Contexte
Les théories et modèles permettent d'expliquer comment un changement de comportement se produit. La recherche sur la prévention du VIH a employé des théories et des modèles. Les programmes de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) sont souvent basés sur la science du comportement. Le domaine de la santé a utilisé de nombreux modèles et théories du changement. Cependant, les programmes qui traitent de la contraception n'indiquent que rarement une base théorique.
Méthodes
Nous avons effectué des recherches informatisées pour trouver des essais randomisés jusqu'au 1 novembre 2016. Les programmes inclus devaient avoir testé un programme basé sur une théorie pour améliorer l'utilisation de la contraception. Nous avons exclu les essais portant sur les groupes à haut risque et les efforts visant à prévenir les infections. Les programmes concernaient l'utilisation d'une ou de plusieurs méthodes contraceptives. Les rapports indiquaient que la théorie ou le modèle faisait partie de la conception du programme. Les critères de jugement principaux étaient la grossesse et l'utilisation de la contraception.
Résultats
Nous avons ajouté 10 nouveaux essais pour un total de 25. Cinq provenaient de pays autres que les États-Unis. Cette section se concentre sur neuf essais présentant des résultats de bonne qualité et sur les programmes qui fonctionnent. Cinq études présentaient des programmes fondés sur la théorie sociale cognitive (TSC) et quatre utilisaient des entretiens motivationnels (EM). Les études sur la TSC portaient sur les grossesses chez les adolescents et duraient de un à deux ans. Elles incluaient des séances à domicile pour les mères adolescentes, des programmes en milieu scolaire pour prévenir la grossesse et le VIH, et la gestion de cas communautaires. Par rapport aux services habituels offerts aux mères adolescentes, un groupe de programmes a montré moins de deuxièmes accouchements. Les quatre autres essais ont montré une augmentation de l'utilisation des moyens de contraception efficaces ou l'utilisation de préservatifs lors du dernier rapport sexuel chez les adolescents en milieu scolaire ou dans une communauté. Les études sur l'EM se concentraient sur des individus provenant d'un large éventail d'âges. Dans trois études, par rapport à un groupe recevant des brochures uniquement, le groupe EM a montré une augmentation de l'utilisation des moyens de contraception efficaces ou une baisse de l'utilisation des moyens de contraception inefficaces. Dans une autre étude, le groupe EM a rapporté plus de femmes ayant commencé à utiliser une contraception à action prolongée par rapport à celles ayant reçu une offre de conseils traditionnelle.
Conclusions des auteurs
La qualité globale des résultats pour notre revue était modérée. Les essais fondés sur la TSC se concentraient sur les adolescents et ont fourni des informations sur de nombreuses séances. Les essais fondés sur l'EM ont inclus une plus large classe d'âges mais concernaient surtout des populations particulières. Les sites ayant des ressources limitées ont besoin de programmes pouvant fonctionner dans leur environnement et avec leurs clients habituels. Les rapports auraient pu être plus précis quant à la manière dont la théorie a été utilisée pour la conception et la réalisation du programme.
La qualité globale des preuves était modérée. Les essais fondés sur la théorie sociale cognitive se concentraient sur les adolescents et comportaient plusieurs séances. Ceux utilisant des entretiens motivationnels avaient un plus large éventail d'âges, mais des populations spécifiques. Les sites avec de faibles ressources ont besoin d'interventions efficaces et adaptées à leurs contextes et à leurs clients habituels. Les rapports auraient pu être plus précis quant à la manière dont la théorie a été utilisée pour la conception et la mise en œuvre de l'intervention.
L'utilisation explicite d'une théorie dans la recherche aide à enrichir les connaissances. Les théories et modèles ont été largement utilisés dans la recherche sur la prévention du VIH et dans les interventions pour la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). Les comportements en matière de santé font appel à de nombreux modèles et théories du changement. Cependant, de nombreuses interventions éducatives sur la contraception n'ont pas de base théorique explicite.
Examiner les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur une approche théorique pour orienter le choix de la contraception et encourager ou améliorer l'utilisation des contraceptifs.
Nous avons recherché des essais qui portaient sur une intervention basée sur la théorie et qui avaient pour objectif d'améliorer l'utilisation de la contraception dans PubMed, CENTRAL, POPLINE, Web of Science, ClinicalTrials.gov, et l'ICTRP jusqu'au 1er novembre 2016. Lors de la revue initiale nous avons écrit aux chercheurs afin de trouver d'autres essais.
