La démence à corps de Lewy (DCL) est l'une des causes les plus courantes de la démence des personnes âgées. Actuellement, le diagnostic est fait en se basant sur des symptômes caractéristiques, les plus importants étant les hallucinations visuelles, les fluctuations cognitives et le Parkinsonisme (mouvements similaires à ceux de la maladie de Parkinson). Cependant, les personnes atteintes de DCL ne présentent pas toujours l'ensemble des symptômes et il peut être difficile de faire la distinction avec d'autres causes de démence, en particulier avec la maladie d'Alzheimer (MA). Il est important d'en faire le diagnostic précis car les personnes atteintes de DCL peuvent avoir des effets indésirables sévères avec les médicaments antipsychotiques ; cela est également important sur le long terme afin d'améliorer les traitements. Le diagnostic de DCL sur les seuls symptômes cliniques s'est révélé n'être pas très sensible dans certaines études, ce qui veut dire que des cas de DCL sont souvent méconnus.
Les personnes atteintes de DCL ont des niveaux réduits de protéine transporteur de la dopamine (DAT selon la terminologie anglaise) dans une partie du cerveau appelée corpus striatum. Il est possible, en utilisant des traceurs se liant au transporteur de la dopamine, de déceler cette réduction sur certains examens d'imagerie cérébrale (scans TEP et TEMP). Cette imagerie est dénommée imagerie DAT ou DAT-scan. Il a été suggéré que l'imagerie DAT pourrait aider au diagnostic précis de la DCL. Dans notre revue, nous avons cherché à évaluer avec quelle exactitude l'imagerie DAT pouvait identifier la DCL parmi toutes les personnes atteintes de démence vues dans des services spécialisés dans la démence (soins secondaires). En raison de leur coût élevé, les scans DAT sont généralement utilisés pour des personnes chez qui une DCL est déjà suspectée par le médecin, aussi avons-nous également cherché à savoir avec quelle exactitude l'imagerie DAT pouvait identifier la DCL parmi ces personnes. Nous n'avons recherché que des études ayant confirmé le diagnostic par un examen du cerveau après le décès de la personne.
Nous n'avons trouvé qu'une seule étude de 22 participants à inclure dans la revue. Les participants avaient été sélectionnés pour cette étude car ils avaient eu un diagnostic clinique de DLB ou de MA. Cette méthode de recrutement des participants tend à exagérer l'exactitude d'un examen. Les participants de cette étude présentaient une démence de sévérité moyenne quand ils ont passé l'imagerie DAT. Globalement, l'imagerie DAT classe correctement 100 % des participants atteints de DCL et 92 % des participants non atteints de DCL à l'autopsie. Quand nous avons considéré seulement les 15 participants dont les médecins pensaient qu'ils étaient atteints de DCL en début d'étude, alors l'imagerie DAT classait correctement 100 % des participants atteint de DCL et 100 % des participants non atteints de DCL à l'autopsie. La petite taille de l'étude incluse signifie que nous n'avons pas pu avoir une grande confiance dans ces estimations de l'exactitude, et il reste possible que l'examen soit considérablement moins exact que suggéré. Nous pouvons conclure que l'imagerie DAT est un examen prometteur pour le diagnostic d'une DCL, mais il est important de noter que nous n'avons trouvé aucune étude portant sur des participants dont le diagnostic pourrait être plus difficile, tels ceux présentant seulement une démence légère ou ceux présentant seulement un unique symptôme pouvant faire évoquer une suspicion de DCL.
Une seule étude avait utilisé le standard de référence neuropathologique pour évaluer l'exactitude de l'imagerie DAT dans le diagnostic d'une DCL. La petite taille de l'étude incluse signifie que les estimations de la sensibilité et de la spécificité sont imprécises. Cependant, les données tirées de l'étude font suggérer que l'imagerie DAT est plus exacte que le diagnostic clinique. Par conséquent, le diagnostic clinique est inapproprié pour son utilisation comme standard de référence dans l'évaluation de l'exactitude de l'imagerie DAT.
Aucune étude ayant utilisé le standard de référence neuropathologique n'a traité directement le scénario clinique courant où l'utilisation de l'imagerie DAT est envisagée comme examen diagnostic pour une personne avec une DCL possible, ni évalué l'exactitude de l'imagerie DAT chez des personnes présentant une démence légère. Cependant, les données provenant de l'étude incluse font suggérer que, dans les cas de démence de sévérité moyenne avec une forte suspicion préalable de DCL (DCL probable), alors une TEMP au 123I-FP-CIT normale pourrait être un moyen d'exclure avec exactitude le diagnostic.
Les évaluations semiquantitatives des TEMP au 123I-FP-CIT apparaissent plus exactes que les évaluations visuelles dans toutes les analyses.
