Cette revue résume les essais évaluant les effets de la dihydroartémisinine-pipéraquine (DHA-P) par rapport à d'autres traitements combinés à base d'artémisinine qui sont recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé. Après avoir recherché des essais pertinents jusqu'en juillet 2013, nous avons inclus 27 essais contrôlés randomisés portant sur 16 382 adultes et enfants et réalisés entre 2002 et 2010.
Qu'est-ce que le paludisme non compliqué et comment la dihydroartémisinine-pipéraquine pourrait-elle fonctionner
Le paludisme non compliqué est la forme légère de paludisme qui provoque généralement de la fièvre, avec ou sans maux de tête, de la fatigue, des douleurs musculaires, des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements. S'il n'est pas traité, le paludisme non compliqué peut se développer en paludisme sévère avec une insuffisance rénale, des difficultés respiratoires, des pertes de connaissance et éventuellement des décès.
La DHA-P est l'un des cinq traitements combinés à base d'artémisinine qui est actuellement recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé pour traiter le paludisme. Ces combinaisons contiennent de l'artémisinine (tel que la dihydroartémisinine) qui agit très rapidement pour éliminer le parasite du paludisme dans le sang d'une personne, ainsi qu'un médicament à action plus longue (tel que la piperaquine) qui élimine les parasites restants dans le sang et pourrait prévenir de nouvelles infections au paludisme pendant plusieurs semaines.
Ce que disent les recherches
La DHA-P par rapport à l'artéméther-luméfantrine
Dans les études portant sur des patients vivant en Afrique, la DHA-P et l'artéméther-luméfantrine sont très efficaces pour le traitement du paludisme (preuves de haute qualité). Cependant, la DHA-P cure légèrement plus de patients que l'artéméther-luméfantrine et prévient également d'autres infections au paludisme pendant une durée plus longue après le traitement (preuves de haute qualité). La DHA-P et l'artéméther-luméfantrine ont probablement des effets secondaires semblables (preuves de qualité modérée).
La DHA-P par rapport à l'artésunate + la méfloquine
Dans les études portant sur des patients vivant en Asie, la DHA-P est aussi efficace que l'artésunate + la méfloquine dans le traitement du paludisme (preuves de qualité modérée). L'artésunate + la méfloquine entraînent probablement davantage de nausées, de vomissements, d'étourdissements, de perte de sommeil et de palpitations que la DHA-P (preuves de qualité modérée).
Dans l'ensemble, chez certaines personnes, la DHA-P entraînait des changements à court terme dans les électrocardiographiques qui traçaient la conduction du rythme cardiaque (preuves de faible qualité), mais ces petits changements sur les électrocardiographiques régressaient en l'espace d'une semaine sans conséquences graves.
En Afrique, la dihydroartémisinine-pipéraquine réduit dans l'ensemble l'échec du traitement par rapport à l'artéméther-luméfantrine, bien que les deux médicaments aient des taux d'échec PCR-ajustés inférieurs à 5 %. En Asie, la dihydroartémisinine-pipéraquine est aussi efficace que l'artésunate + la méfloquine et est mieux tolérée.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande les combinaisons thérapeutiques à base d'artémisine (CTA) pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué. Cette revue vise à aider la prise de décision des programmes de contrôle du paludisme en fournissant une synthèse des effets relatifs de la dihydroartémisinine-pipéraquine (DHA-P) par rapport à d'autres CTA recommandées.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de la DHA-P par rapport à d'autres CTA pour le traitement du paludisme à P. falciparum non compliqué chez l'adulte et l'enfant.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), publié dans la Bibliothèque Cochrane; MEDLINE ; EMBASE ; LILACS et le méta-registre des essais contrôlés (mECR) jusqu'à juillet 2013.
Essais contrôlés randomisés comparant un traitement de trois jours de DHA-P à un traitement alternatif de CTA de trois jours recommandé par l'OMS dans le paludisme P. à falciparum non compliqué.
