Contexte
Il existe différents types de cancers du poumon. L'un de ceux-ci est connu sous le nom de cancer bronchique à petites cellules. Le cancer bronchique à petites cellules est considéré comme étant en phase limitée lorsqu'il est encore situé dans la poitrine ou en stade avancé s'il s'est propagé au-delà de la poitrine. Actuellement, la chimiothérapie et la radiothérapie sont recommandées pour le traitement du cancer bronchique à petites cellules en phase limitée si celui-ci est encore localisé et ne s'étend pas au-delà d'un côté de la poitrine.
Question de la revue
Nous voulions déterminer si les personnes ayant un cancer bronchique à petites cellules ne s'étendant pas au-delà de la poitrine vivent plus longtemps avec une opération ayant pour objectif d'éliminer la tumeur, que celle-ci soit accompagnée d'une chimiothérapie et/ou d'une radiothérapie, de ces deux options à la fois ou sans celles-ci, par rapport à la chimiothérapie, avec ou sans radiothérapie.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons recherché des essais cliniques jusqu'au 11 janvier 2017, et nous avons inclus trois études portant sur 330 personnes ayant reçu un diagnostic de cancer bronchique à petites cellules sans propagation hors de la poitrine. Certains participants ont réalisé une opération chirurgicale seulement et d'autres non. En outre, certains ont reçu une chimiothérapie et une radiothérapie en plus de l'opération, et certains ont reçu une chimiothérapie et une radiothérapie sans opération chirurgicale. Nous avons recherché une différence au niveau de la durée de vie des participants, et si leur traitement avait provoqué des effets secondaires.
Principaux résultats
Les données étaient toutes de très faible qualité. Les trois études étaient très différentes de sorte qu'elles n'ont pas pu être combinées. Une étude a rapporté que les personnes vivaient plus longtemps sans chirurgie (mais avec la radiothérapie) par rapport à la chirurgie seule. Une étude a rapporté que 4 % des participants étaient en vie deux ans après avec la chirurgie par rapport à 10 % des participants avec la radiothérapie. Une étude a rapporté que 52 % des participants étaient en vie avec la chirurgie par rapport à 18 % des participants avec la radiothérapie. Ces preuves ne permettent pas de recommander la chirurgie chez les personnes ayant un cancer bronchique à petites cellules, mais la qualité des données est faible et celles-ci datent de plus de 20 ans. Des essais de meilleure qualité sont nécessaires pour comparer correctement la chirurgie à l'absence de chirurgie chez les personnes ayant un cancer bronchique à petites cellules.
Qualité des preuves
Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant les catégories suivantes : qualité très faible, faible, modérée ou élevée. Des preuves de très faible qualité signifient que les résultats sont incertains. Des preuves de qualité élevée signifient que nous avons hautement confiance concernant les résultats. Dans cette revue Cochrane, nous avons découvert que la qualité des preuves était très faible pour tous les résultats des études. Nous n'avons pas pu combiner les essais car ceux-ci étaient tous très différents, et les essais étaient très anciens. Certains essais ne fournissaient pas suffisamment d'informations quant à leur qualité.
Les preuves issues d'ECR actuellement disponibles ne permettent pas d'établir que la résection chirurgicale a un rôle dans la prise en charge du cancer bronchique à petites cellules en stade local ; cependant, nos conclusions sont limitées par la qualité des preuves disponibles et par le manque de données contemporaines. Il est possible que les résultats des essais inclus dans cette revue ne soient pas généralisables à des personnes ayant un CBPC de stade 1 soigneusement sélectionnées à l'aide de méthodes de stadification contemporaines. Bien que certaines directives recommandent actuellement la résection chirurgicale pour les CBPC de stade 1, des essais contrôlés randomisés prospectifs sont nécessaires pour déterminer s'il existe un quelconque bénéfice en termes de mortalité à court et à long terme et de qualité de vie par rapport à une chimio-radiothérapie seule.
