Quelle est la question posée dans cette revue ?
Ceci est la première mise à jour de la revue Cochrane originale, dont l'objectif était de déterminer si les programmes de formation supplémentaire en soins d'urgence pouvaient améliorer la capacité des personnels de santé dans les pays pauvres à prendre soin des nouveau-nés et des enfants gravement malades admis à l'hôpital. Des chercheurs de la Collaboration Cochrane ont recherché toutes les études permettant de répondre à cette question et ont relevé deux études pertinentes.
Quels sont les principaux messages à retenir ?
Les auteurs de la revue suggèrent que la fourniture de formations supplémentaires en soins d'urgence aux professionnels de santé des pays pauvres améliore probablement leur capacité à prendre soin des nouveau-nés gravement malades. Nous avons besoin d'autres études de haute qualité, y compris des études dans lesquelles les professionnels de santé sont formés à prodiguer des soins à des enfants plus âgés qui sont gravement malades.
Contexte : former les professionnels de santé à prodiguer des soins aux bébés et aux enfants gravement malades
Dans les pays pauvres, de nombreux bébés et enfants atteints de maladies graves meurent même s'ils sont pris en charge à l'hôpital. Une des raisons à cela pourrait être que les personnels de santé de ces pays ne sont souvent pas correctement formés à prodiguer les soins dont ces enfants ont besoin.
Dans les pays pauvres, les enfants tombent souvent gravement malades en raison d'affections telles que la pneumonie, la méningite et la diarrhée, et peuvent nécessiter des soins d'urgence. Chez les nouveau-nés, la première cause des soins d'urgence est un manque d'oxygène pendant l'accouchement. Lorsqu'il persiste pendant un temps trop long, la personne qui accouche le bébé doit l'aider à respirer, et doit parfois rétablir une fréquence cardiaque normale chez le bébé. C'est ce que l'on appelle la réanimation néonatale.
La réanimation néonatale est une tâche qualifiée, pour laquelle le personnel de santé nécessite une formation adéquate. Comme les bébés doivent être réanimés rapidement, le personnel doit savoir comment s'y préparer avant la naissance du bébé. Par exemple, ils doivent savoir préparer la salle et le bon équipement. Souvent, les personnels de santé des pays pauvres ne disposent pas de ces compétences, et ces bébés sont donc susceptibles de mourir. Les bébés peuvent aussi subir des effets délétères si le personnel ne sait pas effectuer correctement la réanimation.
Plusieurs programmes de formation ont été développés pour enseigner aux personnels de santé comment administrer des soins d'urgence aux bébés et aux enfants gravement malades. Mais la plupart d'entre eux ont été développés et testés dans des pays riches, et nous ne savons pas s'ils fonctionnent dans les pays pauvres.
Que se passe-t-il lorsque les professionnels de santé des pays pauvres reçoivent une formation supplémentaire ?
Les auteurs de la revue ont identifié deux études pertinentes. Ces études comparaient les pratiques des professionnels de santé ayant reçu une formation supplémentaire en soins néonatals aux pratiques des professionnels de santé n'ayant pas reçu de telle formation.
Dans la première étude, des infirmiers d'un hôpital en maternité au Kenya ont participé à une formation d'un jour sur la réanimation des nouveau-nés. Cette formation, adaptée à partir des recommandations de l'UK Resuscitation Council, comprenait des cours théoriques et de l'entraînement pratique. L'étude suggère que, après cette formation :
• les professionnels de santé sont probablement plus susceptibles de réanimer correctement les nouveau-nés (preuves d'un niveau de certitude modéré) ; et
• les nouveau-nés pourraient être moins susceptibles de décéder pendant la réanimation (preuves d'un faible niveau de certitude).
Dans la deuxième étude, des médecins, des infirmiers et des sages-femmes de cinq hôpitaux au Sri Lanka ont reçu une formation sur quatre jours sur la façon de préparer et de prodiguer des soins aux nouveau-nés. Cette formation adaptée à partir des modules de formation de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les soins essentiels des nouveau-nés et l'allaitement comprenait des cours théoriques, des démonstrations, un entraînement pratique et des discussions en petit groupe. Cette étude suggère que, après cette formation :
• les professionnels de santé sont probablement plus susceptibles d'être bien préparés à réanimer les nouveau-nés (certitude modérée des preuves).
