Problématique de la revue
Cette revue a été effectuée afin d'évaluer les effets de l'utilisation de base sous les obturations réalisées à l’aide de composite en résine esthétique dans les cavités situées sur les faces occlusales (classe I) et sur les faces proximales (classe II) des dents permanentes postérieures chez les enfants et les adultes.
Contexte
La carie dentaire est la maladie la plus répandue chez les enfants et les adultes dans le monde entier. S'il n'est pas contenu, l'acide produit par les bactéries présentes dans la plaque dentaire ou dans le biofilm peut entraîner l’apparition de carie dentaire ou de cavités sur les dents. Un certain nombre de techniques et une variété de matériaux peuvent être utilisés pour restaurer ou obturer les dents affectées par la carie dentaire. L'un de ces matériaux est un composite à base de résine esthétique ou CRE. Ce matériau est de plus en plus utilisé comme alternative à l'amalgame (un mélange de mercure et de particules d'alliage métallique).
Depuis le 19e siècle, une base est souvent placée dans les cavités dentaires sous le matériau d'obturation. On pense que ces bases protègent la pulpe vivante de la dent des matériaux d'obturation eux-mêmes et aussi de leur capacité à laisser passer plus de chaleur ou de froid que ne le ferait la dent naturelle. Bien que l'on pense que les matériaux d'obturation CRE soient similaires à la dent en ce qui a trait à la façon dont ils conduisent la chaleur, la sensibilité ressentie suite aux changements de température est parfois encore un problème pour les gens après avoir eu une obturation dentaire.
Caractéristiques des études
Les données de cette revue, réalisée par les auteurs du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire, sont à jour en date du 12 novembre 2018.
Huit études, auxquelles ont participé plus de 700 personnes, ont été incluses. Deux études ont été menées aux États-Unis, deux en Thaïlande, deux en Allemagne, une en Arabie saoudite et une en Turquie. Ces études ont comparé l'utilisation de base sous les obturations réalisées en composite en résine esthétique (CRE) sur les dents permanentes postérieures à l'absence de base à propos des obturations de classe I et de classe II. L'une des deux études menées aux États-Unis a eu lieu dans des cabinets dentaires, les autres dans des facultés universitaires de médecine dentaire. Tous les participants avaient plus de 15 ans.
Résultats principaux
Très peu de données probantes ont été trouvées démontrant que l’utilisation d’une base sous les obturations de classe I et II sur les dents permanentes postérieures réduisait la sensibilité chez les adultes ou les enfants de 15 ans et plus. Rien n'indique qu'il y ait eu une différence dans la durée de vie des obturations lorsqu'elles ont été placées avec ou sans base sous celles-ci. Aucune des études incluses n’a signalé d’effets indésirables.
Valeur probante des données
L'ensemble des données probantes recueillies dans le cadre de cette revue ne permet pas de tirer des conclusions solides au sujet des effets de l’utilisation d’une base sous les obturations. Les données relevées dans la présente revue ont une faible valeur probante et il y a un manque de confiance dans les estimations des effets. De plus, aucune preuve n'a été trouvée pour démontrer une différence dans la durée de vie des restaurations lorsqu'elles sont posées avec ou sans base sous celles-ci.
Il existe des données probantes incohérentes et de faible qualité concernant la différence d'hypersensibilité postopératoire suite à l’utilisation d’une base sous les restaurations de classe I et II en composite à base de résine esthétique sur les dents permanentes postérieures chez les adultes ou les enfants de 15 ans et plus. De plus, aucune preuve ne démontre une différence dans la longévité des restaurations sous lesquelles une base a été utilisée ou non.
Le composite en résine esthétique (CRE) est actuellement accepté comme matériau pour la restauration des dents permanentes postérieures nécessitant un traitement curatif de la carie. Bien que la conductivité thermique du matériau de restauration CRE soit très proche de celle de la structure naturelle de la dent, l'hypersensibilité postopératoire est parfois encore un problème. Les bases ont historiquement été utilisées pour protéger la pulpe des effets toxiques de certains matériaux de restauration dentaire et pour prévenir la douleur provoquée par la conductivité thermique en agissant comme couche isolante entre le matériau de restauration et la structure dentaire restante. Il s'agit d'une mise à jour de la Revue Cochrane publiée pour la première fois en 2016.
L'objectif de cette revue était d'évaluer les effets de l'utilisation de base sous les restaurations en composite en résine esthétique de classe I et de classe II sur les dents permanentes postérieures chez les enfants et les adultes.
Le spécialiste de l'information du groupe de travail Cochrane sur la santé bucco-dentaire a fait des recherches dans les bases de données suivantes : Registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la santé bucco-dentaire (jusqu'au 12 novembre 2018), le Registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; 2018, numéro 10) dans la Bibliothèque Cochrane (consultée le 12 novembre 2018), MEDLINE Ovid (1946 au 12 novembre 2018), Embase Ovid (1980 au 12 novembre 2018) et LILACS via la Bibliothèque virtuelle sur la santé de BIREME (base de données sur la santé en Amérique latine et aux Caraïbes ; 1982 au 12 novembre 2018) Nous avons fait des recherches sur le site ClinicalTrials.gov et dans le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé pour connaître les essais cliniques en cours. Aucune restriction concernant la langue ou la date de publication n'a été imposée lors des recherches dans les bases de données électroniques.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés évaluant les effets de l'utilisation de base sous les obturations en composite en résine esthétique de classe I et II sur les dents permanentes postérieures (chez les adultes et les enfants). Nous avons inclus à la fois les schémas en groupes parallèles et en « split-mouth » (en bouche divisée).
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards requises par Cochrane pour la collecte et l'analyse des données. Deux auteurs de la présente revue ont examiné les résultats de la recherche documentaire et ont évalué l'éligibilité des études en fonction des critères d'inclusion. Nous avons effectué l’évaluation des risques de biais et l'extraction des données de façon indépendante et en double. Dans les cas où l'information n'était pas claire, nous avons communiqué avec les auteurs de l'étude en question pour obtenir des éclaircissements.
Huit études, recrutant plus de 700 participants, ont comparé l'utilisation de base à l'absence de celle-ci pour les restaurations de classe I et II en composite en résine esthétique.
Sept études ont évalué l'hypersensibilité postopératoire mesurée par différentes méthodes. Toutes les études étaient peu claires ou présentaient un risque élevé de biais. Les données probantes concernant l'hypersensibilité postopératoire (mesurée à l'aide de la réponse au froid ou déclarée par le patient) n'étaient pas uniformes, avec un avantage à certains moments à propos de l’utilisation de base, mais pas en tout temps (données de faible valeur probante).
Quatre essais ont mesuré la longévité des restaurations. Deux des études ont été jugées à risque élevé et deux à risque incertain de biais. Aucune différence dans les taux d'échec des restaurations n'a été observée après un suivi d’un an, aucun échec n'a été signalé dans les deux groupes pour trois des quatre études ; la quatrième étude présentait un risque relatif (RR) de 1,00 (intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,07 à 15,00) (données de faible valeur probante). Trois études ont évalué la longévité des restaurations après deux ans de suivi et, encore une fois, aucun échec n'a été observé dans les deux groupes.
Aucune des études incluses n’a signalé d’effets indésirables.
Post-édition effectuée par Sophie ARPIN et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr