Une femme qui est en travail actif pendant un temps trop long (généralement défini comme supérieur à 12 heures) risque l'épuisement et le développement de complications telles que des infections et des saignements excessifs. Cela peut aussi être nuisible au bébé à naître, qui risque d'entrer en détresse et manquer d'oxygène (asphyxie). Afin d'éviter cela, la pratique courante est d'intervenir dans le processus du travail en rompant les membranes (rupture des eaux), en administrant des médicaments pour accélérer les contractions et en pourvoyant une assistance continue. Les antispasmodiques sont des médicaments qui sont habituellement utilisés pour soulager les crampes. Ils travaillent soit par relaxation directe du muscle, soit en interférant avec le message de contraction envoyé par les nerfs au muscle. Administrés pendant le travail à titre préventif ou thérapeutique, on pense que ces médicaments pourraient aider à l'ouverture de l'utérus (dilatation du col). Cela permettrait de raccourcir la durée du travail. Nous avons cherché des données étayant cette idée. Dix-neuf études contrôlées randomisées ont été incluses, totalisant 2 798 participants. Les données ont été combinées dans une analyse pour obtenir un résultat global. Les différents antispasmodiques ont tous été administrés dès que le travail était établi. Ils ont raccourci la première étape du travail, le temps s'écoulant depuis le début du travail jusqu'à ce que le bébé soit sur le point de naître, de 39 à 92 minutes, ainsi que la durée totale du travail, depuis le début du travail jusqu'à l'expulsion du placenta, de 49 à 121 minutes. Les médicaments n'avaient pas affecté le nombre de femmes nécessitant une césarienne en urgence et n'avaient pas eu d'effets secondaires importants pour la mère ou son bébé. Les événements indésirables les plus fréquents pour les mères étaient l'accélération du rythme cardiaque et la sécheresse buccale, mais vus les comptes-rendus défectueux des événements indésirables tant maternels que néonataux, il faudra plus d'informations pour pouvoir tirer des conclusions sur l'innocuité de ces médicaments pendant le travail. Les études incluses étaient pour la plupart de piètre qualité et il faudra des études de qualité pour évaluer ce qui se passe lorsque ces médicaments sont administrés à des femmes dont le travail se prolonge déjà.
Il existe des preuves de faible qualité que les antispasmodiques réduisent la durée de la première étape du travail et accroissent la vitesse de dilatation du col. Il y a des preuves de très faible qualité que les antispasmodiques réduisent la durée totale du travail. Il existe des preuves de qualité modérée que les antispasmodiques n'affectent pas le taux d'accouchements normaux avec présentation par la tête. Les éléments de preuve disponibles sont insuffisants pour tirer des conclusions quant à l'innocuité de ces médicaments pour la mère et le bébé. De vastes essais contrôlés randomisés rigoureux sont nécessaires pour évaluer l'effet des antispasmodiques sur le travail prolongé ainsi que pour évaluer leur effet sur le travail dans un contexte de prise en charge non interventionniste du travail.
Le travail prolongé peut entraîner une augmentation de la mortalité et de la morbidité tant maternelles que néonatales en raison des risques accrus d'épuisement de la mère, d'hémorragie et de septicémie post-partum et de détresse et d'asphyxie fœtales ; il faut donc le détecter précocement et lui donner une réponse clinique appropriée. Les risques de complications du travail prolongé sont beaucoup plus importants dans un contexte de pauvreté. La prise en charge active du travail, en comparaison avec la prise en charge physiologique non interventionniste, s'est avérée diminuer l'incidence de l'accouchement prolongé. L'administration d'antispasmodiques pendant le travail pourrait aussi provoquer une dilatation plus rapide et plus efficace du col. Les interventions visant à raccourcir le travail, comme les antispasmodiques, peuvent être utilisés à titre préventif ou thérapeutique afin de diminuer l'incidence du travail prolongé. Les preuves à l'appui de ceci étant encore dans le monde entier essentiellement anecdotiques, il est nécessaire de passer systématiquement en revue les données disponibles afin d'obtenir une réponse valable.
Évaluer les effets des antispasmodiques sur le travail dans les grossesses à terme.
Nous avons effectué des recherches dans le registre d'essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (2 septembre 2011), la base de données ProQuest de mémoires et de thèses, la base de données des mémoires de l'université de Stellenbosch (2 septembre 2011), Google Scholar (2 septembre 2011) et dans les références bibliographiques d'articles. Nous avons également contacté des compagnies pharmaceutiques et des experts du domaine. Nous n’avons imposé aucune restriction concernant la langue.
Des essais contrôlés randomisés comparant des antispasmodiques à un placebo ou à la non-prise de médicament chez des femmes enceintes à terme.
Deux auteurs ont, de manière indépendante, passé au crible des résumés d'articles, sélectionné les études à inclure, évalué les risques de biais et extrait les données. L'exactitude des données a été vérifiée. Nous avons contacté les auteurs des essais lorsque des données manquaient.
Dix-neuf essais (n = 2 798) ont été inclus dans cette revue. Quinze essais (n = 2 129) ont été inclus dans la méta-analyse. Les antispasmodiques utilisés étaient notamment le bromure de valethamate, l'hyoscine butyl-bromure, le chlorhydrate de drotavérine, la rociverine et le dichlorhydrate de camylofine. La plupart des études avaient inclus des antispasmodiques dans leur prise en charge active du travail. Dans l'ensemble, la qualité des études était médiocre, quatre essais seulement ayant été évalués à faible risque de biais. Onze essais (n = 1 507) avaient rendu compte de la durée de la première étape du travail, que l'administration d'antispasmodiques avait permis de réduire significativement de 65,80 minutes en moyenne (différence moyenne (DM) -65,80 minutes ; intervalle de confiance (IC) à 95 % -92,32 à -39,28). Sept études (n = 797) avaient rendu compte de la durée totale du travail, qui avait été significativement réduite de 85,51 minutes en moyenne (DM -85,51 minutes ; IC à 95 % -121,81 à -49,20). Cinq études (n = 632) présentaient des données sur le critère de résultat : vitesse de dilatation du col. L'administration d'antispasmodiques avait augmenté de façon significative la vitesse de dilatation du col d'en moyenne de 0,55 cm/h (DM 0,55 cm/h ; IC à 95 % 0,22 à 0,87). Les antispasmodiques n'avaient pas eu d'incidence sur les durées des deuxième et troisième étapes de l'accouchement. Le taux d'accouchements à présentation par la tête n'avait pas non plus été affecté. Une seule étude avait examiné le soulagement de la douleur suite à l'administration d'antispasmodiques mais aucune conclusion ne peut être tirée des résultats. Il y avait une hétérogénéité significative pour la plupart des critères de résultat et c'est pourquoi nous avons entrepris une méta-analyse à effets aléatoires. Une analyse en sous-groupes a été entreprise pour explorer l'hétérogénéité, mais celle-ci est restée en grande partie inexpliquée. Les événements indésirables maternels et néonataux n'avaient pas été systématiquement rapportés. Le principal événement indésirable maternel signalé était la tachycardie. Aucun effet indésirable néonatal grave n'avait été rapporté.