Question de la revue
Nous avons passé en revue les preuves apportées par 12 études concernant l'effet des traitements de la toux au cours de la coqueluche.
Contexte
Notre but était de découvrir si certains médicaments sont efficaces pour traiter la toux au cours de la coqueluche. Ces médicaments comprenaient les immunoglobulines anticoquelucheuses (anticorps administrés pour accroître la résistance de l'organisme à la coqueluche) et les traitements déjà employés pour traiter les symptômes de l'asthme et du rhume des foins (antihistaminiques, salbutamol, corticoïdes). La coqueluche provoque des quintes de toux sévères accompagnées de bruits de "chant du coq" à l'inhalation profonde et de vomissements ; elle peut occasionner déshydratation et détresse respiratoire et justifier une hospitalisation. Notre but était de déterminer si certains médicaments sont efficaces pour réduire les quintes de toux dans la coqueluche. Nous avons également cherché à déterminer si ces médicaments réduisaient le bruit inspiratoire de "chant du coq", les vomissements, la cyanose (coloration bleue de la peau par manque d'oxygène), les complications graves (accidents vasculaires et crises épileptiques), les hospitalisations et leur durée ou la mortalité (par toutes causes). Nous avons en outre examiné les effets secondaires possibles de ces médicaments.
Caractéristiques des études
Les preuves sont à jour à la date de janvier 2014. Nous avons inclus dans la revue 12 études totalisant 578 participants. Dix de ces études portaient sur 448 enfants au total et deux sur un total de 130 adolescents et adultes. Cinq études comportaient une confirmation de la coqueluche par un test biologique chez tous les participants. Neuf études comparaient le médicament à un placebo (« faux médicament » ne contenant pas le principe actif étudié) et trois études comparaient un médicament à l'absence de traitement. Sept études concernaient des patients hospitalisés. Trois études indiquaient leurs dates de début et de fin ; une étude a recruté des participants pendant 14 mois, une autre 18 mois et une autre encore 31 mois.
Principaux résultats
Six études, portant sur 196 patients, rapportaient leurs résultats de façon suffisamment détaillée pour nous permettre de les examiner. D'après ces résultats, ni les antihistaminiques (une étude, 49 participants), ni l'immunoglobuline anticoquelucheuse (une étude, 24 participants) ni le salbutamol (deux études, 42 participants) n'ont réduit le nombre de quintes de toux chez les patients coquelucheux. Ni l'immunoglobuline anticoquelucheuse (une étude, 46 participants) ni les corticoïdes (une étude, 11 participants) n'ont réduit la durée des hospitalisations. Une étude rapporte des taux similaires d'effets secondaires chez les patients traités avec l'immunoglobuline anticoquelucheuse (4 %, urticaire) et un placebo (5 %, selles molles, douleurs et œdème cutané autour du point d'injection). Les études portant sur les antihistaminiques, le salbutamol et les corticoïdes ne rapportent aucun résultat concernant les effets secondaires. Aucune de ces six études ne rapportait de résultats sur les vomissements, la cyanose, les complications sérieuses, la mortalité ou les hospitalisations.
Qualité des preuves
La qualité des preuves était globalement faible et plusieurs des études datent déjà de quelques années. Trois essais seulement donnent des détails suffisants sur la manière dont le type de traitement a été caché à la fois aux participants et aux professionnels de santé. Les méthodes de comptage des quintes de toux et des "chants du coq" diffèrent également d'une étude à l'autre. Les estimations des effets des différents traitements manquent de précision en raison du petit nombre de participants pour lesquels des résultats sont disponibles. En outre, ces résultats ne sont pas toujours généralisables aux adultes ni au milieu communautaire car la plupart des études concernent des enfants et ont été menées sur des patients hospitalisés.
Les preuves sont insuffisantes pour tirer des conclusions sur l'efficacité des interventions concernant la toux dans les cas de coqueluche. D'autres essais de bonne qualité sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des traitements antitussifs possibles au cours de la coqueluche.
