L'anémie, qui se produit lorsque les taux de globules rouges et d'hémoglobine tombent sous la normale, est un problème courant chez les adultes atteints d'insuffisance rénale chronique (IRC). L'anémie peut provoquer des difficultés respiratoires, des étourdissements et des douleurs thoraciques (angine de poitrine) ; réduire la capacité de penser clairement ; limiter la capacité d'exercice ; et contribuer à des problèmes sexuels, à un manque d'appétit et à une qualité de vie réduite. L'anémie peut aussi entraîner des séjours plus longs à l'hôpital, et parfois la mort.
Il existe plusieurs approches pour corriger l'anémie chez les personnes souffrant d'IRC, notamment des médicaments stimulant la production de globules rouges dans le sang, la dialyse pour éliminer les déchets et l'excès d'eau du sang, les transfusions sanguines, la gestion de l'alimentation, et les supplémentations en fer et en folates.
D'autres médicaments, tels que les androgènes - qui sont des hormones stéroïdes mâles - peuvent être donnés dans certains contextes pour aider à réduire les effets indésirables des traitements. Un autre avantage possible des androgènes pour les personnes ayant une IRC, en particulier dans les pays où les ressources de santé sont limitées, est que ces médicaments ont des coûts inférieurs à ceux d'autres traitements.
Nous avons évalué huit petites études qui ont présenté des données sur 181 adultes atteints d'une anémie liée à une IRC et ayant étudié l'utilisation du traitement androgénique. Les limitations et les insuffisances des preuves nous ont conduit à conclure que le traitement androgénique des adultes présentant une anémie liée à une IRC n'était pas associé à des avantages substantiels.
Nous n'avons pas trouvé de preuves suffisantes pour confirmer que l'utilisation d'androgènes pour les adultes ayant une anémie liée à une IRC soit bénéfique.
Une anémie survient lorsque le sang contient moins de globules rouges et un taux inférieur d'hémoglobine que normalement, et c'est une complication courante chez les adultes atteints d'insuffisance rénale chronique (IRC). Bien qu'un certain nombre d'approches soient appliquées pour corriger l'anémie chez les adultes atteints d'IRC, l'utilisation du traitement androgénique est controversée.
Le but de cette revue consistait à déterminer les bénéfices et inconvénients des androgènes pour le traitement de l'anémie chez les patients adultes atteints d'IRC.
Nous avons examiné CENTRAL, le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la néphrologie, la Chinese Biomedicine Database (CBM), CNKI, VIP et des références bibliographiques d'articles sans restriction de langue. La recherche la plus récente a été réalisée en août 2014.
Tous les essais contrôlés randomisés (ECR) qui ont évalué l'utilisation d'androgènes pour traiter l'anémie de l'IRC chez les adultes étaient éligibles à l'inclusion.
Deux auteurs ont extrait indépendamment les données et évalué les risques de biais des études incluses. Les méta-analyses ont été effectuées en utilisant le risque relatif (RR) pour les résultats dichotomiques et la différence moyenne (DM) pour les résultats continus, avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.
Nous avons inclus huit études qui ont consigné des données de 181 participants. La qualité des études a été évaluée comme modérée dans six études, une était de faible qualité, et une de qualité élevée. Le petit nombre d'études incluses, et le faible nombre de participants ont influencé globalement de manière négative la qualité des preuves.
Nous avons trouvé des preuves limitées (une étude, 24 participants) montrant que l'oxymetholone pouvait augmenter l'hémoglobine (Hb) (DM 1,90 g/dl, IC à 95 % de 1,66 à 2,14), l'hématocrite (HCT) (DM 27,10 %, IC à 95 % de 26,49 à 27,71), modifier l'albumine (DM 4,91 g/l, IC à 95 % de 3,69 à 6,13), l'alanine aminotransférase (ALAT) (DM 54,50 U/l, IC à 95 % de 43,94 à 65,06), et l'aspartate aminotransférase (ASAT) (DM 47,33 U/l, IC à 95 % de 37,69 à 56,97) ; et diminuer les lipoprotéines de haute densité (HDL) (DM -15,66 mg/dl, IC à 95 % de -24,84 à -6,48). Nous avons également constaté que, comparativement à l'érythropoïétine seule, le décanoate de nandrolone associé à l'érythropoïétine pouvait augmenter l'hématocrite (trois études, 73 participants : DM 2,54 %, IC à 95 % de 0,96 à 4,12). Par rapport à l'érythropoïétine (une étude, 27 participants), des preuves limitées donneraient à penser que le décanoate de nandrolone pourrait augmenter les protéines sériques totales (DM 0,40 g/l, IC à 95 % de 0,13 à 0,67), l'albumine (DM 0,20 g/l, IC à 95 % de 0,01 à 0,39), et la transferrine (DM 45,00 mg/dl, IC à 95 % de 12,61 à 77,39). Par rapport à l'absence de traitement (rein restant), on a trouvé des preuves faisant suggérer que le décanoate de nandrolone pourrait augmenter l'Hb (deux études, 33 participants : DM 1,04 g/dl, IC à 95 % de 0,66 à 1,41) et l'HCT (une étude, 24 participants : DM 3,70 %, IC à 95 % de 0,68 à 6,72). Par rapport à l'absence de traitement (anéphrique), on a trouvé des preuves (1 étude, cinq participants) faisant suggérer que le décanoate de nandrolone pouvait augmenter l'Hb (DM 1,30 g/dl, IC à 95 % de 0,57 à 2,03), mais le décanoate de nandrolone n'a pas augmenté l'HCT (DM 2,00 %, IC à 95 % de -0,85 à 4,85).
D'autre part, nous n'avons pas trouvé que l'oxymétholone réduisait l'azote uréique sanguin, la créatinine sérique, le cholestérol ou les triglycérides, ni n'augmentait les protéines plasmatiques totales, la préalbumine ou la transferrine. Nous n'avons trouvé aucune preuve indiquant que le décanoate de nandrolone ait augmenté la préalbumine ou diminué l'azote uréique sanguin, la créatinine sérique, l'ASAT, l'ALAT, le cholestérol, les triglycérides, les HDL ou les lipoprotéines de basse densité (LDL). Les événements indésirables associés au traitement par androgène ont été peu fréquemment rapportés.
Traduction réalisée par Cochrane France