Question de la revue
Évaluer les effets des systèmes de rappel pour augmenter les tests de dépistage du diabète de type 2 ou d'intolérance au glucose chez les femmes présentant des antécédents de diabète sucré gestationnel (DSG).
Contexte
Certaines femmes sont atteintes de concentrations élevées de glucose dans le sang pendant leur grossesse (appelées DSG). Bien que ces concentrations élevées de glucose dans le sang se normalisent généralement immédiatement après la naissance, les femmes ayant été victimes d'un DSG présentent un risque accru de développer un diabète de type 2 à l'avenir. Il est donc important qu'elles soient régulièrement testées pour des niveaux de glycémie plus élevés que la normale (pour détecter le diabète de type 2 ou « l'intolérance au glucose » qui est un état prédiabétique précédant parfois le diabète de type 2) en commençant les premiers mois qui suivent la naissance. Cependant, pour diverses raisons, de nombreuses femmes ne font pas tester leur taux de glycémie après avoir souffert de DSG.
Les caractéristiques de l'étude
Une seule étude portant sur 256 femmes qui avaient souffert de DSG indiquait que l'envoi de lettres de rappel à 213 femmes ou à leurs médecins, trois mois après la naissance d'un bébé, était utile pour que plus de femmes effectuent un test de glycémie, par rapport à 43 femmes n'ayant pas reçu de rappel.
Résultats principaux
Cette étude a montré que, par rapport à l'absence de rappel, une lettre de rappel était d'environ deux à quatre fois (selon le test de glucose sanguin) plus susceptible d'encourager les femmes qui avaient souffert de DSG à effectuer un test de glycémie trois mois après l'accouchement. Il ne semblait pas y avoir de différence si le rappel était envoyé à la femme seulement, au médecin uniquement ou à la femme et au médecin.
L'essai n'a pas évalué la qualité de vie des femmes ou le nombre de femmes par la suite diagnostiquées avec un diabète de type 2 ou avec des résultats indiquant une intolérance au glucose après l'accouchement.
D'autres types de rappels, tels que les courriers électroniques et les appels téléphoniques, doivent être évalués dans des études, car ils pourraient être plus faciles et plus pratiques pour les femmes que les lettres de rappel. Nous avons besoin de connaitre davantage les préférences et les attitudes des femmes, mais nous devons également déterminer si le fait d'augmenter les chances que les femmes soient testées aide à réduire le risque de développer à l'avenir un diabète de type 2, par exemple en encourageant un meilleur régime alimentaire et plus d'exercice.
Qualité des preuves
La qualité globale des preuves a été considérée comme faible, car la seule étude incluse impliquait un nombre restreint de participants et fournissait des résultats imprécis.
Les données actuelles
Cette preuve est à jour en juin 2013.
Les résultats du seul essai qui remplissait nos critères d'inclusion indiquaient des preuves de faible qualité d'une augmentation importante de participation au dépistage du diabète de type 2 suite à des rappels par courrier postal chez les femmes présentant des antécédents de DSG. Les effets des autres formes de systèmes de rappel doivent être évalués afin de déterminer si la participation au test augmente également lorsque le courrier électronique et les rappels par téléphone sont mis à contribution. Nous devons également mieux comprendre pourquoi certaines femmes ne parviennent pas à saisir l'occasion d'être dépistées post-partum. Étant donné que l'objectif ultime d'augmenter les tests post-partum est de prévenir le développement ultérieur du diabète de type 2, il est important de déterminer si une augmentation des taux de tests de dépistage incite également plus de femmes à utiliser les stratégies de prévention, telles que les modifications du mode de vie.
Le début de la période post-partum est une période importante pour identifier le risque de diabète chez les femmes présentant des antécédents de diabète sucré gestationnel (DSG). Le test oral de tolérance au glucose et d'autres tests peuvent contribuer à orienter la prise en charge et la surveillance du mode de vie pour réduire le risque futur du diabète de type 2.
Évaluer si les systèmes de rappel augmentent la participation au dépistage du diabète de type 2 ou d'intolérance au glucose chez les femmes présentant des antécédents de DSG.
Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE et EMBASE (dernière recherche le 1er juin 2013) et la Bibliothèque Cochrane (dernière recherche en avril 2013).
