Dans un petit nombre de grossesses, les membranes entourant le fœtus se rompent avant le terme de 37 semaines de gestation et avant le début du travail. Cette rupture prématurée des membranes avant terme (RPMAT) se produit dans environ un tiers des naissances prématurées, mais sa cause est souvent inconnue. Elle peut causer des problèmes de santé et même la mort de la mère aussi bien que de l'enfant, à la suite de complications telles que la compression du cordon ombilical ou une infection bactérienne de l'utérus. Le plus gros problème pour l'enfant est un risque accru de détresse respiratoire, d'hémorragie cérébrale et d'infection, qui est lié à la prématurité. Plusieurs méthodes sont disponibles pour évaluer le bien-être de l'enfant à naître après une RPMAT. Leur but est d'aider les professionnels de la santé à détecter la souffrance du fœtus et à prendre une décision quant à l'opportunité de déclencher l'accouchement plus tôt qu'ils ne le feraient normalement. La plupart des femmes accouchent spontanément dans les quelques jours suivant la rupture prématurée des membranes.
Cette revue a été réalisée pour évaluer si ces méthodes conduisent à de meilleurs résultats sanitaires pour la mère et l'enfant. Elle inclut trois études contrôlées randomisées portant sur un total de 275 femmes (données rapportées pour 271 femmes) présentant une RPMAT avant 34 semaines de gestation. Ces trois études ont été menées aux États-Unis. Chacune examinait différentes méthodes d'évaluation du bien-être fœtal et nous n'avons donc pas pu mener de méta-analyse. Au lieu de cela, la revue rapporte séparément les résultats de chaque étude. Une étude comparait des contrôles hebdomadaires par échographie endovaginale (avec une sonde placée à l'intérieur du vagin) à l'absence de surveillance, une autre un test du liquide amniotique pour mesurer les niveaux de surfactant pulmonaire fœtal à l'absence de surveillance et la troisième un test de réactivité fœtale (« no-stress test ») quotidien (enregistrement du rythme cardiaque fœtal) avec un profil biophysique quotidien modifié (enregistrement du rythme cardiaque fœtal et estimation du volume de liquide amniotique environnant le fœtus). Dans chaque étude, il y avait peu de différences statistiquement significatives entre les groupes en ce qui concerne les résultats pour la mère, le fœtus ou le nouveau-né. La qualité globale des preuves était mauvaise car les participantes savaient à quel groupe elles étaient affectées. Avant de pouvoir tirer des conclusions définitives, d'autres études sont nécessaires afin d'évaluer les avantages et les inconvénients des méthodes d'évaluation du bien-être fœtal pour améliorer les résultats maternels et néonataux après une RPMAT.
Il n'existe pas suffisamment de preuves pour tirer des conclusions définitives concernant les avantages et les inconvénients des méthodes d'évaluation du bien-être fœtal pour améliorer les résultats maternels et néonataux après une RPMAT. Lorsqu'il existe des éléments de preuve, leur qualité est mauvaise.
D'autres essais contrôlés randomisés de bonne qualité sont nécessaires pour orienter la pratique clinique.
La surveillance du bien-être fœtal après une rupture prématurée des membranes (RPMAT) peut conduire à avancer l’accouchement en révélant plus précocement une souffrance fœtale. Cet accouchement précoce n'est toutefois ne pas toujours dans l'intérêt de la mère ou du fœtus, et l'efficacité de différentes méthodes d'évaluation dans l'amélioration de l'issue pour la mère et l'enfant est incertaine.
Étudier l'efficacité des méthodes d'évaluation du bien-être fœtal pour améliorer les résultats néonataux et maternels à la suite d'une RPMAT. Les méthodes d'évaluation qui pourraient être éligibles pour l'inclusion dans notre revue comprennent la cardiotocographie fœtale, le comptage des mouvements fœtaux et l'échographie Doppler.
Nous avons effectué une recherche dans le registre d’essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et l’accouchement (30 juin 2014) et dans les bibliographies des études trouvées.
Essais contrôlés randomisés comparant des méthodes d'évaluation du bien-être fœtal, ou comparant une méthode d'évaluation à l'absence d'évaluation.
Deux auteurs de la revue ont évalué les essais à inclure de façon indépendante. Les deux mêmes auteurs ont évalué indépendamment la qualité des essais et extrait les données. L’exactitude des données a été vérifiée.
Nous avons inclus dans la revue trois études portant sur un total de 275 femmes (données rapportées pour 271 femmes) présentant une RPMAT avant 34 semaines de gestation. Les trois études ont été réalisées aux États-Unis. Chaque étude a examiné des méthodes différentes d'évaluation du bien-être fœtal. Une étude comparait des examens hebdomadaires par échographie endovaginale avec l'absence d'évaluation (n = 93), une autre l'amniocentèse avec l'absence d'évaluation (n = 47) et la troisième un test de réactivité fœtale quotidien (no-stress test) avec un profil biophysique quotidien modifié (n = 135). Nous n'avons pas été en mesure de procéder à une méta-analyse mais nous avons pu rapporter les données de chacune des études.
Il n'y avait aucune preuve convaincante d'un risque accru de décès néonatal dans le groupe suivi par échographie endovaginale par rapport au groupe sans évaluation (risque relatif (RR) 7,30, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,39 à 137,54 ; 1 étude, 92 femmes) ou dans le groupe suivi par amniocentèse par rapport au groupe sans amniocentèse (RR 1,00, IC à 95 % de 0,07 à 15,00 ; 1 étude, 44 femmes). Pour ces deux interventions, nous avons déduit qu'il n'y avait pas eu de morts fœtales dans les groupes d'intervention ou les groupes témoins. L'étude comparant les tests de réactivité fœtale quotidiens avec le profil biophysique quotidien modifié n'a pas rapporté de morts fœtales ou néonatales. Aucun critère principal d'évaluation de la mortalité maternelle et de la morbidité maternelle grave n'a été rapporté dans aucune étude. Dans l'ensemble, il y avait peu de différences statistiquement significatives dans les critères d'évaluation entre les comparaisons.
La qualité globale des preuves est mauvaise car la mise en aveugle des participantes n'était possible dans aucune étude.
Traduction réalisée par Cochrane France