L’œstrogène et la progestérone sont des hormones ayant un rôle physiologique dans le maintien de la grossesse. Il a été suggéré qu’une supplémentation de ces hormones pourrait permettre de prévenir une fausse couche avant 24 semaines de grossesse, en particulier chez les femmes présentant des faibles niveaux d'hormones, lors des programmes de technologies de procréation médicalement assistée, ou ayant des antécédents de fausses couches à répétition. Dans notre revue d'essais contrôlés randomisés publiés dans les principales bases de données scientifiques, nous avons identifié deux essais qui répondaient à nos critères d'inclusion. Les deux essais portaient sur un petit nombre de femmes. Un essai, compreanant 161 femmes atteintes de diabète et prenant un placebo par voie orale ou du diéthylstilboestrol et de l’éthistérone par voie orale, impliquait une augmentation des doses avant la fin de la semaine 16 jusqu' à la naissance. L'autre essai impliquait 120 femmes enceintes, assistées par une fécondation in vitro et un transfert d'embryons, qui poursuivaient le traitement jusqu' à la fin de la 12ème semaine de gestation.
Vu le peu de preuves disponibles, les deux essais n'ont pu démontrer que la combinaison d'œstrogènes et de progestatifs peuvent prévenir les fausses couches (le progestatif est une grande classe d'hormones qui inclut la progestérone) par rapport à un placebo ou aux soins habituels. La première des deux études indiquait un risque accru pour les mères ayant utilisé l'hormonothérapie pendant la grossesse de développer un cancer plus tard dans la vie. Le diéthylstilboestrol n'est plus utilisé et entraîne des effets indésirables graves, tandis que l’éthistérone contient des propriétés androgéniques jugées responsables d’anomalies de l'appareil génital et a été remplacé par la progestérone.
Dans l’ensemble, nous reconnaissons le manque d’essais, en particulier le manque d'essais randomisés à grande échelle. D’autres recherches sont donc nécessaires dans ce domaine avant de soutenir ou de réfuter l'utilisation de la combinaison d'œstrogènes et de progestérone pour la prévention des fausses couches.
Il n'y a pas suffisamment de preuves issues d'essais contrôlés randomisés afin d’évaluer l'utilisation de la combinaison d'œstrogènes et de progestérone pour la prévention des fausses couches. Nous recommandons vivement que des recherches supplémentaires soient effectuées dans ce domaine.
Historiquement, l’œstrogène et la progestérone étaient tous deux couramment utilisés pour permettre de réduire les risques durant la grossesse. Dans les années 1940, il a été avancé que leur utilisation combinée serait synergique et soutiendrait ainsi la logique de la thérapie combinée pour les femmes risquant des fausses couches.
Déterminer l'efficacité et l'innocuité du traitement de la combinaison d'œstrogènes et de progestérone pour prévenir les fausses couches.
Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (23 juin 2013), CENTRAL (OVID) ( la Bibliothèque Cochrane 2013, numéro 6 de 12), MEDLINE (OVID) (de 1946 à la 2ème semaine de juin 2013), OLDMEDLINE (de 1946 à 1965), Embase (de 1974 à la semaine 25 2013), Embase Classic (de 1947 à 1973), CINAHL (de 1994 au 23 juin 2013) et les références bibliographiques des études trouvées.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés ayant évalué l'efficacité de la combinaison d'œstrogènes et de progestérone pour prévenir une fausse couche. Nous avons inclus un essai stratifié randomisé et un essai quasi-randomisé. Les essais randomisés par groupes étaient éligibles pour l'inclusion, mais aucun n'a été identifié. Nous avons exclu les études uniquement publiées sous forme de résumés.
Nous avons inclus les études comparant les œstrogènes et la progestérone par rapport à un placebo ou à l'absence d'intervention.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les essais à inclure et évalué la qualité des essais. Deux auteurs de la revue ont extrait les données de manière indépendante. L'exactitude des données a été vérifiée.
Deux essais (281 de grossesses et 282 de fœtus) répondaient à nos critères d'inclusion. Cependant, ils avaient tous deux une hétérogénéité clinique et méthodologique tellement importante qu'une méta-analyse combinant les données des essais a été considérée comme inappropriée.
Un essai (impliquant 161 grossesses) portait sur des femmes ayant des antécédents de diabète. Il n'a montré aucune différence statistiquement significative entre l'utilisation de la combinaison d'œstrogènes et de progestatifs par rapport à un placebo pour tous nos critères de jugement principaux, à savoir, les fausses couches (risque relatif (RR) 0,95, intervalle de confiance (IC) à 95% de 0,32 à 2,80), la mortalité périnatale (RR 0,94, IC à 95% de 0,53 à 1,69) et les accouchements prématurés (moins de 34 semaines de gestation) (RR 0,91, IC à 95% de 0,80 à 1,04). En termes de critères de jugement secondaires pour cette revue, l'utilisation d’œstrogènes et de progestatifs combinés était associée à un risque accru de cancer de la mère dans le système reproducteur (RR 6,65, IC à 95% de 1,56 à 28,29). Cependant, pour le critère de jugement de cancers autres que ceux du système reproducteur chez les mères, il n'y avait aucune différence entre les groupes. De même, il n'y avait aucune différence entre le groupe d’œstrogènes et de progestatifs combinés par rapport au groupe placebo pour les autres critères de jugement secondaires signalés : poids à la naissance inférieur à 2 500 g, anomalies génitales chez la progéniture, anomalies autres que les voies génitales chez la progéniture, cancer chez la progéniture dans le système reproducteur, ou cancer autres que celui de l'appareil génital chez la progéniture.
La deuxième étude était basée sur les femmes enceintes ayant subi une fécondation in vitro (FIV). Cette étude n’a montré aucune différence dans les taux de fausses couches entre le groupe bénéficiant de la combinaison d'œstrogènes et de progestérone et le groupe sans traitement (RR 0,66, IC à 95% de 0,23 à 1,85). L'étude n'avait pas rendu compte d'autres critères de jugement principaux de cette revue (mortalité périnatale ou taux de naissance prématurée), ni d’aucun de nos critères de jugement secondaires proposés.