Question de la revue
L'apprentissage du code écrit améliore-t-il les compétences en lecture des faibles lecteurs anglophones ?
Contexte
Les compétences en lecture de 16 % des enfants sont inférieures à la moyenne pour leur âge, et 5 % des enfants ont des problèmes de lecture significatifs et graves. Une maîtrise insuffisante de la lecture est associée à un risque plus élevé de décrochage scolaire, ainsi qu'à de l'anxiété, à la dépression, au manque de confiance en soi, à l'automutilation et au suicide. Par conséquent, il est important de fournir aux faibles lecteurs une aide précoce et efficace.
L’apprentissage du code écrit (enseignement du décodage) est l'un des traitements de lecture les plus couramment utilisés chez les faibles lecteurs, en particulier les enfants. L’apprentissage du code écrit enseigne aux lecteurs à : identifier chaque graphème (lettre) ou groupe de graphèmes dans un nouveau mot (ex. B A T E A U) ; faire correspondre chaque graphème ou groupe de graphèmes au phonème (son vocal) correspondant (’b’ ’a’ ’t’ ’eau’) ; et fusionner ces phonèmes pour obtenir un mot (’bateau’).
Caractéristiques de l’étude
La recherche, mise à jour en mai 2018, a identifié 14 études qui ont testé l'apprentissage du code écrit chez 923 faibles lecteurs anglophones. Les études ont eu lieu en Australie, au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Six des 14 études incluses ont été financées par des organismes gouvernementaux et une a été financée par une subvention universitaire. Le reste a été financé par des fondations de charité ou des trusts. Dans chaque étude, on a comparé l'apprentissage du code écrit seul ou avec une autre compétence liée à la lecture, en l'absence d'un entrainement spécifique (c.-à-d. traitement habituel) ou avec un autre apprentissage ciblé (ex., mathématiques). Les participants étaient des enfants ou des adolescents anglophones, de statut socioéconomique faible ou moyen, dont la performance en lecture était inférieure d'un an, d'une année d'études ou d'une déviation standard (distance de la moyenne) au niveau attendu pour leur âge ou leur année d'études sans raison connue. L’apprentissage du code écrit variait selon la fréquence (jusqu'à quatre heures par semaine), la durée (jusqu'à sept mois), la taille des groupes (sessions individuels et petits groupes) et le mode d’administration (humaine et informatique). Nous avons mesuré l'effet de l’apprentissage explicite du décodage sur la capacité des faibles lecteurs à lire les mots et les mots nouveaux (les non-mots) avec précision et fluidité, ainsi que sur leur compréhension de texte, leur connaissance des règles de conversion graphophonémique et la production des sons.
Principaux résultats
Nous avons constaté que l’enseignement du code écrit chez les faibles lecteurs anglophones améliorait probablement la précision de la lecture des mots irréguliers, la fluence de la lecture des mots mixtes/réguliers et la fluence de la lecture des non-mots. Il peut aussi avoir amélioré la précision de la lecture de mots mixtes/réguliers, la précision de la lecture des non-mots, la compréhension à la lecture, l'orthographe, la connaissance des correspondances graphèmes-phonèmes et la production phonologique.
Qualité des preuves
La qualité globale des preuves allait de faible à modérée. Cela s'explique principalement par de grandes différences dans la taille des effets de l’apprentissage du code écrit d'une étude à l'autre. D'autres études sont nécessaires pour améliorer la précision des résultats.
Conclusions
Les données probantes suggèrent que l’apprentissage du code écrit peut améliorer les compétences en langage écrit chez les faibles lecteurs anglophones. Les effets positifs de l'apprentissage du décodage sur tous les critères de jugements liés à la lecture suggèrent qu’il n'est pas nuisible pour les faibles lecteurs.
L’apprentissage du code écrit semble être efficace pour améliorer les compétences en en lecture, en particulier la fluence en lecture des mots et des non-mots, et la précision de la lecture des mots irréguliers. D'autres études sont nécessaires pour améliorer la précision des résultats. Cela inclut la précision de la lecture des mots et des non-mots, la compréhension en lecture, l'orthographe, la connaissance des correspondances graphèmes-phonèmes et la production phonologique. Davantage de données sont également nécessaires pour déterminer si l’enseignement du décodage chez les faibles lecteurs anglophones est modérée par des facteurs tels que le type d’enseignement, l'intensité, la durée, la taille du groupe ou l'administrateur.
