Les chercheurs de Cochrane Collaboration ont mené une revue de l'impact de la supervision des travailleurs de santé sur la qualité des soins de santé primaires dans les pays à faibles et moyens revenus. Après avoir recherché toutes les études pertinentes, ils ont identifié neuf études. Leurs conclusions sont résumées ci-dessous.
Supervision des travailleurs de santé
La supervision locale par des niveaux supérieurs du système de santé, tels que les sièges de district, est largement préconisée. La supervision est considérée comme le moyen de soutenir des travailleurs en soins de santé primaires souvent isolés et de garantir la qualité des services de santé fournis. Les visites de supervision exigent cependant la mise en place d'une logistique (temps et transport) qui peut être relativement coûteuse.
Les études de cette revue ont été menées dans neuf pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, tant en milieu rural qu'en milieu urbain. La plupart des études portaient sur la supervision des professionnels de santé (y compris des infirmiers, des sages-femmes, des agents de santé et des médecins), tandis que deux études examinaient l'effet de la supervision sur les travailleurs de santé communautaires ou non professionnels. Le nombre de visites de supervision allait généralement de une à six sur une période allant jusqu'à neuf mois.
Que se passe-t-il lorsque les travailleurs de santé font l'objet d'une supervision ?
La qualité des preuves était faible à très faible et les résultats des études étaient contrastés. Par rapport à l'absence de supervision, certaines études rapportaient un petit bénéfice de la supervision pour les pratiques et les connaissances des travailleurs de santé, tandis que d'autres études ne rapportaient aucun bénéfice ou n'étaient pas concluantes. Les effets de la supervision sur la qualité des services de santé primaires ne peuvent donc pas être établis avec certitude.
On ignore si la supervision peut réellement avoir un effet positif substantiel sur la qualité des soins de santé primaires dans les pays à faibles et moyens revenus. L'efficacité de la supervision à long terme n'est pas établie.
Les travailleurs en soins de santé primaires (SSP) travaillent souvent seuls ou en situation d'isolement. La supervision administrative des soins de santé est recommandée pour garantir la qualité des soins ; mais cela exige des superviseurs compétents, du temps et des ressources. Il est donc important d'évaluer les éventuels bénéfices de la supervision et la manière dont elle peut être mise en œuvre.
Étudier les effets de la supervision administrative des travailleurs de santé pour améliorer la qualité des SSP (comme le respect des protocoles ou la couverture des services) dans les pays à faibles et moyens revenus.
Nous avons consulté le registre Cochrane central des essais contrôlés (CENTRAL), 2011, Numéro 1, intégré à la Bibliothèque Cochrane www.thecochranelibrary.com, y compris le registre spécialisé du groupe de revue Cochrane sur l'efficacité des pratiques et l'organisation des soins (EPOC) (recherche effectuée le 10 mars 2011) ; MEDLINE, Ovid, de 1950 à la 1ère semaine de mars 2011 (recherche effectuée le 08 mars 2011) ; EMBASE, Ovid, de 1980 à la semaine 12 de 2011 (recherche effectuée le 08 mars 2011) ; CINAHL, Ebsco, de 1981 à nos jours (recherche effectuée le 10 mars 2011) ; LILACS, VHL (recherche effectuée le 10 mars 2011).
Les essais contrôlés randomisés, les études contrôlées avant-après et les études de séries chronologiques interrompues menées en SSP dans des pays à faibles et moyens revenus. La supervision inclut des visites sur le site effectuées par un service central du système de santé avec au moins une activité de supervision. Les études visant uniquement à améliorer les compétences cliniques des travailleurs en SSP ont été exclues.
Nous avons extrait les données à l'aide d'un formulaire prédéfini et évalué le risque de biais conformément aux critères d'EPOC en la matière. Les données sont présentées sous forme narrative sans combiner les effets des résultats car les études et les mesures de résultats étaient variées.
Neuf études étaient conformes aux critères d'inclusion : trois études comparaient une supervision à l'absence de supervision, cinq études comparaient une supervision accrue à une supervision de routine et une étude comparait une supervision moins intensive à une supervision de routine. La plupart des mesures de résultats étaient les scores associés aux pratiques et connaissances des prestataires ou à la satisfaction des prestataires ou des utilisateurs. La plupart étaient mesurées dans les neuf mois suivant la mise en place des interventions. Dans deux études comparant la supervision à l'absence de supervision, de petits bénéfices ont été observés pour les pratiques et les connaissances des prestataires. Pour les méthodes visant à accroître la supervision, nous avons identifié cinq études, dont deux portant sur une supervision de soutien fréquente rapportaient de petits bénéfices pour les performances des travailleurs. La seule étude examinant l'impact d'une supervision moins intensive n'apportait aucune preuve de l'impact de visites moins fréquentes sur l'utilisation des services. La qualité des preuves pour toutes les comparaisons et mesures de résultats était « faible » ou « très faible ».