Nous avons inclus des essais randomisés portant sur des femmes ayant souffert de DSG durant leur grossesse et qui ont ensuite reçu un rappel (ou un contrôle) sous toute forme afin d'effectuer un test pour le diabète de type 2 après l'accouchement.
Deux auteurs ont indépendamment examiné les titres et résumés afin de juger leur pertinence. Un auteur a extrait les données, évalué les risques de biais et la qualité globale des études conformément à la méthode GRADE (Grading of Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation); l'autre auteur a vérifié ces procédures. Une méta-analyse n'a pas été possible car une seule étude était éligible pour l'inclusion.
Un seul essai avec un risque de biais incertain dans la majorité des domaines était inclus dans l'étude; la qualité globale del'étude a été jugée comme étant faible. Cet essai factoriel portant sur 256 femmes, comparait trois types de stratégies d'envoi de rappel (chez un total de 213 femmes) par rapport aux soins habituels (absence de rappel, 43 femmes) et rapportait sur le dépistage de quatre types de tests de glucose possibles. Les trois stratégies étudiées étaient : les rappels envoyés à la fois à la femme et au médecin, les rappels envoyés uniquement à la femme et les rappels envoyés uniquement au médecin, tous émis environ trois mois après l'accouchement.
Des preuves de faible qualité indiquaient que les trois interventions de rappel augmentaient le dépistage du test oral de tolérance au glucose par rapport aux soins habituels (pas de système de rappel) : les rappels à la femme et au médecin (dépistage de 60 % par rapport à 14 %) : risque relatif 4,23 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,85 à 9,71); 116 participants); les rappels uniquement à la femme (dépistage de 55 % par rapport à 14 %) : RR 3,87 (IC à 95 % 1,68 à 8,93); 111 participants); les rappels uniquement au médecin (dépistage de 52 % par rapport à 14 %) : RR 3,61 (IC à 95 % 1,50 à 8,71); 66 participants). Ce qui représentait une augmentation du dépistage allant de 14 % dans le groupe sans rappel à 57 % dans les trois groupes de rappel. Il y avait également une augmentation du dépistage aux tests de glycémie à jeun dans le groupe de rappel par rapport au groupe de soins habituels : les rappels à la femme et au médecin par rapport à l'absence de rappel (dépistage de 63 % par rapport à 40 %) : RR 1,57 (IC à 95 % 1,01 à 2,44); les rappels uniquement à la femme (dépistage de 71 % par rapport à 40 %) : RR 1,78 (IC à 95 % 1,16 à 2,73); les rappels uniquement au médecin (dépistage de 68 % par rapport à 40 %) : RR 1,69 (IC à 95 % 1,06 à 2,72). Le dépistage des tests aléatoires du glucose et de l'hémoglobine glyquée (HbA1c) était faible et aucune différence statistiquement significative n'a été observée pour ces tests entre les groupes de rappel et les groupes sans rappel. Le dépistage de n'importe quel test était plus élevé dans chacun des groupes de rappel par rapport au groupe sans rappel (RR 1,65 (IC à 95 % 1,12 à 2,41); 1,73 (IC à 95 % 1,18 à 2,52) et 1,55 (IC à 95 % 1,01 à 2,38) dans les groupes de rappel respectifs.
L'essai n'a pas rendu compte des autres critères de jugement principaux de cette revue (proportion de femmes présentant un diagnostic de diabète de type 2 ou d'intolérance au glucose ou de diminution du glucose à jeun après l'accouchement ; ou la qualité de vie liée à la santé). De même, il ne rapportait aucun critère de jugement secondaire de la revue, tel que la morbidité associée au diabète, les changements de mode de vie, le besoin d'insuline, la récidive du DSG ou les points de vue des femmes et / ou des professionnels de santé sur l'intervention. Aucun effet indésirable de l'intervention n'a été signalé.
Les tests d'interaction des sous-groupes n'apportaient aucune indication à savoir si les doubles rappels (à la fois aux femmes et aux médecins) étaient plus efficaces que les rappels uniques (soit uniquement pour les femmes ou uniquement pour les médecins). Il n'était également pas clair si les tests de dépistage chez les femmes, dans les groupes de rappel et dans les groupes sans rappel, différaient selon le type de test de glucose effectué.