Les compétences en lecture de 16 % des enfants sont inférieures à la moyenne pour leur âge, et 5 % des enfants ont des problèmes de lecture significatifs et graves. L'apprentissage du code écrit est l'un des traitements de lecture les plus couramment utilisés chez les faibles lecteurs, en particulier les enfants.
Mesurer l'effet de l’apprentissage du code écrit et explorer l'impact de divers facteurs, comme la durée de la formation et la taille des groupes, qui pourraient atténuer l'effet de l’intervention sur les compétences en lecture chez les faibles lecteurs anglophones.
Nous avons fait des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, 12 autres bases de données et trois registres d'essais cliniques jusqu'en mai 2018. Nous avons également recherché dans la bibliographie d'études incluses et contacté des experts dans le domaine pour identifier d'autres études.
Nous avons inclus des études qui utilisaient la randomisation, la quasi-randomisation ou la minimisation pour répartir les participants dans un groupe d'intervention au niveau du décodage (apprentissage du code écrit seul ou avec une autre compétence liée au langage écrit) ou un groupe contrôle (aucune intervention ou une intervention ne visant pas le langage écrit). Les participants étaient des faibles lecteurs anglophones dont la capacité de lecture des mots était inférieure d'une déviation standard par rapport au niveau attendu pour leur âge (enfants, adolescents et adultes) ou inférieure d'un niveau d’étude ou d’une année du niveau attendu (enfants seulement), sans raison connue. Les participants n'avaient aucun trouble développemental concomitant connu, ni problème physique, neurologique ou émotionnel.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards prévues par Cochrane.
Nous avons inclus 14 études auxquelles ont participé 923 personnes. Les études ont eu lieu en Australie, au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Six des 14 études incluses ont été financées par des organismes gouvernementaux et une a été financée par une subvention universitaire. Le reste a été financé par des fondations de charité ou des trusts. Chaque étude a comparé l'apprentissage du code écrit, seul ou en association avec une autre compétence en langage écrit, à l'absence d'intervention (c.-à-d. traitement habituel) ou une intervention visant un autre domaine d’apprentissage (ex. mathématiques). Les participants étaient des enfants ou des adolescents anglophones, de statut socioéconomique faible ou moyen, dont la capacité de lecture était inférieure d'un an, d'une année d'études ou d’une déviation standard du niveau prévu pour leur âge ou leur classe sans raison connue. L’apprentissage du décodage variait entre les études en intensité (jusqu'à quatre heures par semaine), en durée (jusqu'à sept mois), en taille des groupes (sessions individuels et petits groupes) et en mode d’administration (humaine et informatique). Nous avons mesuré l'effet de l'apprentissage du code écrit sur sept critères de jugements primaires (précision de lecture de mots mixtes/réguliers, précision de lecture des non-mots, précision de lecture de mots irréguliers, fluence de lecture de mots mixtes/réguliers, fluence de lecture des non-mots, compréhension en lecture et orthographe). Nous avons jugé que toutes les études présentaient un faible risque de biais pour la plupart des critères de risque et nous avons utilisé l'approche GRADE pour évaluer la qualité des données probantes.
Les données probantes de faible qualité indiquent que l'apprentissage du décodage pourrait avoir amélioré la précision des faibles lecteurs à lire les mots et les non-mots qui suivent les règles de conversion graphophonémique (différence moyenne normalisée (DMN) 0,51, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,13 à 0,90 ; 11 études, 701 participants) et sa précision à lire les mots qui ne respectent pas ces règles (DMN 0,67, IC 95 % 0,26 à 1,07 ; 10 études, 682 participants). Des données de qualité moyenne indiquent que l’apprentissage du code écrit a probablement amélioré la fluence des faibles lecteurs anglophones à lire les mots qui suivaient les règles de conversion graphophonémique (DMN 0,45, IC à 95 % : 0,19 à 0,72 ; 4 études, 224 participants), et la fluence en lecture des non-mots (DMN 0,39, IC à 95 % : 0,10 à 0,68 ; 3 études, 188 participants) ainsi que leur précision à lire les mots ne suivant pas ces règles (DMN 0,84, IC à 95 % : 0,30 à 1,39 ; 4 études, 294 participants). De plus, des données de faible qualité indiquent que l’apprentissage du décodage peut avoir amélioré l'orthographe des faibles lecteurs (DMN 0,47, IC à 95 % -0,07 à 1,01 ; 3 études, 158 participants), mais seulement légèrement amélioré leur compréhension en lecture (DMN 0,28, IC à 95 % -0,07 à 0,62 ; 5 études, 343 participants).
Traduction Cochrane CD009115.pub3