Question de la revue
Nous avons examiné les preuves concernant les effets des interventions d'auto-prise en charge incluant des plans d'action indiquant comment se comporter si les symptômes de la BPCO s'aggravent. En particulier, nous avons examiné les effets sur la qualité de vie liée à la santé et sur les hospitalisations liées à des maladies pulmonaires chez les personnes ayant une BPCO.
Contexte
Les personnes ayant une BPCO, une affection pulmonaire chronique, ont des symptômes s'aggravant au fil du temps, ce qui conduit à une diminution de leur bien-être (on parle également de réduction de la qualité de vie liée à la santé, ou QVLS). Les interventions d'auto-prise en charge chez les personnes ayant une BPCO impliquent d'apprendre comment se comporter dans différentes situations, par exemple lorsque les symptômes de l'affection s'aggravent et de développer des compétences ainsi que de modifier le comportement en matière de santé afin de réussir à gérer l'affection. Les plans d'action décrivent ce que les personnes peuvent faire lorsque les symptômes de la BPCO s'aggravent.
L'efficacité des plans d'action indiquant comment se comporter lorsque les symptômes de la BPCO s'aggravent est insuffisamment établie. Les plans d'action sont devenus une partie centrale de la prise en charge de la BPCO et ceux-ci sont très souvent inclus dans les programmes d'auto-prise en charge de la BPCO.
Date de la recherche
Nous avons réalisé des recherches jusqu'en mai 2016.
Les caractéristiques de l'étude
Nous avons inclus 22 études, portant sur un total de 3 854 participants, évaluant les effets des interventions d'autogestion comprenant un plan d'action. Toutes les études présentaient des groupes témoins ayant reçu les soins habituels. Le suivi était d'une durée de deux à 24 mois.
Principaux résultats
Les interventions d'auto-prise en charge incluant un plan d'action concernant les aggravations des symptômes de la BPCO ont amélioré la qualité de vie liée à la santé, en comparaison avec les soins habituels (preuves de haute qualité). Le nombre de personnes ayant été admises au moins une fois à l'hôpital pour une raison liée à une maladie pulmonaire était réduit chez les personnes ayant participé à une intervention d'auto-prise en charge (preuves de qualité modérée). Il y avait une augmentation très faible mais statistiquement significative des décès pour causes respiratoires dans les groupes d'auto-prise en charge (preuves de très faible qualité).
Les études incluses ont examiné des interventions d'auto-prise en charge ayant des contenus et des plans d'action différents. Les populations d'étude différaient également.
Bien que nous n'ayons pas réussi à identifier les composantes les plus efficaces, nous avons constaté qu'inclure un programme de sevrage tabagique semblait être efficace pour améliorer la qualité de vie liée à la santé.
La qualité des preuves
Les preuves incluses dans cette revue sont fiables, et les preuves pour les principaux résultats sont de qualité modérée à élevée.
Les interventions d'auto-prise en charge incluant un plan de gestion des exacerbations de la BPCO sont associés à des améliorations de la QVLS, mesurée au moyen du SGRQ, et à une plus faible probabilité d'être admis à l'hôpital pour causes respiratoires. Aucun excès au niveau du risque de mortalité toutes causes confondues n'a été observé, mais une analyse exploratoire a montré un faible taux de mortalité pour causes respiratoires, quoique légèrement supérieur dans le groupe d'auto-prise en charge par rapport aux soins habituels.
Nous encourageons les auteurs des futures études à seulement utiliser des plans d'action comprenant des interventions d'auto-prise en charge répondant aux prérequis décrits dans l'intervention d'auto-prise en charge de la BPCO la plus récente. Afin d'augmenter la transparence, les auteurs des futures études devraient également fournir des informations plus détaillées à propos des interventions fournies. Cela pourrait aider à guider de futures analyses en sous-groupes et augmenter la capacité à fournir des recommandations plus solides concernant les interventions d'auto-prise en charge efficaces incluant des plans d'action pour la gestion des EABPCO. Pour des raisons de sécurité les plans d'action pour l'auto-prise en charge de la BPCO devraient prendre en compte les comorbidités lorsque ceux-ci sont utilisés dans la population générale des personnes ayant une BPCO présentant des comorbidités. Bien que nous n'ayons pas pu évaluer cette stratégie dans cette revue, on peut s'attendre à ce qu'elle améliore la sécurité des interventions d'auto-prise en charge. Nous suggérons également d'impliquer des comités de surveillance des données et de la sécurité dans les futures études portant sur l'auto-prise en charge de la BPCO.
Les interventions d'auto-prise en charge de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) devraient être structurées tout en étant personnalisées et inclure des composantes multiples, dans le but de motiver, et d'aider les personnes à adapter positivement leur(s) comportement(s) et à développer des compétences leur permettant de mieux gérer leur affection. Les plans d'action concernant les exacerbations sont considérés comme étant une composante clé des interventions d'auto-prise en charge de la BPCO. Les études évaluant ces interventions montrent des résultats contradictoires. Dans cette revue Cochrane, nous avons comparé l'efficacité des interventions d'auto-prise en charge de la BPCO incluant des plans d'action pour les exacerbations aiguës la BPCO (EABPCO) par rapport aux soins habituels.
