Problématique de la revue
Nous avons évalué les données probantes issues d'essais contrôlés randomisés pour déterminer si le fait de ne pas boire d'alcool pendant la période périopératoire réduit les complications postopératoires chez les personnes ayant une consommation d'alcool à risque. Ces programmes ont aidé les participants à cesser de boire ou à réduire leur consommation d'alcool avant, pendant et après l'intervention. La " consommation à risque " a été définie comme une consommation d'alcool équivalente à plus de 3 unités alcooliques (3 petits verres de vin) par jour ou 21 unités par semaine - avec ou sans abus ou dépendance à l'alcool. La plupart des études cliniques rapportent que la consommation de cette quantité d'alcool augmente les taux de complications postopératoires.
Contexte
La consommation d'alcool à risque est un problème à l’échelle globale et l'alcool est une menace importante pour la santé mondiale. Plus de 3,3 millions de décès par an sont associés à une consommation d'alcool à risque, et la consommation mondiale d'alcool continue d'augmenter. Les personnes qui ont un niveau élevé de consommation d'alcool ont souvent besoin d'interventions chirurgicales planifiées et urgentes.
La consommation d'alcool à risque affecte les résultats chirurgicaux - même lorsque la maladie n'est pas liée à l'alcool. Les complications chirurgicales typiques comprennent les infections, les problèmes cardiaques et respiratoires et les épisodes hémorragiques. L'alcool cause des troubles du foie, du pancréas et du système nerveux. L'arrêt de la consommation d'alcool peut normaliser dans une certaine mesure ces organes et réduire l'apparition de complications après une chirurgie. Cesser de boire peut entraîner des symptômes légers à graves de sevrage de l'alcool et peut conduire à un changement de mode de vie.
Cette revue a été publiée pour la première fois en 2012 et a été mise à jour en 2018.
Date de recherche
Les preuves sont à jour au 21 septembre 2018.
Caractéristiques de l’étude
Nous avons inclus trois essais contrôlés randomisés avec un total de 140 participants. Les trois études incluaient des participants ayant une consommation d'alcool à risque (3 à 40 UA par jour) qui avaient besoin d'une intervention chirurgicale. Ces études ont porté sur les interventions intensives sur la consommation d'alcool visant à comparer l’effet de l’arrêt complet de la consommation d'alcool au moment de la chirurgie à l'absence d'intervention. Les interventions comprenaient des stratégies éducatives pour le sevrage de l'alcool et la prévention des rechutes. Les programmes ont débuté trois mois avant l'intervention chirurgicale, quatre semaines avant l'intervention et à partir du moment de l'admission à la chirurgie, et se sont poursuivis pendant six semaines après l'intervention, respectivement.
Qualité des preuves
La qualité des données probantes est de moyenne à faible.
Principaux résultats
Dans les trois études, les programmes d'intervention intensive ont clairement augmenté le nombre de participants qui ont cessé de consommer de l'alcool. La survenue des complications postopératoires semble également avoir diminué. Des 61 participants des groupes d'intervention, 20 présentaient des complications nécessitant un traitement, comparé à 33 des 61 participants des groupes témoins (données de qualité moyenne). Des 70 participants des groupes d'intervention, 41 ont réussi à arrêter de boire, comparé à cinq des 70 participants des groupes témoins (données de qualité moyenne). Les données étaient insuffisantes pour montrer l'effet de l'abandon de l'alcool sur le nombre de décès (données de faible qualité), et les résultats ne montrent aucun effet sur la durée du séjour à l'hôpital. Aucune des études incluses n'a fait état du nombre de participants qui ont continué d'éviter une consommation à risque d'alcool à long terme (suivi après trois, six, neuf et douze mois).