On compte environ 16 millions de cas de coqueluche par an dans le monde, surtout dans les pays à bas revenus. La morbidité de la coqueluche, chez l'enfant comme chez l'adulte, est en grande partie liée aux effets des quintes de toux paroxystiques. Les traitements proposés contre la toux comprennent les corticoïdes, les agonistes bêta 2 adrénergiques, les immunoglobulines spécifiques de la coqueluche, les antihistaminiques et éventuellement les antagonistes des récepteurs des leucotriènes (ARLT).
Évaluer l'efficacité et l'innocuité d'interventions visant à réduire la sévérité de la toux paroxystique dans les cas de coqueluche chez l'enfant et l'adulte.
Nous avons actualisé nos recherches dans registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, 2014, N° 1), qui contient le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les infections respiratoires aiguës, la base des résumés des revues systématiques hors Cochrane (DARE 2014, N° 2), consultée via la Bibliothèque Cochrane,MEDLINE (de 1950 au 30 janvier 2014), EMBASE (de 1980 au 30 janvier 2014), AMED (de 1985 au 30 janvier 2014), CINAHL (de 1980 au 30 janvier 2014) et LILACS (30 janvier 2014). Nous avons effectué des recherches sur Current Controlled Trials pour identifier des essais en cours.
Nous avons sélectionné des essais contrôlés randomisés (ECR) et des quasi-ECR portant sur toute intervention (à l'exclusion des antibiotiques et des vaccins) visant à supprimer la toux dans les cas de coqueluche.
Deux auteurs de la revue (SB, MT) ont sélectionné les essais, extrait les données et évalué la qualité de chaque essai pour cette revue indépendamment l'un de l'autre en 2009. Deux auteurs de la revue (SB, KW) ont passé en revue de façon indépendante des études supplémentaires, identifiées par les recherches actualisées de 2012 et 2014. Le critère de jugement principal était la fréquence des quintes de toux paroxystiques. Les critères de jugement secondaires étaient la fréquence des vomissements, la fréquence des quintes de toux, la fréquence de la cyanose (bleuissement), le développement de complications graves, la mortalité de toute origine, les effets secondaires dus aux médicaments, l'hospitalisation et la durée d'hospitalisation.
Nous avons inclus 12 essais avec différentes tailles d'échantillons (N = 9 à 135), incluant 578 participants et réalisés pour la plupart dans des pays à hauts revenus. Dix essais avaient recruté des enfants (N = 448 participants), deux autres des adolescents et des adultes (N = 130 participants). Trois essais seulement nous ont semblé d'une qualité méthodologique élevée (respectivement sur la diphénhydramine, l'immunoglobuline anticoquelucheuse et le montelukast). Les études incluses n'ont démontré de bénéfice statistiquement significatif pour aucune des interventions. Seuls six essais, portant sur un total de 196 participants, ont fourni des données suffisamment détaillées pour l'analyse. La diphénhydramine n'a pas changé les épisodes de toux ; la différence moyenne (DM) concernant les quintes de toux par 24 heures était de 1,9 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % - 4,7 à 8,5 (N = 49 participants dans une étude). Un essai portant sur l'immunoglobuline spécifique de la coqueluche a signalé une possible réduction moyenne de -3,1 quintes de toux par 24 heures (IC à 95 % -6,2 à 0,02, N = 47 participants), mais aucun changement concernant l'hospitalisation (DM -0,7 jour ; IC à 95 % -3,8 à 2,4, N = 46 participants). La déxaméthasone n'a pas démontré de diminution nette de la durée de l'hospitalisation (DM -3,5 jours ; IC à 95 % -15,3 à 8,4, N = 11 participants dans un essai) et le salbutamol n'a démontré aucun changement concernant les paroxysmes de toux par 24 heures (DM -0,2 ; IC à 95 % -4,1 à 3,7, N = 42 participants dans deux essais). Un essai comparant l'immunoglobuline anticoquelucheuse à un placebo (N = 47 participants) rapportait des données sur les événements indésirables : 4,3 % dans le groupe de traitement (éruptions cutanées) versus 5,3 % dans le groupe placebo (selles molles, douleurs et gonflement au site d'injection).
Traduction réalisée par Cochrane France