Pour la plupart des patients qui nécessitent des soins intensifs, la réussite des décisions et des interventions cliniques dépend de l’exactitude des mesures de la pression artérielle et du pouls ou des échantillons prélevés à l'aide d'un cathéter artériel. Le maintien de la perméabilité de ces cathéters est donc essentiel pour minimiser à la fois l'inconfort du patient (caillots sanguins et diminution de la circulation sanguine vers un membre, infection et cicatrisation) et réduire les frais supplémentaires engendrés par le remplacement d’un cathéter obstrué. Ce résumé d'une revue Cochrane expose l’étendue des connaissances tirées des recherches existantes pour déterminer quelle est la solution (entre héparine et solution physiologique) la plus efficace pour maintenir la perméabilité des cathéters artériels chez les patients adultes. L'héparine est un traitement puissant en raison de sa capacité à empêcher la formation de caillots dans le cathéter, mais son utilisation n'est pas sans risque de saignement, de réaction allergique et de baisse du nombre de plaquettes. Les patients peuvent subir des effets indésirables graves lorsqu'ils reçoivent de l'héparine.
Sept études contrôlées randomisées ont satisfait aux critères d'inclusion et ont admis un total de 606 participants. En raison de variations dans la conception des études, nous n'avons pas été en mesure de regrouper leurs résultats. Les résultats des études individuelles qui comparaient des doses d’héparine allant de 1 à 2 UI/ml sous pression continue étaient imprécis et ne fournissent pas de données probantes démontrant une différence. La dose efficace d'héparine n'a pas encore été déterminée. Ces données probantes doivent être confirmées lors des prochains essais. Toutes les études présentaient un risque de biais méthodologique allant de modéré à élevé. La revue d’essais a donc révélé que d'autres recherches étaient nécessaires pour déterminer combien de temps exactement un cathéter artériel maintenu avec une solution physiologique peut rester en place et continuer de fonctionner (pour mesurer avec précision la pression artérielle et le pouls et pour fournir des échantillons de sang pouvant être utilisés pour surveiller l'oxygénation et d'autres variables).
Les données probantes existantes sont de faible qualité en raison du risque de biais et ne fournissent pas suffisamment d’éléments pour appuyer les effets de l'ajout d'héparine (1 à 2 UI/ml) à une solution d'entretien de solution physiologique à 0,9 % (pressurisée pour administrer 3 ml de solution de rinçage par heure) afin de maintenir la perméabilité et la fonctionnalité des cathéters artériels.
Pour la plupart des patients qui nécessitent des soins intensifs, la réussite des décisions et des interventions cliniques dépend de l'exactitude des différentes variables physiologiques mesurées ou obtenues à partir d'échantillons au moyen d'un cathéter artériel. Le maintien de la perméabilité de ces cathéters est donc essentiel pour obtenir des mesures précises, minimiser l'inconfort du patient et réduire les frais engendrés par le remplacement d'un cathéter obstrué. Les cliniciens sont incertains quant aux meilleures pratiques relatives au contenu de la solution de rinçage du cathéter artériel (héparine ou solution saline). L'utilisation de l'héparine est plus coûteuse et s'accompagne de risques non négligeables tels que l'hémorragie, l'hypersensibilité et la thrombocytopénie induite par l'héparine (TIH).
L'objectif de cette revue est d'évaluer si le sérum physiologique est aussi efficace et sûr que l'héparine pour maintenir la perméabilité des cathéters intravasculaires artériels chez les patients adultes ne présentant pas de trouble hématologique.
Les essais cliniques randomisés (ECR) ont été identifiés par des recherches dans les bases de données électroniques : Registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) 2013, numéro 1, qui fait partie de la Cochrane Library ; Medline (Ovid, 1966 à mars 2013) ; Embase (Ovid, 1988 à mars 2013) et CINAHL (1988 à mars 2013), en utilisant des stratégies précises, selon les conseils du spécialiste de recherche du groupe Cochrane sur l’anesthésie. Quand cela était nécessaire, nous avons communiqué avec les auteurs des essais pour obtenir des renseignements supplémentaires.
Essais contrôlés randomisés et études quasi-randomisées, peu importe qu’ils aient été réalisés ou non en aveugle et quelle que soit la langue, qui comparaient l’utilisation d’une solution de rinçage pour cathéter artériel comprenant toute dose d'héparine à l’utilisation d’une perfusion contenant uniquement une solution physiologique.
Deux auteurs de revue ont procédé individuellement à un examen de la qualité méthodologique et ont extrait les données de toutes les études identifiées qui répondaient aux critères d'inclusion du protocole.
Sept études (comptabilisant un total de 606 participants) ont satisfait aux critères d'inclusion et ont mesuré le principal critère de jugement. Toutes les études présentaient un risque de biais allant d’incertain à élevé. Compte tenu du degré élevé d'hétérogénéité clinique et statistique des études incluses, aucune méta-analyse n'a été effectuée. Les résultats des études individuelles qui comparaient des doses d’héparine allant de 1 à 2 UI/ml sous pression continue étaient imprécis et ne fournissent pas de données probantes démontrant une différence. La différence observée avec une dose augmentée à 4 UI/ml d'héparine provenait d'une seule étude de 30 participants, et la qualité des données rapportées était faible. De même, la cohérence de l'analyse et du signalement des effets indésirables tels que l'hématome, l'infection du site d'insertion et l'ischémie des membres était faible. Afin de confirmer les tendances observées dans les résultats de recherche maintenant rapportés dans la littérature, il est nécessaire de mener d’autres recherches avec des mesures de critères de jugement principaux et secondaires bien définies, en utilisant un processus d'échantillonnage stratifié tenant compte des différentes doses d'héparine couramment utilisées dans la pratique clinique.
Post-édition : Juliette Poirier - Révision : Floria Cophignon (M2 ILTS, Université de Paris)