Deux auteurs ont indépendamment évalué l'éligibilité des essais et le risque de biais et extrait les données. Nous avons analysé les critères de jugement principaux en parallèle avec le «protocole de l'OMS pour évaluer l'efficacité et la surveillance de médicaments antipaludiques » et comparé les médicaments à l'aide des risques relatifs (RR) et l'indice de confiance (IC) à 95%. Les critères de jugement secondaires étaient les effets sur les gamétocytes, l'hémoglobine et les effets indésirables. Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant l'approche GRADE.
Nous avons inclus 27 essais, portant sur 16 382 adultes et enfants et réalisés entre 2002 et 2010. La plupart des essais excluaient les enfants âgés de moins de six mois et les femmes enceintes.
La DHA-P par rapport à l'artéméther-luméfantrine
En Afrique, suite à un suivi de 28 jours, la DHA-P est supérieure à l'artéméther-luméfantrine dans la prévention d'autres parasitémies (échec de traitement PCR-non ajusté : RR 0,34, IC à 95% 0,30 à 0,39, neuf essais, 6 200 participants, preuves de haute qualité) et bien que l'échec de traitement PCR-non ajusté était inférieur à 5 % pour les CTA, il était systématiquement plus faible avec la DHA-P (échec de traitement PCR-non ajusté : RR 0,42, IC à 95% 0,29 à 0,62, neuf essais, 5 417 participants, preuves de haute qualité). La DHA-P apporte un effet prophylactique de plus longue durée sur de nouvelles infections qui peuvent durer jusqu'à 63 jours (échec de traitement PCR-non ajusté : RR 0,71, IC à 95 % 0,65 à 0,78, deux essais, 3200 participants, preuves de haute qualité).
En Asie et en Océanie, aucune différence n'a été démontrée à 28 jours (quatre essais, 1 143 participants, preuves de qualité modérée), ni à 63 jours (un essai, 323 participants, preuves de faible qualité).
Par rapport à l'artéméther-luméfantrine, aucune différence n'était observée lors de QTc prolongée (preuves de faible qualité) et aucune arythmie cardiaque n'a été rapportée. La fréquence des autres effets indésirables est probablement similaire avec les deux combinaisons (preuves de qualité modérée).
La DHA-P par rapport à l'artésunate + la méfloquine
En Asie, après un suivi de 28 jours, la DHA-P est aussi efficace que l'artésunate + la méfloquine dans la prévention d'autres parasitémies (échec de traitement PCR-non ajusté : huit essais, 3 487 participants, preuves de haute qualité). Après avoir été ajusté par la PCR pour exclure de nouvelles infections, l'échec du traitement au 28ème jour était inférieur à 5 % pour les deux CTA dans les huit essais, mais réduisait avec la DHA-P dans deux essais (échec de traitement PCR-non ajusté: RR IC à 0,41 95% 0,21 à 0,80, huit essais, 3 482 participants, preuves de haute qualité). Les deux combinaisons contiennent des médicaments partenaires à durée de demi-vie très longue et aucun bénéfice notable pour prévenir de nouvelles infections n'a été observé après 63 jours de suivi (échec de traitement PCR-non ajusté: cinq essais, 2 715 participants, preuves de qualité modérée).
Dans le seul essai en Amérique du Sud, il y avait une réduction de la récurrence de parasitémies après 63 jours avec l'artésunate + la méfloquine (échec de traitement PCR-non ajusté : RR 6,19, IC à 95% 1,40 à 27,35, un essai, 445 participants, preuves de faible qualité), mais aucune différence n'a été observée après avoir été ajustés pour de nouvelles infections (échec de traitement PCR-non ajusté : Un essai, 435 participants, preuves de faible qualité).
La DHA-P est associée à moins de nausées, de vomissements, d'étourdissements, de perte de sommeil et de palpitations par rapport à l'artésunate + la méfloquine (preuves de qualité modérée). La DHA-P était associée à des prolongations plus fréquentes de l'intervalle QTc (preuves de faible qualité), mais aucune arythmie cardiaque n'a été rapportée.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Financeurs pour le Canada : Instituts de Recherche en Santé du Canada, Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec, Fonds de recherche du Québec-Santé et Institut National d'Excellence en Santé et en Services Sociaux; pour la France : Ministère en charge de la Santé