Les fuites involontaires d'urine (incontinence urinaire) affectent les femmes de tout âge, en particulier chez les femmes plus âgées vivant dans des institutions spécialisées telles que des maisons de retraite médicalisées. Certaines femmes souffrent d'incontinence urinaire pendant l'exercice ou lorsqu' elles toussent ou éternuent (l'incontinence urinaire liée au stress) et cela peut survenir en raison de la faiblesse des muscles du plancher pelvien, telle que des lésions pendant l'accouchement. D'autres femmes souffrent d'incontinence urinaire avant de se rendre aux toilettes, lorsqu'elles ont un besoin soudain d'uriner (incontinence urinaire d'urgence) et cela peut être causé par une contraction involontaire des muscles de la vessie. L'incontinence urinaire mixte est la combinaison des deux, l'incontinence urinaire liée au stress et d'urgence. L’entraînement des muscles du plancher pelvien (EMPP) est un traitement supervisé qui implique des exercices de contraction musculaire pour renforcer les muscles pelviens. Ce traitement est couramment utilisé chez les femmes pour arrêter les fuites urinaires. D'autres traitements sont également disponibles et peuvent être utilisés seuls ou en combinaison avec un entraînement des muscles pelviens.
Dans cette revue, la combinaison d'entraînement des muscles du plancher pelvien avec un autre traitement actif a été comparée au même traitement actif seul pour le traitement de tous les types de fuites urinaires. Il n'y avait pas suffisamment de preuves pour déterminer si oui ou non l'ajout d'entraînement des muscles du plancher pelvien à un autre traitement actif apportait plus de bénéfices par rapport au même traitement actif seul. Les preuves étaient également insuffisantes pour comparer les effets indésirables associés à l'ajout de la formation PFMT par rapport à un autre traitement actif.
Cette revue systématique n'a pas trouvé suffisamment de preuves pour affirmer si oui ou non il y avait des effets en ajoutant l’EMPP à un autre traitement actif par rapport au même traitement actif seul pour l'incontinence urinaire (IUS, IUI, ou IUM) chez les femmes. Ces résultats doivent être interprétés avec prudence car la plupart des comparaisons ont été étudiées dans des essais uniques de petite taille. Aucun des essais dans cette revue n’était de taille suffisante pour fournir des preuves fiables. Par ailleurs, aucun des essais inclus n’a rapporté de données sur les effets indésirables associés à l’EMPP, ce qui rend la sécurité de l’EMPP très difficile à évaluer.
L’entraînement des muscles du plancher pelvien (EMPP) est un traitement conservateur de première ligne dans l'incontinence urinaire chez la femme. D'autres traitements actifs inclus : les thérapies physiques (telles que les cônes vaginaux), les thérapies comportementales (telles que la rééducation de la vessie), les stimulations électriques ou magnétiques, les dispositifs mécaniques (tels que les pessaires de continence), les traitements médicamenteux (tels que les anticholinergiques (la solifénacine, l'oxybutynine, etc.) et la duloxétine) et les interventions chirurgicales, y compris les procédures de fronde et la colposuspension. Cette revue systématique a évalué les effets de l'ajout de l’EMPP à tout autre traitement actif pour l'incontinence urinaire chez la femme
Comparer les effets de l'entraînement des muscles du plancher pelvien combinée à un autre traitement actif par rapport au même traitement actif seul dans la prise en charge des femmes souffrant d'incontinence urinaire.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur l'incontinence, qui contient des essais identifiés dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, processus en cours de MEDLINE et des recherches manuelles dans des journaux et actes de conférence (recherche du 28 février 2013), EMBASE (de janvier 1947 à la semaine 9 de 2013), CINAHL (de janvier 1982 au 5 mars 2013), ClinicalTrials.gov (recherche effectuée le 30 mai 2013), WHO ICTRP (recherche effectuée le 3 juin 2013) et les listes bibliographiques des articles pertinents.
Nous avons inclus les essais randomisés ou quasi-randomisés avec deux ou plusieurs groupes chez les femmes avec des preuves cliniques ou urodynamiques d'incontinence urinaire liée au stress, d'incontinence urinaire d'urgence ou d'incontinence urinaire mixte. Un groupe de l'essai inclus l’EMPP ajouté à un autre traitement actif; l'autre groupe inclus le même traitement actif seul.
