Contexte : certains nouveaux-nés développent une pression artérielle anormalement élevée dans les artères pulmonaires. Cette pathologie est connue sous le nom de hypertension artérielle pulmonaire persistante du nouveau-né (HTAPPN). Les bébés atteints d'HTAPPN présentent des difficultés respiratoires et de faibles niveaux d'oxygène. Traditionnellement, ces bébés sont pris en charge avec une assistance respiratoire et l'administration d'un gaz spécial, connu sous le nom de monoxyde d'azote. Dans de nombreux cas, la santé des bébés ne s'améliore pas malgré ces mesures. Une nouvelle classe de médicaments, appelés antagonistes des récepteurs de l'endothéline, sont testés dans le traitement de l'HTAPPN.
Méthode : nous avons systématiquement examiné la littérature médicale jusqu'en décembre 2015 pour rassembler des preuves actuelles sur l'utilisation de cette classe de médicaments chez les nouveau-nés.
Results : nous avons trouvé des données très limitées provenant de deux études incluses pour l'utilisation de cette classe de médicaments chez les nouveau-nés. Dans l'ensemble, la qualité des preuves était jugée faible en raison de la petite taille des échantillons et des questions méthodologiques dans les études incluses.
Conclusion : des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les antagonistes des récepteurs de l'endothéline sont utiles chez les nouveau-nés atteints d'HTAPPN. À l'heure actuelle, l'utilisation de ces médicaments pour cette pathologie ne peut pas être recommandée.
Il n'y a pas suffisamment de preuves pour recommander l'utilisation des ARE soit en tant que traitement individuel ou comme adjuvant de l'oxyde nitrique inhalé dans le traitement de l'HTAPPN. Des ECR présentant une puissance statistique adéquate sont nécessaires.
L'endothéline, un puissant vasoconstricteur, est l'un des médiateurs dans la causalité de l'hypertension artérielle pulmonaire persistante du nouveau-né (HTAPPN). En théorie, les antagonistes des récepteurs de l'endothéline (ARE) ont le potentiel pour améliorer les résultats des nouveaux-nés atteints d'HTAPPN.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des ARE dans le traitement de l'HTAPPN chez les nourrissons faiblement prématurés, nés à terme, et après le terme.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des ARE sélectifs (qui bloquent uniquement les ETA) et des ARE non sélectifs (qui bloquent à la fois les ETA et les ETB) séparément.
Les bases de données CENTRAL (registre Cochrane des essais contrôlés), MEDLINE, EMBASE et CINAHL ont été consultées jusqu'en décembre 2015.
Des essais randomisés, randomisés en grappes ou quasi-randomisés étaient éligibles.
Deux auteurs de la revue ont, de manière indépendante, effectué des recherches dans la littérature, sélectionné les études, évalué le risque de biais et extrait les données. Un modèle à effets fixes a été utilisé pour la méta-analyse. Nous avons utilisé le GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation) pour évaluer la qualité des preuves.
Deux essais contrôlés randomisés sur les ARE remplissaient les critères d'inclusion. Les deux études ont utilisé le bosentan par voie orale. La première étude a été menée dans un contexte où le traitement par oxyde nitrique inhalé (ONi) n'était pas disponible. Quarante-sept nouveaux-nés (≥ 34 semaines de gestation) ont été randomisés pour recevoir soit le bosentan ou un placebo. La deuxième étude était une étude multicentrique où l'ONi était le traitement standard pour l'HTAPPN. Vingt-et-un nouveau-nés ont été randomisés pour recevoir soit de « l'ONi associé au bosentan» soit de « l'ONi associé à un placebo ».
Dans la première étude, il n'y avait pas de différence significative dans l'incidence des décès avant la sortie de l'hôpital entre les groupes ayant reçu le bosentan et les groupes sous placebo (1/23 versus 3/14 ; RR 0,20, IC à 95 % 0,02 à 1,77 ; DR − 0,17, IC à 95 % 0,40 à 0,06). Une proportion plus élevée de nouveaux-nés dans le groupe ayant reçu le bosentan montraient une amélioration de l'indice d'oxygénation (IO) à la fin du traitement (21/24 versus 3/15 ; RR 4,38, IC à 95 % 1,57 à 12,17 ; DR 0,68, IC à 95 % 0,43 à 0,92 ; nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique (NSTb) 1,5). La durée de la ventilation mécanique était plus courte dans le groupe ayant reçu le bosentan (4,3 ± 0,9 versus 11,5 ± 0,6 jours ; DM − 7,20, IC à 95 % de − 7,64 à − 6,76). Il n'y avait aucune différence significative dans les résultats neurologiques indésirables à six mois (0/23 versus 4/14 ; RR 0,07, IC à 95 % 0,00 à 1,20 ; DR − 0,29, IC à 95 % − 0,52 à − 0,05). L'étude a souffert d'un risque élevé de biais d'attrition puisque 8/23 nouveaux-nés dans le groupe sous placebo ont été exclus de diverses analyses. Étant donné que l'accès au protocole de l'étude n'a pas pu être possible, l'étude a souffert d'un risque incertain de biais de notification.
Dans la deuxième étude, il n'y avait pas de différence significative dans l'incidence de l'échec du traitement nécessitant un recours à une oxygénation par circulation extracorporelle (OCEC) entre le groupe ayant reçu « l'ONi associé au bosentan » et le groupe ayant reçu « l'ONi associé à un placebo » (1/13 versus 0/8 ; RR 1,93, IC à 95 % 0,09 à 42,35 ; DR 0,08, IC à 95 % − 0,14 à 0,30). Il n'y avait pas de différence significative dans la durée médiane de sevrage de l'ONi (« ONi associé au bosentan » : 3,7 jours (IC à 95 % 1,17 à 6,95) ; « ONi associé au placebo » : 2,9 jours (IC à 95 % 1,26 à 4,23) ; P = 0,34). Il n'y avait pas de différence significative dans l'IO à 0, 3, 5, 12, 24, 48 et 72 heures de traitement entre les groupes. Il n'y avait pas de différence significative dans le temps jusqu'au sevrage de la ventilation mécanique (médiane de 10,8 jours (IC entre 3,21 et 12,21) contre 8,6 jours (IC entre 3,71 et 9,66) ; P = 0,24). L'étude présentait une distribution inégale entre le groupe ayant reçu le bosentan (N = 13) et le groupe sous placebo (N = 8). Les méthodes utilisées pour la génération de la séquence de nombres aléatoires et l'assignation secrète n'étaient pas clairs entraînant un risque incertain de biais de sélection.
Les deux études ont rapporté que le bosentan était bien toléré et aucun effet indésirable majeur n'a été signalé. Les données issues des deux études n'ont pas été regroupées en raison de la nature hétérogène des environnements cliniques et des modalités utilisés pour le traitement de l'HTAPPN.
Dans l'ensemble, la qualité des preuves était considérée comme faible, du fait de la petite taille des échantillons des études incluses, du déséquilibre numérique entre les groupes en raison de la randomisation et l'attrition, et d'un risque de biais incertain sur certains des domaines importants.
Post-édition : Pauline Leseurre (M2 ILTS, Université Paris Diderot)