Le sulfate de magnésium est plus efficace qu'un cocktail lytique dans la prévention de la mortalité maternelle, de crises ultérieures, d'une dépression respiratoire, d'un coma et d'une pneumonie chez les femmes enceintes atteintes d'éclampsie.
La pré-éclampsie, aussi connue sous le nom de « toxémie », est une affection provoquant une augmentation de la pression artérielle et des protéines dans l'urine. L'éclampsie survient lorsqu'une femme enceinte atteinte de pré-éclampsie a souffert d'une ou de plusieurs crises. L'éclampsie met gravement en danger la vie de la mère et de son bébé. Nous avons identifié trois essais randomisés, impliquant 397 femmes atteintes d'éclampsie qui ont été aléatoirement assignées à un traitement par sulfate de magnésium ou à une mixture lytique, composée de chlorpromazine, de prométhazine et de péthidine, qui diminue la pression artérielle et sert de sédatif. Ces deux médicaments pouvaient être administrés par injection intraveineuse ou intramusculaire. Malgré la petite taille et la qualité moyenne des essais, cette revue a permis de déterminer que le sulfate de magnésium était plus efficace qu'un cocktail lytique dans la prévention de la mortalité maternelle, de crises ultérieures, de problèmes respiratoires et du coma chez la mère. Le sulfate de magnésium est aussi relativement peu onéreux et facile à administrer. Ses effets indésirables proviennent en grande partie de son activité relaxante des muscles lisses ; les cas de dépression respiratoire varient selon la dose et, grâce à une surveillance de l'état de santé de la mère, sont rares.
Le sulfate de magnésium, plutôt qu'un cocktail lytique, administré aux femmes souffrant d'éclampsie, réduit le RR de mortalité maternelle, de crises ultérieures et de morbidité maternelle grave (dépression respiratoire, coma, pneumonie). Le sulfate de magnésium est l'anticonvulsivant de choix pour les femmes souffrant d'éclampsie ; l'administration d'un cocktail lytique doit être abandonnée.
L'éclampsie, déclenchement d'une crise liée à la pré-éclampsie, est une complication rare mais grave de la grossesse. Un certain nombre d'anticonvulsivants différents sont administrés pour contrôler les crises d'éclampsie et prévenir des crises ultérieures.
L'objectif de la présente revue était d'évaluer les effets du sulfate de magnésium par rapport à un cocktail lytique (composé généralement de chlorpromazine, de prométhazine et de péthidine) administré pour soigner les femmes souffrant d'éclampsie. Le sulfate de magnésium est comparé au diazépam et à la phénytoïne dans d'autres revues Cochrane.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (juillet 2010) et le registre Cochrane des essais contrôlés (The Cochrane Library 2010, numéro 2).
Des essais randomisés comparant le sulfate de magnésium (administration par voie intraveineuse ou intramusculaire) à un cocktail lytique chez des femmes diagnostiquées cliniquement avec une éclampsie.
Deux auteurs de la revue (L. Duley et D. Chou) ont évalué la qualité méthodologique des essais et extrait des données.
Nous avons inclus trois essais de petite taille (totalisant 397 femmes) et de qualité moyenne dans cette revue. Le sulfate de magnésium était lié à une baisse de la mortalité maternelle (risque relatif (RR) 0,14, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,03 à 0,59 ; 3 essais, 397 femmes) et était plus efficace dans la prévention d'autres crises (RR 0,06, IC à 95 % 0,03 à 0,12 ; 3 essais, 397 femmes) par rapport à un cocktail lytique. Le sulfate de magnésium était également lié à une baisse des cas de dépression respiratoire (RR 0,12, IC à 95 % 0,02 à 0,91 ; 2 essais, 198 femmes), de coma (RR 0,04, IC à 95 % 0,00 à 0,74 ; 1 essai, 108 femmes) et de pneumonie (RR 0,20, IC à 95 % 0,06 à 0,67 ; 2 essais, 307 femmes). Il n'y avait aucune différence notable au niveau du RR de mortalité infantile (RR 0,35, IC à 95 % 0,05 à 2,38, effets aléatoires ; 2 essais, 177 bébés).