront les résultats de ces nouvelles études.
La prévention de la détresse psychologique de longue durée après un événement traumatique a une importance majeure. Des revues systématiques ont suggéré que le debriefing psychologique individuel n'est pas une intervention efficace pour prévenir le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Au cours des 20 dernières années, d'autres formes d'intervention ont été développées dans le but de prévenir le SSPT.
Examiner l'efficacité des interventions psychologiques visant à prévenir le SSPT chez les personnes exposées à un événement traumatique mais non identifiées comme ayant des difficultés psychologiques particulières, en comparaison avec les conditions de contrôle (par exemple, soins habituels, liste d'attente et aucun traitement) et autres interventions psychologiques.
Nous avons effectué une recherche dans le Registre central des essais contrôlés de Cochrane (en anglais : Cochrane Central Register of Controlled Trials, CENTRAL), MEDLINE, Embase, PsycINFO et la base de données PILOTS (Published International Literature On Traumatic Stress) publiée par ProQuest jusqu’au 3 mars 2018. Une recherche antérieure dans les bases de données CENTRAL et Ovid a été effectuée grâce au Registre des essais contrôlés sur les troubles mentaux communs de Cochrane (en anglais : Cochrane Common Mental Disorders Controlled Trial Register, CCG-CTR) (toutes les années jusqu'en mai 2016). Nous avons examiné manuellement des listes de références de guidelines, de revues systématiques et de rapports d'études inclus considérés comme pertinents. Les études identifiées ont été partagées avec des experts clés dans le domaine.
Nous avons effectué une recherche de mise à jour (15 mars 2019) et placé tous les nouveaux essais dans la section " en attente de classification ". Ceux-ci seront intégrés à la prochaine version de cette revue, si cela s’avère pertinent.
Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés de toute intervention ou traitement psychologique précoce à séances multiples (deux séances ou plus) visant à prévenir les symptômes du SSPT. Nous avons exclu les interventions psychologiques individuelles/en groupe à session unique. Les interventions de comparaison comprenaient une liste d'attente/soins habituels et un contrôle actif. Nous avons inclus des études portant sur des adultes ayant vécu un événement traumatique qui répondait au critère A1 du Manuel diagnostique et statistique (en anglais : Diagnostic and Statistical Manual, DSM-IV) pour le SSPT.
Nous avons entré les données dans le logiciel Review Manager 5. Nous avons analysé les critères de jugement catégoriels sous forme de risques relatifs (RR) et les critères de jugement continus sous forme de différences moyennes (DM) ou différences moyennes standardisées (DMS), avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avons regroupé les données au moyen d’une méta-analyse à effets fixes, sauf lorsque de l’hétérogénéité existait, auquel cas nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires. Deux auteurs ont évalué de façon indépendante les études inclues pour déterminer le risque de biais et tout conflit a été discuté avec un troisième auteur de la revue.
Il s'agit d'une mise à jour d'une revue antérieure.
Nous avons inclus 27 études avec 3963 participants. La méta-analyse comprenait 21 études portant sur 2 721 participants. Dix-sept études ont comparé l'intervention psychologique précoce à séances multiples au traitement habituel et quatre études ont comparé l'intervention psychologique précoce à séances multiples à un contrôle actif.
Des données de faible certitude indiquent que les interventions psychologiques précoces à séances multiples pourraient être plus efficaces que les soins habituels pour réduire le diagnostic de SSPT après trois à six mois de suivi (RR 0,62 ; IC à 95 % : 0,41 à 0,93 ; I2 = 34 % ; études = 5 ; participants = 758). Cependant, aucune différence statistiquement significative n'a été observée après le traitement (RR 1,06, IC à 95 % : 0,85 à 1,32 ; I2 = 0 % ; études = 5 ; participants = 556 ; preuve de très faible certitude) ou sept à douze mois après (RR 0,94, IC à 95 % : 0,20 à 4,49 ; études = 1 ; participants = 132 ; preuve de très faible certitude). La méta-analyse a indiqué qu'il n'y avait pas de différence statistique dans le nombre d’abandons par rapport aux soins habituels (RR 1,34, IC à 95 % : 0,91 à 1,95 ; I2 = 34 % ; études = 11 ; participants = 1154 ; données de faible certitude). Après la durée de suivi principale de trois à six mois, des données de faible certitude n’ont montré aucune différence statistique entre les groupes dans la réduction de la gravité du SSPT (DMS -0.10, IC à 95 % -0,22 à 0,02 ; I2 = 34 % ; études = 15 ; participants = 1921), de la dépression (DMS -0,04, IC à 95 % -0,19 à 0,10 ; I2= 6 % ; études = 7 ; participants = 1009) ou des symptômes anxieux (DMS -0,05 ; IC à 95 % -0,19 à 0,10 ; I2= 2 % ; études = 6 ; participants = 945).
Aucune étude comparant une intervention et un contrôle actif n'a rapporté de résultats sur le critère du diagnostic de SSPT. Des données de faible certitude ont montré que les interventions pourraient être associées à un taux d'abandon plus élevé que dans le groupe de contrôle actif (RR 1,61, IC à 95 %, 1,11 à 2,34 ; études = 2 ; participants = 425). Après trois à six mois, des données probantes de faible certitude n'indiquaient aucune différence statistique entre les interventions quant à la gravité des symptômes du SSPT (DMS -0,02, IC à 95 % -0,31 à 0,26 ; I2 = 43 % ; études = 4 ; participants = 465), de la dépression (DMS 0.04, IC à 95 % -0,16 à 0,23 ; I2 = 0 % ; études = 2 ; participants = 409), de l’anxiété (DMS 0,00, IC à 95 % -0,19 à 0,19 ; I2 = 0 % ; études = 2 ; participants = 414) ou la qualité de vie (DM -0,03, IC à 95 % -0,06 à 0,00 ; études = 1 ; participants = 239).
Aucune des études inclues n'a fait état des effets indésirables ou de l'utilisation de ressources liées à la santé.
Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr