Question de la revue
Les protocoles sont-ils utiles pour réduire le temps que passent les nouveaux nés sous ventilation artificielle dans les unités de soins intensifs néonatals ?
Contexte
La ventilation artificielle est utilisée pour aider les nouveau-nés à respirer lorsqu'ils sont trop malades ou nés trop prématurément pour respirer par leurs propres moyens. Cependant, la ventilation artificielle n'est pas sans risque, et peut entraîner des lésions (permanentes) dans les poumons. Par exemple, la pression nécessaire pour remplir les poumons d'air peut détruire les alvéoles trop fragiles, et entraîner la scarification des poumons. Pour cette raison, il est important de reconnaître quand un nouveau-né est suffisamment mature et résistant pour commencer à respirer par lui-même / elle-même, et de réduire l'usage de l'assistance respiratoire par ventilation (sevrage). Malheureusement, il n'existe actuellement aucun consensus sur la meilleure approche pour sevrer les nouveau-nés de la ventilation artificielle. Les chercheurs ont étudié l'utilité des protocoles standardisés pour orienter le processus de sevrage de la ventilation artificielle chez les adultes et les enfants. Pour les adultes, les protocoles de sevrage de 17 études se sont montrés bénéfiques pour aider les médecins et les infirmières à sevrer les adultes de la ventilation en appliquant une méthode sûre et des délais adaptés. Chez les enfants, trois études portant sur les protocoles de sevrage ont montré qu'ils étaient bénéfiques pour diminuer la durée d'application de la ventilation artificielle, mais les études étaient trop peu nombreuses pour mettre en évidence les effets délétères. À l'heure actuelle, nous ne savons pas si les protocoles de sevrage chez les nouveau-nés conduisent à des résultats positifs ou négatifs. Cependant, ces protocoles standardisés ont fortement prouvé leur utilité pour le sevrage de la ventilation artificielle dans les soins des enfants.
Les caractéristiques de l'étude
L'objectif de cette revue était d'examiner les études portant sur les protocoles de sevrage chez les nouveau-nés pour voir si nous pouvions tirer des conclusions sur leur utilité pour la pratique du sevrage dans les soins néonatals.
Résultats principaux
Nous n'avons trouvé aucune étude qui portait sur des nouveau-nés avant le 28ème jour de vie. Nous avons trouvé deux études avec une sous-population de nouveau-nés, mais nous n'avons pas été en mesure d'extraire les données relatives à ce sous-groupe parmi celles du groupe total examiné.
La qualité des preuves
Il n'existe actuellement aucune étude comparant le sevrage avec et sans protocole chez les nouveau-nés dans les unités de soins intensifs néonatals.
Grâce aux résultats apportés par cette revue, nous pouvons affirmer qu'il n'existe aucune preuve permettant d'étayer ou de récuser la supériorité ou l'infériorité du sevrage avec protocole par rapport au sevrage sans protocole en ce qui concerne la durée que passent les nouveaux-nés sous ventilation artificielle invasive.
La ventilation artificielle est une intervention vitale pour les nouveaux-nés gravement malades et atteints d'insuffisance respiratoire, admis dans une unité néonatale de soins intensifs (UNSI). La ventilation des nouveau-nés peut être difficile en raison de faibles volumes courants, de hautes fréquences respiratoires et de l'utilisation de sondes endotrachéales sans ballonnet. La ventilation artificielle présente plusieurs complications à court et long termes. Pour prévenir ces complications, le sevrage de la ventilation artificielle débute dès que possible. Le sevrage vise à faciliter le passage entre l'aide respiratoire artificielle complète à l'activité de respiration spontanée.
Évaluer l'efficacité du sevrage protocolisé et non-protocolisé de la ventilation chez les nouveau-nés pour la diminution de la durée d'application de la ventilation artificielle invasive, la durée du sevrage et la durée des séjours en UNSI et à l'hôpital. Déterminer l'efficacité du traitement sur des sous-groupes prédéfinis, prenant en compte : l'âge gestationnel et le poids de naissance ; le type de protocole ; et le type de mise en œuvre du protocole. Déterminer si le sevrage protocolisé est sûr et cliniquement efficace pour réduire la durée d'application de la ventilation artificielle, sans augmenter le risque d'événements indésirables.
Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; la Bibliothèque Cochrane, 2015, numéro 7) ; MEDLINE In-Process & Other Non-Indexed Citations et OVID MEDLINE (de 1950 au 31 juillet 2015) ; CINAHL (de 1982 au 31 juillet 2015) ; EMBASE (de 1988 au 31 juillet 2015) ; et Web of Science (de 1990 au 15 juillet 2015). Nous n'avons pas limité la langue de publication. Nous avons contacté des auteurs dont les études incluaient un sous-groupe de nouveau-nés, ainsi que des experts dans le domaine relatif à ce sujet. En outre, nous avons effectué des recherches dans des résumés d'actes de conférence, des thèses, des mémoires et les références bibliographiques de toutes les études identifiées afin de trouver d'autres études pertinentes.
Des essais contrôlés randomisés, quasi-randomisés ou randomisés en grappes qui comparaient les pratiques de sevrage ventilatoire avec et sans protocole chez les nouveau-nés présentant un âge gestationnel de 24 semaines ou plus, qui ont été impliquées dans l'étude avant l'âge postnatal de 28 jours complets après la date prévue de la naissance.
Quatre auteurs ont, en binômes, de manière indépendante, examiné les titres et les résumés identifiés par les recherches électroniques. Nous avons obtenu les versions intégrales des études potentiellement pertinentes.
Notre recherche a permis d'identifier 1752 dossiers. Nous avons éliminé les doublons (1062) et les études non pertinentes (843). Nous n'avons pas trouvé d'essais contrôlés randomisés, quasi-randomisés ou randomisés en grappes menés sur le sevrage de la ventilation artificelle chez les nouveau-nés. Deux essais contrôlés randomisés remplissaient les critères d'inclusion sur le type d'étude et le type d'intervention, mais n'incluaient qu'une portion de nouveau-nés. Les auteurs de l'étude n'ont pas pu fournir les données nécessaires pour l'analyse en sous-groupes ; nous avons exclu les deux études.
Post-édition : Marine Moser (M2 ILTS, Université Paris Diderot)