Contexte
L'épilepsie est un trouble qui se caractérise par des crises récurrentes causées par des décharges électriques anormales dans le cerveau. Les données issues d'essais cliniques contrôlés randomisés (essais cliniques bien conçus dans lesquels des personnes sont affectées au hasard pour tester un médicament, un traitement ou une autre intervention spécifique) sont souvent utilisées pour examiner l'efficacité et la sécurité des médicaments antiépileptiques chez les personnes qui subissent de telles crises. Cette revue comprenait 12 études et des données provenant de 2607 personnes ayant des crises focales (crises survenant dans une seule partie du cerveau).
Caractéristiques des études
Les données de six études ont été combinées dans l'analyse. Tous les participants (adultes et enfants compris) prenaient auparavant au moins un médicament antiépileptique et tous continuaient à avoir des crises. La gabapentine (un médicament antiépileptique) ou un placebo (un comprimé ne contenant aucun médicament) a été ajouté au régime médicamenteux.
Résultats principaux
Les résultats ont montré que la gabapentine réduisait efficacement les crises lorsqu'elle est administrée comme traitement additionnel. Comparée à un placebo, la gabapentine était presque deux fois plus susceptible de réduire les crises de 50% ou plus. Les effets secondaires les plus fréquemment associés à la gabapentine étaient l'ataxie (mauvaise coordination et démarche instable), les vertiges, la fatigue et la somnolence.
Qualité des données probantes
Dans l'ensemble, la qualité des données probantes était faible à modérée, car les informations n'ont pas été communiquées pour tous les participants à certains essais et certains résultats étaient imprécis. Des recherches sont nécessaires pour étudier les effets de l'utilisation à long terme de la gabapentine et pour comparer la gabapentine à d'autres médicaments d'appoint.
Les données probantes sont à jour jusqu'au 11 août 2020.
La gabapentine est efficace comme traitement d'appoint chez les personnes atteintes d'épilepsie focale résistante aux médicaments, et semble être assez bien tolérée. Toutefois, les essais examinés s'étendaient sur une durée relativement courte et n’ont pas fourni de données probantes concernant l'efficacité à long terme (période de plus de trois mois) de la gabapentine. Ces résultats ne peuvent pas être extrapolés à une monothérapie ou à des personnes souffrant d'autres types d'épilepsie. D'autres essais sont nécessaires pour évaluer les effets à long terme de la gabapentine, et pour comparer la gabapentine à d'autres médicaments d'appoint.
Il s'agit d'une version mise à jour de la revue Cochrane publiée précédemment en 2018.
L'épilepsie est un trouble neurologique courant caractérisé par des crises récurrentes. La plupart des personnes épileptiques ont un bon pronostic et leurs crises sont bien contrôlées par un seul médicament antiépileptique, mais jusqu'à 30% développent une épilepsie résistante aux médicaments, en particulier les personnes souffrant de crises focales. Dans cette revue, nous avons résumé les résultats d'essais contrôlés randomisés (ECR) sur la gabapentine, lorsqu'elle était utilisée comme traitement d’appoint dans l'épilepsie focale pharmacorésistante.
Évaluer l'efficacité et la tolérance de la gabapentine lorsqu'elle est utilisée comme traitement d'appoint chez les personnes souffrant d'épilepsie focale résistante aux médicaments.
Pour la dernière mise à jour, nous avons effectué une recherche dans le Registre des études Cochrane (CRS Web) et MEDLINE (Ovid) le 11 août 2020. CRS Web comprend des essais contrôlés randomisés ou quasi randomisés de PubMed, Embase, ClinicalTrials.gov, le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) et les registres spécialisés des groupes Cochrane y compris le groupe sur l’épilepsie. Nous n'avons imposé aucune restriction de langue.
Essais randomisés en double aveugle, contrôlés par placebo, concernant l'adjonction de gabapentine chez des personnes atteintes d'épilepsie focale réfractaire aux médicaments. Nous avons également inclus des essais utilisant un groupe de contrôle actif ou comparant différentes doses de gabapentine.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les essais à inclure et extrait les données pertinentes. Nous avons étudié les critères de jugements suivants : fréquence des crises, arrêt des crises, arrêt du traitement (pour quelque raison que ce soit) et effets indésirables. Les analyses principales ont été effectuées en intention de traiter. Nous avons également effectué des analyses de sensibilité pour un scénario optimiste et pessimiste. Nous avons estimé les risques relatifs (RR) globaux pour chaque critère de jugement et évalué la relation dose-réponse dans les modèles de régression.
Nous n'avons pas identifié de nouvelles études pour cette mise à jour, par conséquent, les résultats et les conclusions sont inchangés.
Dans la précédente mise à jour de cette revue, nous avons combiné les données de six essais dans des méta-analyses portant sur 1206 participants randomisés. Le risque relatif global (RR) pour une réduction de la fréquence des crises de 50 % ou plus par rapport au placebo était de 1,89 (intervalle de confiance (IC) à 95 % 1,40 à 2,55 ; 6 études, 1206 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). L'analyse de régression de dose (pour les essais chez les adultes) a montré que l'efficacité augmentait avec la dose, avec 25,3 % (IC à 95 % 19,3 à 32,3) des personnes répondant à la gabapentine 1800 mg contre 9,7 % sur le placebo, soit une augmentation de 15,5 % du taux de réponse (IC à 95 % 8,5 à 22,5). Le RR pour l'arrêt du traitement par rapport au placebo était de 1,05 (IC à 95 % 0,74 à 1,49 ; 6 essais, 1206 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Comparés au placebo, les effets indésirables étaient significativement liés à la gabapentine. Les RR étaient les suivants : ataxie 2,01 (IC à 99 % 0,98 à 4,11 ; 3 études, 787 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible), étourdissements 2,43 (IC à 99 % 1,44 à 4,12 ; 6 études, 1206 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré), fatigue 1.95 (IC à 99 % 0,99 à 3,82 ; 5 études, 1161 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et somnolence 1,93 (IC à 99 % 1,22 à 3,06 ; 6 études, 1206 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Il n'y avait pas de données probantes indiquant des différences dans les effets indésirables : les céphalées (RR 0,79, IC à 99 % 0,46 à 1,35 ; 6 études, 1206 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ou les nausées (RR 0,95, IC à 99 % 0,52 à 1,73 ; 4 essais, 1034 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Dans l'ensemble, les études présentaient un risque de biais faible à incertain en raison de l'absence d'informations sur chaque domaine de risque de biais. Nous avons jugé le niveau de confiance globale des données probantes (en utilisant l'approche GRADE) comme étant faible à modérée en raison du biais d'attrition potentiel résultant de données manquantes sur les critères de jugement et de résultats imprécis avec des IC larges.
Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr