Question de la revue
Quelle est l'efficacité et l'innocuité d'une combinaison de l'hormone lutéinisante recombinante (rLH) et de l'hormone folliculo-stimulante recombinante (rFSH) par rapport à la rFSH seule pour la stimulation ovarienne chez les femmes subissant une fécondation in vitro (FIV) ou une injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (IICS) ?
Contexte
Dans les cycles ovariens naturels, l'hormone lutéinisante et l'hormone folliculo-stimulante (FSH) sont nécessaires à la maturation des follicules ovariens. L'une des nombreuses méthodes de stimulation dans les cycles de FIV ou IICS est la stimulation ovarienne avec l'utilisation de la rFSH en combinaison avec un analogue de l'hormone libératrice de gonadotrophine (GnRH). Les analogues de la GnRH empêchent la montée prématurée de l'hormone lutéinisante. Étant donné qu'ils privent les follicules en croissance de l'hormone lutéinisante, la question se pose de savoir si la supplémentation en hormone lutéinisante recombinante (rLH) pourrait augmenter les taux de naissances vivantes.
Les caractéristiques de l'étude
Nous avons trouvé 36 études contrôlées randomisées comparant les effets de la rLH combinée avec la rFSH avec les effets de la rFSH seule chez 8 125 femmes subissant une FIV / IICS. Cette revue est la mise à jour d'une précédente revue Cochrane publiée pour la première fois en 2007. Les résultats sont à jour en juin 2016. Seulement sept des 36 études indiquent clairement avoir été financées par le gouvernement ou des instituts de recherche. Six ont été financées par des laboratoires pharmaceutiques. Les autres n'ont pas précisé leur source de financement.
Résultats principaux
Aucune preuve nette de différence n'a été trouvée entre les effets de la rLH combinée avec la rFSH et les effets de la rFSH seule sur les taux de naissances vivantes ou de SHO. Les preuves utilisées pour ces comparaisons sont de très faible qualité pour les naissances vivantes et de faible qualité pour les SHO. Des preuves de qualité moyenne indiquent que l'utilisation de la rLH combinée avec la rFSH peut conduire à un plus grand nombre de grossesses en cours que la rFSH seule. D'autres preuves de qualité moyenne suggèrent qu'il y aurait peu ou pas de différence entre les groupes concernant les taux de fausses couches. Aucune preuve nette de différence n'a été démontrée entre les groupes concernant les taux d'annulation dus à une faible réponse ou à un SHO imminent, mais ces preuves sont de faible ou très faible qualité.
Nous en concluons que les preuves sont trop limitées pour encourager ou déconseiller les méthodes de stimulation incluant la rLH combinée avec la rFSH dans les cycles de FIV / IICS.
La qualité des preuves
Les preuves sont de qualité très faible à moyenne. Les principales limites sont les risques de biais (associés à un mauvais rapport des méthodes) et d'imprécision.
Aucune preuve nette de différence n'a été trouvée entre les effets de la rLH combinée avec la rFSH et les effets de la rFSH seule sur les taux de naissances vivantes ou de SHO. Les preuves utilisées pour ces comparaisons sont de très faible qualité pour les naissances vivantes et de faible qualité pour les SHO. Des preuves de qualité moyenne indiquent que l'utilisation de la rLH combinée avec la rFSH peut conduire à un plus grand nombre de grossesses en cours que la rFSH seule. D'autres preuves de qualité moyenne suggèrent qu'il y aurait peu ou pas de différence entre les groupes concernant les taux de fausses couches. Aucune différence n'a été démontrée entre les groupes concernant les taux d'annulation dus à une faible réponse ou à un SHO précoce, mais ces preuves sont de faible ou très faible qualité.
Nous en concluons que les preuves sont insuffisantes pour encourager ou déconseiller les méthodes de stimulation incluant la rLH combinée avec la rFSH dans les cycles de FIV / IICS.
L'une des différentes méthodes de stimulation ovarienne utilisées pour la fécondation in vitro (FIV) ou l'injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (IICS) est l'utilisation de l'hormone folliculo-stimulante recombinante (rFSH) combinée à un analogue de l'hormone libératrice de gonadotrophine (GnRH). Les analogues de la GnRH empêchent la montée prématurée de l'hormone lutéinisante. Étant donné qu'ils privent les follicules en croissance de l'hormone lutéinisante, la question se pose de savoir si la supplémentation en hormone lutéinisante recombinante (rLH) pourrait augmenter les taux de naissances vivantes. Cette revue est est la mise à jour d'une revue Cochrane ; la version originale a été publiée en 2007.
Comparer l'efficacité et l'innocuité d'une combinaison de l'hormone lutéinisante recombinante (rLH) et de l'hormone folliculo-stimulante recombinante (rFSH) pour la stimulation ovarienne par rapport à la rFSH seule chez les femmes subissant une fécondation in vitro / une injection de sperme intracytoplasmique (FIV / IICS).
Pour cette mise à jour, nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes en juin 2016 : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la gynécologie et la fertilité, CENTRAL, MEDLINE, Embase, CINAHL, PsycINFO ainsi que des registres d'études en cours, et examiné les références bibliographiques des articles retenus.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant les effets de la rLH combinée à la rFSH et de la rFSH seule dans les cycles de FIV / IICS.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études, évalué le risque de biais et extrait les données. Nous avons combiné les données pour calculer les rapports de cotes (RC) et les intervalles de confiance à 95 % (IC). Nous avons évalué l'hétérogénéité statistique à l'aide de la statistique I2. La qualité globale des preuves pour les principales comparaisons a été évaluée avec la méthode GRADE. Nos principaux critères d'évaluation ont été le taux de naissances vivantes et le taux d'apparition du syndrome d'hyperstimulation ovarienne (SHO). Les critères d'évaluation secondaires comprenaient le taux de grossesses en cours, le taux de fausses couches et les taux d'annulation (dus à une faible réponse ou à un SHO imminent).
Nous avons inclus 36 ECR (8 125 femmes). Les preuves sont de qualité très faible à moyenne. Les principales limites sont les risques de biais (associés à un mauvais rapport des méthodes) et d'imprécision.
Les taux de naissances vivantes : les preuves étaient insuffisantes pour démontrer une différence entre la rLH combinée avec la rFSH et la rFSH seule sur les taux de naissances vivantes (RC 1,32, IC à 95 % 0,85 à 2,06 ; n = 499 ; les études = 4 ; I2= 63 %, preuves de très faible qualité). Les preuves suggèrent un taux de naissances vivantes après le traitement avec la rFSH seule de 17 %, et entre 15 % et 30 % avec la rLH combinée avec la rFSH.
Le SHO : il pourrait n'y avoir que peu ou pas de différence entre la rLH combinée avec la rFSH et la rFSH seule sur les taux de SHO (RC 0,38, IC à 95 % 0,14 à 1,01 ; n = 2178 ; les études = 6 ; I2= 10 %, preuves de faible qualité). Les preuves suggèrent un taux de SHO après le traitement avec la rFSH seule de 1 %, et entre 0 % et 1 % avec la rLH combinée avec la rFSH.
Le taux de grossesses en cours : l'utilisation de rLH combinée avec la rFSH améliore probablement les taux de grossesses en cours par rapport à la rFSH seule (RC 1,20, IC à 95 % 1,01 à 1,42 ; les participants = 3 129 ; les études = 19 ; I2= 2 %, preuves de qualité moyenne). Les preuves suggèrent un taux de grossesses en cours après le traitement avec la rFSH seule de 21 %, et entre 21 % et 27 % avec la rLH combinée avec la rFSH.
Le taux de fausses couches : l'utilisation de rLH combinée avec la rFSH n'influence probablement que peu ou pas les taux de fausses couches, par rapport à la rFSH seule (RC 0,93, IC à 95 % 0,63 à 1,36 ; n = 1711 ; les études = 13 ; I2= 0 %, preuves de qualité moyenne). Les preuves suggèrent un taux de fausses couches après le traitement avec la rFSH seule de 7 %, et entre 4 % et 9 % après un traitement avec la rLH combinée avec la rFSH.
Les taux d'annulation : il n'y a probablement que peu ou pas de différence entre la rLH combinée avec la rFSH et la rFSH seule dans les taux d'annulation dus à une faible réponse (RC 0,77, IC à 95 % 0,54 à 1,10 ; n = 2251 ; les études = 11 ; I2= 16 %, preuves de faible qualité). Les preuves suggèrent un risque d'annulations dû à une faible réponse après le traitement avec la rFSH seule de 7 %, et entre 4 % et 7 % avec la rLH combinée avec la rFSH.
Nous ne savons pas si l'utilisation de rLH combinée avec la rFSH améliore les taux d'annulation dus à un SHO imminent par rapport à la rFSH seule. L'utilisation d'un modèle à effets fixes a suggéré un meilleur résultat dans le groupe de combinaison (RC 0,60, IC à 95 % 0,40 à 0,89 ; n = 2976 ; les études = 8 ; I2= 60 %, preuves de très faible qualité), mais l'utilisation d'un modèle à effets aléatoires n'a pas étayé la conclusion selon laquelle il existence une différence entre les groupes (RC 0,82, IC à 95 % 0,34 à 1,97).
Post-édition : Florence Haenel (M2 ILTS, Université Paris Diderot)