Question de la revue
Nous avons examiné les preuves concernant les effets de l'oxygène par rapport à l'air sur l'essoufflement chez des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et présentant une diminution légère ou modérée des concentrations en oxygène dans le sang (hypoxémie).
Contexte
Les personnes souffrant de BPCO reçoivent parfois des prescriptions d'oxygénothérapie pour réduire la gravité de l'essoufflement. Cependant, l'utilisation d'oxygène chez les personnes n'ayant pas une concentration en oxygène réduite de manière majeure est controversée car on sait peu de choses sur son efficacité. En outre, l'oxygène est relativement coûteux et n'est pas administré sans risque, en particulier pour les fumeurs en raison du risque d'incendie.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons examiné la recherche publiée jusqu'au 12 juillet 2016. Nous avons inclus des études portant sur l'oxygénothérapie versus de l'air administré au moyen d'un masque nasal ou de lunettes à oxygène durant l'effort, en continu, « à la demande » au cours d'une période définie ou encore en dose rapide avant l'effort. Les participants étaient âgés de 18 ans ou plus, avaient reçu un diagnostic de BPCO, présentaient de faibles niveaux d'oxygène dans le sang et ne recevaient pas d'oxygénothérapie au long terme. Nous avons inclus un total de 44 études (1195 participants) dans cette revue. Par rapport à la revue précédente, qui a été publiée en 2011, nous avons ajouté 14 études (493 participants).
Résultats principaux
Nous avons constaté que l'oxygène peut réduire modérément la dyspnée. Pour être efficace, l'oxygène doit être administré pendant l'exercice. La plupart des études évaluaient l'oxygène administré au cours d'exercices et réalisaient les mesures en laboratoire. L'oxygénothérapie au cours de la vie quotidienne avait des effets incertains sur l'essoufflement et n'a pas clairement induit un changement de la qualité de vie des patients.
Qualité des preuves
Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant les niveaux suivants : très faible, faible, modérée ou élevée. Avec des preuves de très faible qualité, nous avions un haut niveau d'incertitude concernant les résultats. Avec des preuves de bonne qualité, nous pouvions avoir un très haut niveau de certitude concernant les résultats. Nous avons trouvé que la qualité des preuves concernant l'oxygène administré pour soulager l'essoufflement était faible à modérée. Nous pouvons affirmer avec une certitude modérée que l'oxygène peut soulager la dyspnée lorsqu'il est administré durant l'exercice pour les personnes souffrant de BPCO avec hypoxémie légère ou modérée. Cependant, la plupart des études ont rapporté des effets aigus au cours d'un test d'effort, et aucune preuve ne suggère que l'oxygène réduit l'essoufflement au cours de la vie quotidienne. Les résultats indiquent que l'oxygène n'affecte pas la qualité de vie liée à la santé (QVLS).
Nous pouvons affirmer avec une certitude modérée que l'oxygène peut soulager la dyspnée lorsqu'il est administré durant l'exercice pour les patients légèrement hypoxémiques et non hypoxémiques atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique qui n'auraient pas été éligibles pour une oxygénothérapie à domicile. La plupart des preuves sont reliées à des effets aigus lors des tests d'effort, et aucune preuve n'indique que l'oxygène diminue la dyspnée dans le contexte de la vie quotidienne. Les résultats montrent que l'oxygène n'affecte pas la qualité de vie liée à la santé.
L'essoufflement est un symptôme central de la maladie pulmonaire obstructive chronique (BPCO). L'oxygénothérapie au long terme (OLD) est administrée pour améliorer la survie chez les patients atteints de BPCO et présentant une hypoxémie sévère et chronique au repos. L'efficacité de l'oxygénothérapie pour l'essoufflement et la qualité de vie liée à la santé (QVLS) chez les personnes souffrant de BPCO et d'une éventuelle hypoxémie légère et qui ne remplissent pas les critères pour l'OLD n'est pas établie.
Déterminer l'efficacité de l'oxygène par rapport à l'air chez les personnes légèrement hypoxémiques ou non hypoxémiques atteintes de BPCO en termes de (1) essoufflement ; (2) QVLS ; (3) préférence du patient quant à la poursuite de la thérapie ; et (4) effets indésirables liés à l'oxygène.
Nous avons effectué des recherches dans le registre du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et EMBASE, jusqu'au 12 juillet 2016, pour les essais contrôlés randomisés (ECR). Nous avons effectué une recherche manuelle dans les références bibliographiques des articles inclus.
Nous avons inclus les ECR portant sur les effets de l'oxygène par voie non invasive par rapport à l'air quant à l'essoufflement, la QVLS ou la préférence du patient quant à la poursuite de la thérapie chez les personnes souffrant de BPCO et d'une hypoxémie légère ou absente (pression partielle d'oxygène (PaO2) > 7,3 kPa), qui ne recevaient pas déjà d'OLD. Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué les articles à inclure dans la revue.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment recueilli et analysé les données. Nous avons évalué le risque de biais en utilisant l'outil Cochrane « Risque de biais ». Nous avons combiné les effets enregistrés sur différentes échelles sous forme de différences moyennes standardisées (DMS) avec des intervalles de confiance à 95 % (IC) à l'aide de modèles à effets aléatoires. Les DMS inférieures indiquaient une diminution de l'essoufflement et une réduction de la QVLS. Nous avons effectué des sous-analyses et des analyses de sensibilité et évalué la qualité des preuves selon l'approche GRADE.
Par rapport à la revue précédente, qui a été publiée en 2011, nous avons inclus 14 études supplémentaires (493 participants), exclu une étude, et inclus des données pour la méta-analyse quant à la QVLS. Au total, nous avons inclus 44 études dans cette revue comprenant un total de 1195 participants, et nous avons inclus 33 de ces études (901 participants) dans la méta-analyse.
Nous avons constaté que l'essoufflement durant l'exercice ou les activités quotidiennes était réduit avec l'oxygène par rapport à l'air (32 études ; 865 participants ; DMS -0,34, IC à 95 % -0,48 à -0,21 ; I 2= 37 % ; preuves de faible qualité). Cela se traduit par une diminution de la dyspnée d'environ 0,7 points sur une échelle de notation numérique de 0 à 10. En revanche, nous n'avons trouvé aucun effet de l'oxygène rapidement administré en petite quantité avant l'exercice (quatre études ; 90 participants ; DMS de 0,01, IC à 95 % -0,26 à 0,28 ; I 2= 0 % ; preuves de faible qualité). L'oxygène réduisait l'essoufflement mesuré durant les tests d'effort (25 études ; 442 participants ; DMS -0,34, IC à 95 % -0,46 à -0,22 ; I2= 29 % ; preuves de qualité moyenne), tandis que les preuves d'un effet sur la dyspnée mesurées lors de la vie quotidienne étaient limitées (deux études ; 274 participants ; DMS -0,13, IC à 95 %, de -0,37 à 0,11 ; I 2= 0 % ; preuves de faible qualité).
L'oxygène n'a pas clairement affecté la QVLS (cinq études ; 267 participants ; DMS 0,10, IC à 95 % -0,06 à 0,26 ; I 2= 0 % ; preuves de faible qualité). Les préférences des patients et les événements indésirables n'ont pas pu être analysés en raison de données insuffisantes.
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France