Les études incluses étaient peu nombreuses et portaient sur des échantillons de petite taille ; il faut donc faire preuve de prudence avant de tirer des conclusions définitives à partir de ces résultats. Les trois études ont été menées au Danemark et la plupart des participants étaient des hommes. Les participants inclus peuvent représenter un groupe sélectif, car ils pourraient être plus motivés et/ou plus intéressés à participer à la recherche clinique ou autrement différents, et les effets peuvent donc avoir été surestimés pour les groupes d'intervention et de contrôle dans ces études. D'autres recherches sont nécessaires et de nouvelles stratégies sont nécessaires pour améliorer les résultats après la chirurgie chez les buveurs à risque.
Cette revue systématique a évalué l'efficacité des interventions périopératoires de sevrage alcoolique pour les complications postopératoires et la consommation d'alcool. Les trois études ont montré une réduction significative du nombre de participants qui ont cessé de consommer de l'alcool pendant la période d'intervention. Les interventions intensives de sevrage d’alcool offertes pendant quatre à huit semaines aux participants qui subissent tous les types d'interventions chirurgicales pour obtenir un sevrage complet d’alcool avant la chirurgie ont probablement réduit le nombre de complications postopératoires. Les données étaient insuffisantes pour que les auteurs de l'étude puissent évaluer leurs effets sur la mortalité postopératoire. Aucune étude n'a fait état d'un effet sur la durée du séjour et aucune étude ne s'est penchée sur la prévalence de la consommation à risque à long terme.
Les études incluses étaient peu nombreuses et portaient sur des échantillons de petite taille ; il faut donc faire preuve de prudence avant de tirer des conclusions définitives à partir des résultats de ces études. Les trois études ont été menées au Danemark et la plupart des participants étaient des hommes. Les participants inclus peuvent représenter un groupe sélectif, car ils auraient pu être plus motivés et/ou plus intéressés à participer à la recherche clinique ou autrement différents, et les effets peuvent avoir été surestimés pour les groupes d'intervention et de contrôle dans ces études. Les résultats des essais indiquent que ces études sont difficiles à réaliser, que de solides compétences en recherche sont nécessaires pour les études futures et qu'une évaluation plus poussée des interventions périopératoires de sevrage alcoolique dans le cadre d'essais contrôlés randomisés de grande qualité est nécessaire. Une fois publiée et évaluée, l'étude " en cours " identifiée peut modifier les conclusions de cette revue.
La consommation d'alcool à risque est un problème mondial. Plus de 3,3 millions de décès par an sont associés à une consommation d'alcool à risque, et la consommation mondiale d'alcool continue d'augmenter. Les personnes qui consomment beaucoup d'alcool ont souvent besoin d'interventions chirurgicales planifiées et urgentes.
La consommation à risque est associée à une augmentation des complications postopératoires telles que les infections, les complications cardio-pulmonaires et les épisodes hémorragiques. L'alcool cause des troubles du foie, du pancréas et du système nerveux. L'arrêt de la consommation d'alcool peut normaliser dans une certaine mesure ces organes et réduire l'apparition de complications après une chirurgie.
Cette revue a été publiée pour la première fois en 2012 et a été mise à jour en 2018.
Évaluer les effets des interventions périopératoires de sevrage alcoolique sur les taux de complications postopératoires et la consommation d'alcool.
Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes jusqu'au 21 septembre 2018 : Cochrane Central Register of Controlled Trials (CENTRAL), dans la Cochrane Library ; MEDLINE ; Embase ; CINAHL via EBSCOhost ; et deux registres des essais. Nous avons examiné les listes de références et les citations des essais inclus ainsi que les revues systématiques pertinentes identifiées pour trouver d'autres références à d'autres essais. Au besoin, nous avons communiqué avec les auteurs de l'essai pour leur demander des renseignements supplémentaires.
Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) qui ont évalué les effets des interventions périopératoires de sevrage alcoolique sur les complications postopératoires et la consommation d'alcool. Nous avons inclus des participants ayant une consommation à risque d'alcool qui subissaient tous les types d'interventions chirurgicales électives ou aiguës sous anesthésie générale ou régionale ou sous sédation, à qui nous avons offert une intervention périopératoire de sevrage alcoolique ou aucune intervention.