Malheureusement, les deux études n'ont suivi les personnels de santé que pendant deux à trois mois après la formation. Par conséquent, nous ne savons pas si les bénéfices de la formation persistaient dans le temps.
Les auteurs de la revue n'ont trouvé aucune étude ayant examiné les effets des programmes de formation sur les soins des enfants plus âgés.
Cette revue est-elle à jour ?
Les auteurs de la revue ont recherché des études qui avaient été publiées avant février 2015.
Les formations in situ en soins néonatals d'urgence améliorent probablement sur le court terme la façon dont les personnels de santé s'occupent des bébés gravement malades. D'autres essais randomisés multicentriques sont nécessaires, évaluant les effets des formations in situ en soins néonatals d'urgence sur les résultats à long terme (pratiques des personnels de santé et résultats des patients).
Divers programmes de formation in situ en soins d'urgence sont proposés aujourd'hui à titre de stratégie pour améliorer la qualité des soins dispensés aux nouveau-nés et aux enfants gravement malades dans les pays à faible revenu. Cependant, la plupart de ces programmes ont été développés dans les pays à revenu élevé, et on ne sait pas s'ils améliorent la capacité des personnels de santé à prodiguer des soins appropriés dans les pays à faible revenu. Ceci est la première mise à jour de la revue originale.
Évaluer les effets des formations in situ en soins d'urgence sur la façon dont les professionnels de santé s'occupent des nouveau-nés et des enfants gravement malades dans les pays à faible revenu.
Pour cette mise à jour, nous avons effectué des recherches dans la base des revues systématiques Cochrane, qui fait partie de la Bibliothèque Cochrane (www.cochranelibrary.com) ; MEDLINE (Ovid SP) ; EMBASE (Ovid SP) ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), également partie de la Bibliothèque Cochrane (www.cochranelibrary.com) (y compris le registre spécialisé du groupe Cochrane sur l'efficacité des pratiques et l'organisation des soins (EPOC)) ; Science Citation Index et Social Sciences Citation Index, Web of Knowledge/Science par l'Institute for Scientific Information (ISI) et huit autres bases de données. Ces recherches dans les bases de données ont été menées en février 2015. Nous avons également consulté des registres d'essais cliniques, les sites Web des organisations pertinentes et les références bibliographiques des revues connexes. Nous n'avons appliqué aucune restriction concernant la langue, la date ou le statut de publication lors de nos recherches.
Les essais randomisés et non randomisés, les études contrôlées avant-après et les études de séries chronologiques interrompues comparant les effets de la formation in situ en soins d'urgence par rapport aux soins habituels étaient éligibles pour l'inclusion. Nous avons inclus uniquement les études en milieu hospitalier et exclu les études menées dans la communauté. Deux auteurs de la revue travaillant de façon indépendante ont examiné et sélectionné les études à inclure.
Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais des études ainsi que la confiance dans les estimations d'effet (niveau de certitude des preuves) pour chaque critère de jugement en utilisant le système GRADE (Grades of Recommendation, Assessment, Development and Evaluation). Nous avons décrit les résultats et les avons présentés dans des tableaux GRADE.
Nous n'avons pas identifié de nouvelles études lors de cette mise à jour. Deux essais randomisés (inclus dans la revue initiale) remplissaient les critères d'éligibilité de cette revue. Dans le premier essai, comparativement aux soins habituels, la formation en réanimation néonatale a amélioré les performances des prestataires pour prodiguer une réanimation adaptée (personnel formé 66 % contre soins habituels 27 %, risque relatif 2,45 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % de 1,75 à 3,42 ; preuves d'un niveau de certitude modéré) et réduit la réanimation inadaptée (moyenne du personnel formé 0,53 contre soins habituels 0,92 ; différence moyenne de 0,40 ; IC à 95 % de 0,13 à 0,66 ; preuves d'un niveau de certitude modéré). L'effet sur la mortalité néonatale n'était pas concluant (personnel formé 28 % contre soins habituels 25 %, risque relatif 0,77 ; IC à 95 % de 0,40 à 1,48 ; N = 27 décès ; preuves d'un faible niveau de certitude). Les résultats du deuxième essai suggèrent que, par rapport aux soins habituels, la formation en soins essentiels du nouveau-né améliore probablement légèrement les pratiques en soins du nouveau-né en salle d'accouchement (évaluation de la respiration, préparation de la réanimation) (preuves d'un niveau de certitude modéré).
Traduction réalisée par Cochrane France