Deux auteurs de la revue ont évalué l'éligibilité et la qualité méthodologique des essais et ont résolu les désaccords par discussion ou consultation avec un tiers. Nous avons extrait et traité les données en conformité avec le guide d’examen systématique des interventions Cochrane. D'autres sources potentielles de biais que nous avons inclus dans l'évaluation du «risque de biais» étaient l'approbation éthique, le conflit d'intérêt et la source de financement.
Onze essais remplissaient les critères d'éligibilité à l'inclusion, comprenant les femmes souffrant d'incontinence urinaire liée au stress (IUS), d'incontinence urinaire d’urgence (IUI) ou d'incontinence urinaire mixte (IUM) et ils comparaient l’EMPP ajouté à un autre traitement actif (494 femmes) avec le même traitement actif seul (490 femmes). Les comparaisons préalablement spécifiées ont été signalées par des essais uniques à l'exception de la stimulation électrique qui était rapportée dans deux essais. Cependant, les deux essais rendant compte de la stimulation électrique n'ont pas pu être combinés, l'un des essais n'ayant pas rapporté de données pertinentes. Les essais inclus étaient à risque de biais incertain pour la plupart des domaines, principalement en raison du manque d'information adéquate dans un certain nombre d'essais. Ce qui a affecté notre évaluation de la qualité des preuves.
La majorité des essais ne rapportaient pas les principaux critères de jugement spécifiés dans la revue (guérison/amélioration, qualité de vie) ou ils mesuraient les critères de jugement de différentes manières. Les effets estimés, provenant d'essais uniques de petite taille à travers un certain nombre de comparaisons, n’ont pas été déterminants pour les critères de jugement principaux concernant les symptômes et nous avons noté la qualité des preuves, en utilisant l'approche GRADE, comme faible ou très faible. Il y avait des preuves de qualité moyenne issues d'un seul essai étudiant les femmes souffrant d'IUS, d’IUI, ou d’IUM, montrant qu' une proportion plus importante de femmes ayant reçu une combinaison d’EMPP et de fiches générant de la chaleur et de la vapeur rapportaient une guérison par rapport à celles qui recevaient les fiches seules : 19/37 (51%) versus 8/37 (22%) avec un risque relatif (RR) de 2,38, intervalle de confiance (IC) à 95% de 1,19 à 4,73). Davantage de femmes avaient rendu compte de guérison ou d'amélioration de l'incontinence dans un autre essai comparant l’EMPP utilisé en complément avec les cônes vaginaux avec les cônes vaginaux seuls : 14/15 (93%) versus 14/19 (75%), mais cela n'était pas statistiquement significatif (RR 1,27, IC à 95% de 0,94 à 1,71). Nous avons estimé que la qualité des preuves était très faible. Seul un essai évaluant l’EMPP ajouté à un traitement médicamenteux a fourni des informations concernant les effets indésirables (RR de 0,84, IC à 95% de 0,45 à 1,60; preuves de très faible qualité).
En ce qui concerne les conditions spécifiques de la qualité de vie, il n'y avait aucune différence statistiquement significative entre les femmes (avec l'IUS, l’IUI, ou l’IUM) ayant suivi un EMPP en complément de la rééducation de la vessie et celles ayant reçu la rééducation vésicale seule, ceci trois mois après le traitement, soit sur l’échelle révisée du questionnaire sur l’impact de l'incontinence (différence moyenne (DM) de -5,90, IC à 95% -de 35,53 à 23,73), soit sur l’échelle de l’inventaire sur la détresse urogénitale (DM -18.90, IC à 95% - de 37,92 à 0,12). Un résultat similaire était observé entre les femmes souffrant d'IUS et ayant suivi un EMPP associé au pessaire de continence ou à la duloxétine et celles ayant reçu uniquement le pessaire de continence ou la duloxétine. Dans l'ensemble de ces comparaisons, la qualité des preuves pour les critères de jugement variait de modérée à très faible.