Nous avons défini la " consommation à risque " comme une consommation d'alcool équivalente à plus de 3 unités alcooliques (UA)/j ou 21 UA/semaine (1 UA contenant 12 grammes d'éthanol) avec ou sans symptômes d'abus ou de dépendance d'alcool. Cela correspond à la quantité d'alcool associée à des taux accrus de complications postopératoires dans la plupart des études cliniques.
Nous avons utilisé les directives fournies dans le Guide Cochrane pour les revues systématiques des interventions. Nous avons présenté les principaux critères de jugement sous forme de variables dichotomiques dans une méta-analyse. Lorsque les données étaient disponibles, nous avons effectué des analyses de sous-groupes et des analyses de sensibilité pour explorer le risque de biais. Les critères de jugement primaires étaient les complications postopératoires et la mortalité à l'hôpital et à 30 jours. Les critères de jugement secondaires étaient l'abandon à la fin du programme, la consommation d'alcool après l'opération et la durée du séjour à l'hôpital. Nous avons évalué la qualité des preuves en utilisant l'approche GRADE.
Nous avons inclus dans cette mise à jour une nouvelle étude (70 participants), ce qui a donné un total de trois ECR (140 participants qui ont bu de 3 à 40 UA/j). Les trois études étaient de qualité moyenne à bonne. Toutes les études ont évalué les effets des interventions intensives de sevrage à l'alcool, y compris les stratégies pharmacologiques pour les symptômes de sevrage, l'éducation des patients et la prophylaxie des rechutes. Nous avons identifié une étude en cours.
Au total, 53 des 122 participants de trois études qui ont subi une intervention chirurgicale ont présenté tout type de complication postopératoire nécessitant un traitement. Sur 61 participants des groupes d'intervention, 20 présentaient des complications, comparé à 33 des 61 participants des groupes témoins (risque relatif (RR) 0,62, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,40 à 0,96). Les résultats montrent des différences entre les trois études cliniques en ce qui concerne les critères de jugements et l'intensité des interventions. Cependant, tous les programmes de sevrage de l'alcool étaient intensifs et comprenaient une thérapie pharmacologique. La qualité globale des données probantes à l'appui de ce critère de jugement est modérée.
Les taux de mortalité à l'hôpital et à 30 jours après l'opération étaient faibles dans les trois études. Les chercheurs ont signalé un décès parmi les 61 participants des groupes d'intervention et trois décès chez 61 participants des groupes témoins (RR 0,47, IC à 95 % : 0,07 à 2,96). La qualité des données probantes pour ce critère de jugement est faible.
Les chercheurs décrivent plus de personnes ayant arrêté de boire avec succès parmi celles qui ont suivi le programme d’intervention que parmi les témoins. Quarante et un des 70 participants des groupes d'intervention ont réussi à cesser de boire, comparé à seulement cinq des 70 participants des groupes témoins (RR 8,22, IC à 95 % : 1,67 à 40,44). La qualité des données probantes à l'appui de ce critère de jugement est modérée.
Les trois études ont rapporté une consommation d'alcool postopératoire (grammes d'alcool par semaine) à la fin du programme comme valeurs médianes et de fourchette ; il n'a donc pas été possible d'estimer la moyenne et l'écart type (ET). Nous n'avons effectué aucune méta-analyse. Les trois études ont fait état de la durée du séjour, et aucune de ces études n'a fait état d'une différence significative dans la durée du séjour. Les données étaient insuffisantes pour que les auteurs de l'étude puissent effectuer une méta-analyse. Aucune étude n'a fait état de la prévalence des participants qui ne consomment pas d'alcool à risque à long terme.
Traduction réalisée par Amytis HEIM et révisée par Cochrane France.