Oxygénothérapie (hyperbare) à haute pression pour le traitement de la paralysie de Bell

La paralysie de Bell est une faiblesse touchant un côté du visage qui est diagnostiquée après avoir exclu d'autres causes de faiblesse faciale. On parle alors de « diagnostic d'exclusion ». Un virus touchant le nerf facial peut être à l'origine de cette paralysie. Un traitement standard inclut la prise de stéroïdes afin d'atténuer l'inflammation du nerf facial, alors qu'un traitement antiviral semble être inefficace. Dans une oxygénothérapie hyperbare, la personne soumise à ce traitement respire de l'oxygène pur dans une chambre pressurisée pendant environ une heure (aussi appelé « plongée »), ce qui génère une augmentation de la quantité d'oxygène dissous au niveau du nerf facial et réduit les lésions du nerf facial dans des cas de paralysie de Bell. Nous avons cherché des preuves dans des essais contrôlés randomisés concernant l'oxygénothérapie hyperbare pratiquée chez des adultes atteints d'un cas grave de paralysie de Bell. Nous n'avons trouvé aucun essai répondant aux critères d'inclusion de cette revue. Nous avons trouvé des preuves de qualité médiocre dans un essai suggérant que l'oxygénothérapie hyperbare pourrait avoir des effets bénéfiques dans le cas d'une paralysie de Bell modérée à grave. L'essai impliquait 79 participants et comparait une oxygénothérapie hyperbare à la prednisone, un corticostéroïde, qui est un traitement actif éprouvé. Les participants ne savaient pas quel traitement allait leur être administré. Ceux suivant un traitement à base d'oxygène hyperbarique guérissaient plus rapidement et retrouvaient des mouvements faciaux normaux dans la majorité des cas (95 % contre 76 %). Le traitement était bien toléré par tous les participants et ne présentait aucune complication majeure. La qualité des preuves de cet essai était très médiocre car les évaluateurs de la fonction faciale étaient informés du traitement administré à chaque participant, ce qui augmente les risques de biais. Par conséquent, il n'existe aucune preuve probante permettant de tirer des conclusions quant à l'efficacité de l'oxygénothérapie hyperbare pour le traitement de la paralysie de Bell.

Conclusions des auteurs: 

Des preuves de qualité très médiocre provenant d'un essai suggèrent que l'oxygénothérapie hyperbare peut être efficace pour le traitement d'un cas grave de la paralysie de Bell, mais cette étude était exclue car l'évaluateur de résultats n'était pas mis en aveugle à l'assignation du traitement. D'autres essais contrôlés randomisés devront être réalisés.

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Contexte: 

La paralysie de Bell est une faiblesse faciale idiopathique unilatérale aiguë qui évolue rapidement et atteint son paroxysme au bout de deux jours. Elle peut provoquer une gêne auditive modérée, une sensibilité au bruit et une sécheresse oculaire.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'oxygénothérapie hyperbare sur le recouvrement de la fonction faciale chez les adultes atteints d'un cas grave de paralysie de Bell.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuro-musculaires (janvier 2012), CENTRAL (2011, numéro 4), MEDLINE (de janvier 1966 à janvier 2012), EMBASE (de janvier 1980 à janvier 2012), CINAHL (de 1937 à janvier 2012), AMED (de 1985 à janvier 2012) et LILACS (de janvier 1982 à janvier 2012). Nous avons également effectué des recherches systématiques d'essais contrôlés pertinents dans les sources de littérature concernant l'oxygénothérapie hyperbare spécifique.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés réalisés chez des adultes (âgés de plus de 16 ans) soumis à une oxygénothérapie hyperbare pour le traitement d'une paralysie de Bell modérée à grave. Nous avons estimé que la qualité des études était suffisante pour les inclure dans cette revue uniquement lorsque l'évaluation du niveau de paralysie faciale était effectuée à l'aveugle. Nous avions prévu d'inclure des études sur l'oxygénothérapie hyperbare (OTH) utilisée comme traitement d'appoint ou en complément d'un traitement médical systématique (notamment un traitement à base de corticostéroïdes et/ou d'antiviraux). Les groupes de traitement et témoins devaient bénéficier du même traitement de base. L'OTH devait être administrée à des concentrations supérieures ou égales à 1,2 ATA dans une chambre à oxygène hyperbare par séries de plongées de 30 à 120 minutes.

Recueil et analyse des données: 

Deux relecteurs ont indépendamment évalué l'éligibilité, ainsi que la qualité méthodologique des essais, et ont extrait des données. Nous avons contacté les auteurs des études afin d'obtenir des informations complémentaires.

Résultats principaux: 

Nos recherches n'ont trouvé aucun essai contrôlé randomisé ou quasi-randomisé répondant aux critères d'éligibilité de cette revue.

Il existe des preuves de qualité très médiocre provenant d'un essai randomisé composé de 79 participants atteints d'une paralysie de Bell aiguë, mais cette étude a été exclue car l'évaluateur de résultats n'était pas mis en aveugle à l'assignation du traitement et ne répondait donc pas aux critères d'éligibilité prédéfinis. L'essai comparait 42 personnes bénéficiant d'une oxygénothérapie hyperbare (2,8 atmosphères pendant 60 minutes deux fois par jour, 5j/7 jusqu'à guérison de la paralysie faciale ; 30 « plongées » au maximum) et des comprimés de placebo administrés à 37 personnes bénéficiant d'une oxygénothérapie hyperbare avec un placebo (ne diffusant qu'une pression d'oxygène partiellement normale) et d'un traitement à base de prednisone (40 mg deux fois par jour, en diminuant la posologie sur huit jours). Davantage de patients ayant suivi une oxygénothérapie hyperbare retrouvaient leur fonction faciale par rapport à ceux ayant suivi un traitement à base de prednisone (oxygénothérapie hyperbare, 40/42 (95 %) ; prednisone, 28/37 (76 %) ; risque relatif 1,26, IC à 95 % 1,04 à 1,53). Il n'y avait aucune complication majeure signalée et toutes les personnes ont intégralement participé à l'essai.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.