Le nombre de jeunes gens qui commettent des délits reste un sujet d'inquiétude dans de nombreux pays, en particulier si l'on considère le taux élevé de ceux qui récidivent par la suite. Une technique de plus en plus appréciée, utilisée avec les jeunes délinquants comme alternative aux procédures judiciaires normales, consiste à organiser une médiation pénale en justice réparatrice. Cette médiation pénale implique une confrontation entre le délinquant, la victime ou les victimes, les soutiens des deux parties et un coordinateur de réunion. La médiation pénale donne à tous les individus impliqués la possibilité de partager leur expérience et de décider ensemble de la meilleure manière de réparer les dommages causés par le délit. On considère que le fait d'offrir l'opportunité au délinquant de s'amender pour les torts qu'il a causés, associé au pardon de la victime, augmente la satisfaction de tous les individus concernés et réduit la probabilité de récidive. L'objectif de cette revue était de déterminer si les jeunes gens qui participent à une médiation pénale en justice réparatrice sont moins susceptibles de récidiver que ceux qui font l'objet de procédures judiciaires normales. Quatre essais contrôlés randomisés ont été inclus dans cette revue. Les résultats indiquent qu'il n'y avait aucune différence entre ceux qui participent aux médiations pénales en justice réparatrice et ceux qui font l'objet de procédures judiciaires normales en ce qui concerne le taux de récidive après l'intervention. De même, il n'y avait aucune différence entre ces deux groupes en ce qui concerne la possibilité qui leur était offerte d'apprécier l'estime de soi ou leur satisfaction vis-à-vis du processus. Il est possible que les résultats indiquent que les victimes qui participent à une médiation pénale en justice réparatrice sont davantage satisfaites que celles qui sont impliquées dans des procédures judiciaires. La qualité des études incluses était faible. Il est nécessaire d'effectuer d'autres recherches de grande qualité basées sur une conception dans laquelle les participants sont assignés de manière aléatoire à une intervention ou à un groupe témoin.
On manque actuellement de données de grande qualité concernant l'efficacité de la médiation pénale en justice réparatrice chez les jeunes délinquants. Il convient donc de faire preuve de prudence lors de l’interprétation des résultats de cette revue compte tenu du petit nombre d'études incluses, de la faible puissance et du risque élevé de biais consécutifs. Il est possible que les effets ressortent potentiellement plus chez les victimes que chez les délinquants. Le besoin de recherches supplémentaires dans ce domaine est ainsi mis en évidence.
La justice réparatrice est « un processus par lequel les parties intéressées par un délit spécifique parviennent ensemble à trouver une solution pour aborder et régler les conséquences du délit et ses répercussions futures » (Marshall 2003). Malgré le recours croissant à des programmes de justice réparatrice comme alternative aux procédures judiciaires, aucune revue systématique des preuves disponibles sur l'efficacité de ces programmes pour les jeunes délinquants n'a été entreprise. La récidive chez les jeunes délinquants est un problème particulièrement inquiétant, car de récentes études ont indiqué que la fréquence des récidives chez les jeunes délinquants allait de 40,2 % en 2000 à 37,8 % en 2007 (Ministry of Justice 2009).
Évaluer les effets des programmes de médiation pénale en justice réparatrice pour réduire la récidive chez les jeunes délinquants.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes jusqu'au mois de mai 2012 : CENTRAL, 2012 numéro 5, MEDLINE (de 1978 à aujourd'hui), Bibliography of Nordic Criminology (de 1999 à aujourd'hui), Index to Theses (de 1716 à aujourd'hui), PsycINFO (de 1887 à aujourd'hui), Social Sciences Citation Index (de 1970 à aujourd'hui), Sociological Abstracts (de 1952 à aujourd'hui), Social Care Online (de 1985 à aujourd'hui), Restorative Justice Online (de 1975 à aujourd'hui), Scopus (de 1823 à aujourd'hui), Science Direct (de 1823 à aujourd'hui), LILACS (de 1982 à aujourd'hui), ERIC (de 1966 à aujourd'hui), Restorative Justice Online (4 mai 2012), WorldCat (9 mai 2012), ClinicalTrials.gov (19 mai 2012) et ICTRP (19 mai 2012). Les ASSIA, National Criminal Justice Reference Service and Social Services Abstracts ont été consultés jusqu'au mois de mai 2011. Nous avons également effectué une recherche dans les bibliographies, les programmes de conférences et les revues pertinentes.
Les essais contrôlés randomisés (ECR) ou quasi-randomisés portant sur la médiation pénale en justice réparatrice contre la prise en charge habituelle, chez les jeunes délinquants.
Deux auteurs ont, de manière indépendante, évalué les risques de biais des essais inclus et extrait les données. Lorsque cela était nécessaire, nous avons contacté les chercheurs d'origine afin d’obtenir des informations manquantes.
Quatre essais, totalisant 1 447 jeunes délinquants, ont été inclus dans la revue. Les résultats n'ont pas établi d'effet significatif de la médiation pénale en justice réparatrice par rapport aux procédures judiciaires normales dans aucune des principales analyses, incluant le nombre de nouvelles arrestations (rapport des cotes (RC) 1,00, intervalle de confiance (IC) 95 % 0,59 à 1,71 ; P = 0,99), le taux mensuel de récidive (différence moyenne standardisée (DMS) -0,06, IC à 95 % -0,28 à 0,16 ; P = 0,61), les remords des jeunes gens à l'issue de la médiation pénale (RC 1,73, IC à 95 % 0,97 à 3,10 ; P = 0,06), la reconnaissance par les jeunes gens de leurs délits à l'issue de la médiation pénale (RC 1,97, IC à 95 % 0,81 à 4,80 ; P = 0,14), la perception de soi des jeunes gens à l'issue de la médiation pénale (RC 0,95, IC à 95 % 0,55 à 1,63 ; P = 0,85), la satisfaction des jeunes gens à l'issue de la médiation pénale (RC 0,42, IC à 95 % 0,04 à 4,07 ; P = 0,45) et la satisfaction de la victime à l'issue de la médiation pénale (RC 4,05, IC à 95 % 0,56 à 29,04 ; P = 0,16). Un petit nombre d'analyses de sensibilité a néanmoins indiqué des effets significatifs, même s'ils doivent tous être interprétés avec prudence.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Pour la France : Ministère de la Santé. Pour le Canada : Instituts de recherche en santé du Canada, ministère de la Santé du Québec, Fonds de recherche de Québec-Santé et Institut national d'excellence en santé et en services sociaux.