La démence à corps de Lewy (DCL) est une cause courante de démence neurodégénérative chez les personnes âgées. Son identification exacte peut être importante pour la prise en charge clinique et elle est essentielle pour le développement de traitements modifiant l'évolution de la maladie. Les critères actuels du diagnostic clinique sont restreints notamment à cause d'une sensibilité relativement médiocre. L'imagerie du transporteur de la dopamine (DAT) utilisant la tomographie d'émission monophotonique (TEMP) ou le DAT-scan est l'examen complémentaire le plus développé dans la DCL et elle est maintenant intégrée dans les critères consensuels de diagnostic comme élément évocateur. Cependant, il persiste un doute quant à son exactitude et à sa place dans la pratique clinique. Elle est le plus couramment utilisée pour des personnes chez qui une DCL est déjà suspectée.
Dans cette revue, nous avons eu deux objectifs: (A) estimer l'exactitude de l'imagerie DAT pour le diagnostic, en soins secondaires (services spécialisés dans la démence), d'une DCL chez des personnes présentant une démence et (B) estimer l'exactitude de l'imagerie DAT pour le diagnostic, en soins secondaires, d'une DCL chez des personnes présentant une démence, déjà suspectées d'être atteintes d'une DCL sur la base d'un bilan clinique préalable.
Nous avons fait des recherches dans MEDLINE (1946 à février 2013), Embase (1980 à février 2013), BIOSIS Previews (1926 à février 2013), PsycINFO (1806 à février 2013), CINAHL (1982 à février 2013), LILACS (février 2013) et Web of Science and Conference Proceedings (ISI Web of Science) (1945 à février 2013). Plusieurs de ces sources contiennent des résumés de congrès. Nous avons également fait des recherches dans quatre bases de données spécialisées contenant des revues diagnostiques : Meta-analyses van Diagnostisch Onderzoek (MEDION ; février 2013), Database of Abstracts of Reviews of Effects (DARE ; février 2013), Health Technology Assessment Database (HTA ; février 2013) et Aggressive Research Intelligence Facility (ARIF ; février 2013). Nous avons examiné les listes bibliographiques des études et revues pertinentes pour de possibles études supplémentaires. Les termes de recherche dans les bases de données électroniques ont été déterminés conjointement avec l'équipe du groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs.
Protocole d'étude : étaient incluses les études d'exactitude de l'examen à vérification ultérieure, les études de diagnostic cas-témoins et les études à double entrée avec des témoins de diagnostic alternatif. Participants : (A) participants atteints de démence en soins secondaires ; (B) participants en soins secondaires satisfaisant aux critères cliniques consensuels (autres que le critère d'imagerie DAT) d'une DCL possible ou probable ou des deux. Examen étudié : l'imagerie des transporteurs cérébraux de la dopamine par TEMP ou TEP (tomographie par émission de positons). Standard de référence : diagnostic neuropathologique à l'autopsie.
Deux auteurs de la revue ont sélectionné les études à inclure et extrait les données de manière indépendante. Nous avons extrait les données sous la forme de tables 2x2, montrant les résultats binaires de l'examen, croisés avec les standards de référence. Nous avons utilisé ces données pour calculer les sensibilités, les spécificités et leurs intervalles de confiance à 95 %. Nous avons utilisé l'outil QUADAS-2 et quelques autres outils pour évaluer la qualité méthodologique.
Nous avons inclus une étude conforme à notre premier objectif (A). Elle rapportait des données sur 22 participants qui satisfaisaient aux critères cliniques consensuels de la DCL ou aux critères NINCDS-ADRDA (National Institute of Neurological and Communicative Disorders and Stroke - Alzheimer’s Disease and Related Disorders Association) de la maladie d'Alzheimer, ou aux deux (protocole à double entrée avec des témoins à diagnostic alternatif). L'examen étudié était la TEMP avec utilisation du ligand 123I-FP-CIT. Nous avons considéré que l'étude était à risque élevé de biais dans les domaines de la sélection des participants et de l'examen étudié (QUADAS-2). L'analyse semiquantitative de la TEMP au 123I-FP-CIT avait une sensibilité de 1,00 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,66 à 1,00) et une spécificité de 0,92 (IC à 95 % 0,64 à 1,00) pour le diagnostic de la DCL (n=22, une étude). En analyse visuelle, la sensibilité était de 0,86 (IC à 95 % 0,42 à 1,00) et la spécificité de 0,83 (IC à 95 % 0,52 à 0,98) (n=19, une étude).
Nous avons considéré que l'étude a également fourni les meilleures données disponibles pour répondre à notre deuxième objectif (B). Au début de l'étude, 15 participants avaient une suspicion clinique de DCL. Dans ce groupe, l'analyse semiquantitative de la TEMP au 123I-FP-CIT avait une sensibilité de 1,00 (IC à 95 % 0,63 à 1,00) et une spécificité de 1,00 (IC à 95 % 0,59 à 1,00) pour le diagnostic de DCL (n=15, une étude). En analyse visuelle, dans ce groupe, l'exactitude était plus faible avec une sensibilité de 0,83 (IC à 95 % 0,36 à 1,00) et une spécificité de 0,71 (IC à 95 % 0,29 à 0,96) (n=13, une étude).
Traduction réalisée par Cochrane France