Les médicaments antirétroviraux peuvent prévenir la transmission du VIH d'un partenaire sexuel infecté à un partenaire non infecté, par suppression de la réplication virale. Nous avons trouvé un essai contrôlé randomisé et neuf études observationnelles étudiant cette question. Globalement, nous avons constaté que dans les couples où le partenaire infecté était traité avec des médicaments antirétroviraux les partenaires non infectés avaient, dans le pire des cas, un risque plus de 40% inférieur d'être infectés que dans les couples où le partenaire infecté ne recevait pas de traitement. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommandant déjà un traitement antirétroviral pour toute personne avec ≤ 350 cellules CD4/µL, nous avons également examiné des études qui s'étaient intéressées à des partenaires ayant une numération lymphocytaire CD4 supérieure à ce niveau. Nous avons constaté qu'il existe des preuves solides que dans ce groupe les partenaires non infectés étaient moins susceptibles de se voir transmettre le VIH par des partenaires infectés traités que par des partenaires infectés non traités.
Le TAR est une intervention ayant un effet important dans la prévention du VIH dans les couples sérodiscordants où le partenaire index a ≤ 550 cellules CD4/µL. Une récente étude multicentrique contrôlée et randomisée confirme le bénéfice présumé, déjà constaté dans des études observationnelles antérieures et signalé dans des études plus récentes. Des questions demeurent concernant la durabilité de la protection, l'équilibre entre bénéfices et événements indésirables associés à une thérapie plus précoce, l'observance prolongée du traitement et la transmission aux partenaires de souches résistantes au TAR. Les questions de ressources et de difficultés de mise en œuvre doivent également être abordées.
Les conseils, le soutien et le suivi, ainsi que la divulgation mutuelle, peuvent encourager à l'observance du traitement ; la conception des programmes doit donc prendre en compte ces éléments. En plus de la fourniture du TAR, les aspects opérationnels de la mise en œuvre de tels programmes doivent être pris en compte.
Il a été montré que les traitements antirétroviraux réduisent le risque de transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) de la mère à l'enfant ; ils sont aussi largement utilisés pour la prophylaxie post-exposition parentérale et sexuelle. La transmission sexuelle peut être plus faible chez les couples dont l'un des partenaires est infecté par le VIH et l'autre pas, lorsque le partenaire infecté est sous traitement antirétroviral (TAR).
Déterminer si l'utilisation de TAR par le membre infecté par le VIH d'un couple sérodiscordant est associée à un plus faible risque de transmission du VIH au partenaire non infecté, par rapport aux couples sérodiscordants non traités.
Nous avons utilisé les méthodes Cochrane standard pour rechercher dans les bases de données électroniques et les résumés de conférences avec des termes de recherche appropriés, sans limites de langue.
Des essais contrôlés randomisés, des études de cohorte et des études cas-témoins portant sur des couples sérodiscordants dans lesquels le partenaire porteur du VIH était traité ou non traité par TAR
Les résumés de tous les essais identifiés par recherche électronique ou bibliographique ont été examinés de manière indépendante par deux auteurs. Nous avons d'abord identifié 3833 références et avons examiné en détail l'éligibilité de 87 études. Les données ont été extraites indépendamment au moyen d'une fiche d'extraction standardisé.
Un essai contrôlé randomisé et neuf études observationnelles ont été inclus dans la revue. Ces dix études ont identifié 2112 cas de transmission du VIH, 1016 au sein de couples traités et 392 au sein de couples non traités. Le rapport des taux (rate ratio) pour le seul essai randomisé était de 0,04 [IC 95% 0,00 à 0,27]. Dans cette étude, tous les partenaires index avaient au départ une numération lymphocytaire CD4 de 350 à 550 cellules/µL. De même, le rapport des taux (rate ratio) global pour les neuf études observationnelles était de 0,58 [IC 95% 0,35 à 0,96], avec une hétérogénéité substantielle (I2 = 64%). Après exclusion de deux études ayant des données en termes personnes-temps inadéquates, nous avons estimé un rapport des taux (rate ratio) global de 0,36 [IC 95% 0,17 à 0,75] avec une hétérogénéité substantielle (I2=62%). Nous avons également effectué des analyses par sous-groupes parmi les études observationnelles pour voir si l'effet du TAR sur la prévention du VIH était fonction de la numération lymphocytaire CD4 du partenaire index. Parmi les couples dont le partenaire infecté avait ≥ 350 cellules CD4/µL, nous avons estimé un rapport des taux (rate ratio) de 0,12 [IC 95% 0,01 à 1,99]. Dans ce sous-groupe, 247 transmissions se sont produites dans les couples non traités et 30 dans les couples traités.