Certaines revues Cochrane examinent les effets des différentes manières utilisées pour arrêter les antidépresseurs, plutôt que de commencer un traitement. Une nouvelle revue datant d’avril 2021 examine cette question chez les adultes qui ont pris des antidépresseurs depuis un certain temps. Kelly Steenackers, médecin généraliste, a traduit et enregistré ce text.
Certaines revues Cochrane examinent les effets des différentes manières utilisées pour arrêter les antidépresseurs, plutôt que de commencer un traitement. Une nouvelle revue datant d’avril 2021 examine cette question chez les adultes qui ont pris des antidépresseurs depuis un certain temps. Kelly Steenackers, médecin généraliste, a traduit et enregistré ce text.
Les antidépresseurs sont souvent prescrits aux patients souffrant de dépression ou d'anxiété et il leur est recommandé de continuer de les prendre pendant six mois après l’atténuation de leurs symptômes lorsqu’il s'agit d'un premier épisode, ou pendant deux ans s'ils sont à haut risque.
Cependant, de nombreuses personnes continuent de prendre des antidépresseurs pendant plusieurs années, voire des décennies, et cette utilisation inutile à long terme explique en grande partie l'augmentation de la consommation d'antidépresseurs observée au niveau international. Ainsi, des recherches menées auprès d’utilisateurs d'antidépresseurs suggèrent que pour 30 à 50 % des antidépresseurs prescrits à long terme, il n'y a pas d'indication scientifiquement valable. Les personnes concernées risquent ainsi de subir des effets indésirables tels que des troubles du sommeil, une prise de poids, des dysfonctionnements sexuels, une baisse du taux de sodium sanguin et des effets gastro-intestinaux (tels que la diarrhée et la constipation). Cela peut également les amener à se sentir émotionnellement engourdies et incapables de faire face aux problèmes de la vie sans médicaments. Il est donc important d'envisager l'arrêt des antidépresseurs lorsqu’ils ne sont plus indiqués, et notre étude tente de trouver les moyens d'y parvenir.
Ils ont recherché des preuves pour informer les cliniciens et leurs patients adultes sur les approches efficaces et sûres pour arrêter la prise à long terme d’antidépresseurs. Les recherches ont révélé 33 études randomisées, incluant au total un peu moins de 5.000 participants, toutes les études présentant un risque élevé de biais. Dans presque toutes les études, les patients ont été recrutés dans des services de santé mentale spécialisés et la plupart des participants avaient connu deux épisodes ou plus.
Dans 13 études, l'antidépresseur a été arrêté brusquement, tandis que dans 18 études, une approche progressive (tapered approach) a été utilisée, en réduisant la dose graduellement sur une période d’environ 4 semaines ou moins. Quatre études ont proposé un soutien psychologique pendant le sevrage progressif du traitement, et dans une étude réalisée en médecine générale, l'arrêt du traitement a été sollicité par le biais d’une lettre adressée au généraliste avec des instructions pour le sevrage progressif du traitement.
Nous avons examiné les avantages (tels que le taux d'arrêt réussi) et les inconvénients (tels que le retour des épisodes dépressifs ou anxieux, les effets indésirables et les manifestations de sevrage). Cela n’a fourni que très peu de preuves que l’arrêt brusque ou des schémas de sevrage courts peuvent présenter un risque plus élevé de rechute. Il existe également des preuves très faibles à faibles qu’un soutien psychologique peut aider certaines personnes à arrêter leur antidépresseur, mais il n’y a pas de différence dans les taux de rechute.
En général, les études n'avaient pas signalé l'apparition de symptômes de sevrage, et comme ceux-ci peuvent ressembler aux symptômes de rechute de la dépression, il est possible que la "rechute" signalée était liée aux effets du sevrage, ce qui est un phénomène temporaire.
Il est de plus en plus évident que l’arrêt d’un traitement antidépresseur à long terme nécessite un schéma progressif très lent sur plusieurs mois, avec de très petites réductions de la dose à chaque étape, plutôt qu’une réduction plus rapide sur plusieurs semaines, comme utilisée dans les études incluses.
En conclusion, il existe un besoin urgent d'études qui prennent en compte de manière adéquate les biais de confusion des symptômes de sevrage et qui font la distinction entre la rechute et les symptômes de sevrage en utilisant des schémas lents et de réduction progressive.
Les études futures devraient également inclure des participants qui n'ont connu qu’un seul ou aucun épisode de dépression dans le passé, car ces patients sont souvent vus en première ligne, où la plupart des antidépresseurs sont prescrits. L’absence de recherche sur les patients plus âgés et sur les personnes prenant des antidépresseurs en raison de leur anxiété doit également être complétée par de nouvelles études, afin de fournir des preuves qui pourraient justifier l’arrêt des antidépresseurs dans ces groupes.
Si vous souhaitez plus d’informations sur les études qui ont été réalisées ainsi que les mises à jour de la revue, vous pouvez accéder à la revue complète en ligne. Si vous vous rendez sur Cochrane Library.com et que vous recherchez 'approaches for discontinuation of antidepressants', vous verrez un lien vers la revue.