Évaluer l'efficacité des interventions d'auto-prise en charge spécifiques à la BPCO incluant un plan d'action pour les exacerbations de la BPCO par rapport aux soins habituels en termes de qualité de vie liée à la santé, d'hospitalisations pour causes respiratoires et d'autres résultats relatifs à la santé.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé des essais du groupe Cochrane sur les Voies Respiratoires, dans des registres d'essais cliniques et dans les références bibliographiques des études incluses jusqu'en mai 2016.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés évaluant une intervention d'auto-prise en charge pour les personnes ayant une BPCO publiés depuis 1995. Pour être éligibles pour l'inclusion, l'intervention d'auto-prise en charge devait inclure un plan d'action écrit pour la gestion des EABPCO ainsi qu'un processus itératif entre le participant et le(s) prestataire(s) de soins de santé au travers duquel un feedback avait été offert. Nous avons exclu les programmes de prise en charge de l'affection classés comme étant de la réhabilitation pulmonaire ou des séances d'exercice offerts dans un hôpital, dans un centre de rééducation, ou en milieu communautaire afin d'éviter autant que possible le chevauchement avec la réhabilitation pulmonaire.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué la qualité des essais et extrait les données. Nous avons résolu les désaccords en atteignant un consensus ou à l'aide d'un troisième auteur de la revue. Les auteurs des études ont été contactés afin d'obtenir des informations supplémentaires et des données de résultat manquantes lorsque cela était possible. Lorsque cela était approprié, les résultats des études ont été combinés à l'aide d'une méta-analyse à effets aléatoires. Les critères de jugement principaux de la revue étaient la qualité de vie liée à la santé (QVLS) et le nombre d'admissions à l'hôpital pour causes respiratoires.
Nous avons inclus 22 études portant sur 3 854 participants ayant une BPCO. Les études ont comparé l'efficacité d'interventions d'auto-prise en charge de la BPCO incluant un plan d'action pour les EABPCO par rapport aux soins habituels. La durée du suivi allait de deux à 24 mois et le contenu des interventions variait.
Sur une durée de 12 mois, un effet bénéfique statistiquement significatif en faveur des interventions d'auto-prise en charge incluant des plans d'action a été trouvé sur la QVLS, mesurée au moyen du score total sur le questionnaire respiratoire de St George (SGRQ), dans lequel un score inférieur représente une meilleure QVLS. Nous avons trouvé une différence moyenne par rapport aux soins habituels de -2,69 points (IC à 95 % -4,49 à -0,90 ; 1 582 participants ; 10 études ; preuves de haute qualité). Les participants dans le groupe intervention présentaient un risque plus faible et statistiquement significatif d'être admis à l'hôpital au moins une fois pour causes respiratoires par rapport aux participants ayant reçu les soins habituels (RC 0,69, IC à 95 % 0,51 à 0,94 ; 3 157 participants ; 14 études ; preuves de qualité modérée). Le nombre de sujets à traiter pour prévenir une admission à l'hôpital pour causes respiratoires sur un an était de 12 (IC à 95 % 7 à 69) pour les participants ayant un haut risque de base et de 17 (IC à 95 % 11 à 93) pour les participants présentant un faible risque de base (sur la base de sept études avec le risque de base le plus élevé et le plus faible, respectivement).
Il n'y avait aucune différence statistiquement significative au niveau de la probabilité d'être admis au moins une fois à l'hôpital pour toutes causes entre le groupe d'auto-prise en charge par rapport au groupe recevant les soins habituels (RC 0,74, IC à 95 % 0,54 à 1,03 ; 2467 participants ; 14 études ; preuves de qualité modérée). En outre, nous n'avons observé aucune différence statistiquement significative concernant le nombre de jours d'hospitalisation pour toutes causes confondues, les visites aux urgences, les visites chez le médecin traitant, et les scores de dyspnée tels que mesurés au moyen de l'échelle (modifiée) du Medical Research Council questionnaire for self-management entre les participants du groupe d'auto-prise en charge et les participants recevant les soins habituels. Aucun effet statistiquement significatif lié à l'auto-prise en charge n'a été observé sur le nombre d'exacerbations de la BPCO et aucune différence en termes de mortalité toutes causes confondues n'a été observée (DR 0,0019, IC à 95 % -0,0225 à 0,0263 ; 3296 participants ; 16 études ; preuves de qualité modérée). Une analyse exploratoire a montré un taux de mortalité pour causes respiratoires très faible, mais significativement plus élevé dans le groupe d'auto-prise en charge par rapport au groupe recevant les soins habituels (DR 0,028, IC à 95 % 0,0049 à 0,0511 ; 1219 participants ; 7 études ; preuves de très faible qualité).
Des analyses en sous-groupes ont montré des améliorations significatives au niveau de la QVLS avec les interventions d'auto-prise en charge incluant un programme de sevrage tabagique (DM -4,98, IC à 95 % -7,17 à -2,78) par rapport aux études sans programme de sevrage tabagique (DM -1,33, IC à 95 % -2,94 à 0,27, test pour les différences en sous-groupes : Chi ² = 6,89, df = 1, P = 0,009, I ² = 85,5 %). Le nombre de sets de techniques de changement du comportement intégrés dans les interventions d'auto-prise en charge, la durée des interventions et l'adaptation des médicaments d'entretien dans le cadre du plan d'action n'ont pas eu d'effet sur la QVLS. Les analyses en sous-groupes n'ont pas détecté de variables pouvant potentiellement expliquer les différences au niveau du nombre d'admissions à l'hôpital pour causes respiratoires entre les études.
Traduction réalisée par Martin Vuillème