Les essais inclus ont testé une intervention basée sur la théorie pour améliorer l'utilisation de la contraception. Les interventions portaient sur l'utilisation d'une ou de plusieurs méthodes pour la contraception. Les rapports démontraient que l'intervention était basée sur une théorie ou un modèle spécifique. Les critères de jugement principaux étaient la grossesse et le choix de la méthode de contraception ou son utilisation.
Nous avons évalué les titres et les résumés identifiés au cours des recherches. Un auteur a extrait et saisi les données dans Review Manager ; un deuxième auteur a vérifié leur exactitude. Nous avons examiné la qualité méthodologique des études.
Pour les résultats dichotomiques non-ajustés, nous avons calculé le rapport de cotes de Mantel-Haenszel (RC) avec un intervalle de confiance à 95 % (IC). Les essais randomisés en grappes utilisaient différentes méthodes de prise en compte du regroupement des individus telles que la modélisation à niveaux multiples. La plupart des rapports n'ont pas fourni d'informations permettant de calculer la taille effective des échantillons. Par conséquent, nous avons présenté les résultats tels qu'ils ont été rapportés par les investigateurs. Nous n'avons pas effectué de méta-analyse en raison des variations entre les interventions et les mesures des résultats.
Nous avons inclus 10 nouveaux essais pour un total de 25. Cinq études ont été menées en dehors des États-Unis. Quinze études randomisaient des individus et 10 des groupes. Cette section se concentre sur neuf essais présentant des preuves de qualité modérée ou élevée et un effet de l'intervention. Cinq étaient basés sur la théorie sociale cognitive ; ils portaient sur la prévention de la grossesse chez l'adolescent et étaient d'une durée de un à deux ans. Ces essais comparaient l'intervention avec les soins habituels ou l'éducation. Les mères adolescentes ayant réalisé un programme à domicile avaient moins de secondes naissances dans les deux ans (RC 0,41, IC à 95 % 0,17 à 1,00). Douze mois après un programme en milieu scolaire, le groupe recevant l'intervention était plus susceptible de rapporter utiliser une méthode de contraception efficace (RC ajusté 1,76 ± erreur standard (ES) 0,29) et d'avoir utilisé des préservatifs au cours du dernier rapport sexuel (RC ajusté 1,68 ± ES 0,25). Dans les autres écoles, après cinq mois, le groupe d'intervention rapportait davantage d'utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel (RC ajusté 2,12, IC à 95 % 1,24 à 3,56). Trois mois après un programme de réduction des risques en milieu scolaire, le groupe d'intervention était moins susceptible de rapporter l'absence d'utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel (RC ajusté 0,67, IC à 95 % 0,47 à 0,96). Le groupe suivant un programme d'évitement du risque (focus sur l'abstinence) était moins susceptible d'avoir rapporté cela à 15 mois (RC 0,61, IC à 95 % 0,45 à 0,85). Au bout de 24 mois après une gestion de cas associée à un programme de soutien entre pairs, le groupe d'intervention rapportait davantage d'utilisation régulière des contraceptifs hormonaux (risque relatif ajusté (RR) 1,30, IC à 95 % 1,06 à 1,58), des préservatifs (RR 1,57, IC à 95 % 1,28 à 1,94), et de méthodes mixtes (RR 1,36, IC à 95 % 1,01 à 1,85).
Quatre des neuf essais utilisaient l'entretien motivationnel (EM). Dans trois études, le groupe de comparaison avait reçu des brochures. Le groupe EM a plus fréquemment rapporté une utilisation de méthodes de contraception efficaces à neuf mois (RC 2,04, IC à 95 % 1,47 à 2,83). Dans deux études, le groupe EM était moins susceptible de rapporter l'utilisation de méthodes de contraception inefficaces à trois mois (RC 0,31, IC à 95 % de 0,12 à 0,77) et quatre mois (RC 0,56, IC à 95 % 0,31 à 0,98), respectivement. Dans le quatrième essai, le groupe EM avait plus de probabilité qu'un groupe recevant un conseil atypique d'engager une méthode de contraception réversible de longue durée (MLD) à un mois (RC 3,99, IC à 95 % 1,36 à 11,68) et de signaler utiliser une MLD à trois mois (RC 3,38, IC à 95 % 1,06 à 10,71).
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France