Les directives de traitement actuelles pour le stade local du cancer bronchique à petites cellules (CBPC) recommandent une chimio-radiothérapie concomitante à base de platine associée à l'irradiation crânienne prophylactique, en se basant sur le postulat que le CBPC se propage de manière précoce et est chimiosensible. Cependant, bien qu'il existe généralement une réponse initiale favorable, la récidive est courante et le taux de guérison pour les CBPC en phase limitée reste relativement faible. Certaines directives récentes pour la pratique clinique ont recommandé la chirurgie pour les CBPC de stade 1 (localisé) suivie d'une chimiothérapie adjuvante, mais cette recommandation est largement basée sur les résultats d'études observationnelles.
Déterminer si, chez des personnes ayant un CBPC en phase limitée, la résection chirurgicale du cancer améliore la survie globale et les décès liés au traitement par rapport à une radiothérapie ou une chimiothérapie, ou une combinaison de la radiothérapie et de la chimiothérapie, ou à de meilleurs soins palliatifs.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, CINAHL et Web of Science jusqu'au 11 janvier 2017. Nous avons effectué une recherche manuelle dans des articles de revue, des registres d'essais cliniques et dans les références bibliographiques des articles identifiés.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur des adultes présentant un diagnostic de CBPC en phase limitée, confirmé par cytologie ou histologie, et évaluation radiologique, considéré comme étant médicalement approprié pour une résection et une radiothérapie radicale, ayant randomisé les participants à la chirurgie par rapport à n'importe quelle autre intervention.
Nous avons importé les études identifiées par la recherche dans une base de données de gestion de références. Nous avons obtenu la version intégrale des études pertinentes, et deux auteurs de la revue ont extrait les données de manière indépendante. Les critères de jugement principaux étaient la survie globale et les décès liés au traitement ; et les critères de jugement secondaires incluaient la progression loco-régionale, la qualité de vie et les événements indésirables.
Nous avons inclus trois essais totalisant 330 participants. Nous avons estimé que la qualité des preuves était très faible pour tous les critères de jugement. La qualité des données était limitée par le manque de notification de résultats complets, le risque incertain de biais dans les méthodes des études et l'âge de celles-ci (> 20 ans). Les méthodes d'évaluation du stade du cancer et le types de procédures chirurgicales ne reflétant pas la pratique actuelle, notre confiance dans l'estimation de l'effet est réduite.
Deux études ont comparé la chirurgie à une radiothérapie, et dans une étude la chimiothérapie était administrée aux deux bras. Une étude a administré une chimiothérapie initiale, puis les participants répondant au traitement ont été randomisés et assignés au groupe chirurgie ou témoin ; suite à quoi les deux groupes ont réalisé une irradiation thoracique et de l'ensemble du cerveau.
En raison de l'hétérogénéité clinique des essais, nous n'avons pas été en mesure de combiner les résultats pour la méta-analyse.
Les trois études avaient rendu compte de la survie globale. Une étude a rapporté une survie globale moyenne de 199 jours dans le groupe de la chirurgie, par rapport à 300 jours dans le groupe radiothérapie (P = 0,04). Une étude a rapporté une survie globale de 4 % dans le groupe de la chirurgie, comparé à 10 % dans le groupe de la radiothérapie après deux ans. À l'inverse, une étude rapportait la survie globale au bout de deux ans comme étant de 52 % dans le groupe chirurgie, comparé à 18 % dans le groupe de la radiothérapie. Cependant, cette différence n'était pas statistiquement significative (P = 0,12).
Une étude a rapporté une mortalité postopératoire précoce de 7 % pour le groupe de la chirurgie, par rapport à une mortalité de 0 % dans le bras de la radiothérapie. Une étude a rapporté un degré de différence moyenne de la dyspnée de −1,2 en comparant l'intervention chirurgicale à la radiothérapie, indiquant que les participants réalisant une radiothérapie sont plus susceptibles de souffrir de dyspnées. Ce résultat a été mesuré à l'aide d'une échelle non-validée.
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France