Les fractures osseuses sont une cause majeure d'invalidité chez l'adulte. Le temps nécessaire à la cicatrisation d'un os (son « ressoudage ») est un facteur important de la récupération après une blessure. Une minorité de fractures ne cicatrisent pas du tout ou nécessitent pour cela un temps anormal. Cette revue essaie de découvrir si un traitement avec une thérapie riche en plaquettes (TRP) accélère la cicatrisation de l'os et réduit les complications. Généralement, le traitement plaquettaire implique le don d'un échantillon de sang veineux duquel la fraction active et riche en plaquettes est habituellement extraite par un processus de centrifugation. Des produits chimiques supplémentaires peuvent être ajoutés à la fraction active pour altérer ses propriétés biologiques et matérielles.
Une seule étude, totalisant 21 participants, a été incluse dans cette revue. L'étude comparait la TRP et une greffe osseuse à une greffe osseuse seule (témoin) chez des patients souffrant d'ostéoarthrite du genou qui ont subi une intervention chirurgicale au cours de laquelle une partie de l'os a été coupée (ostéotomie) sur leur tibia (os principal de la jambe) de manière à modifier le profil de poids supporté par le genou. Comme avec une fracture, le temps de cicatrisation de l'os est un facteur important pour déterminer la récupération après une ostéotomie. L'étude n'a trouvé aucune différence entre la TRP et les groupes témoin dans les résultats fonctionnels signalés par le patient ou évalués par le clinicien après une année. Pour autant, en se basant sur les mesures radiographiques (rayons x) de la cicatrisation de l'os, l'étude a découvert qu'une proportion plus importante de l'os avait cicatrisé en un an chez ces participants qui avaient complété l'étude. Un effet indésirable a été mentionné chez un participant recevant une thérapie riche en plaquettes.
A partir des données limitées actuellement disponibles, la revue a découvert que la TRP n'avait aucun effet sur les résultats fonctionnels. La TRP peut être bénéfique pour accélérer et améliorer l'incidence du ressoudage dans les ostéotomies. La seule complication signalée n'était pas nécessairement liée au traitement de la TRP. Aucune donnée sur la TRP dans le traitement des fractures aiguës, des fractures non ressoudées ou des anomalies osseuses importantes n'était disponible. Une autre étude concernant les patients avec une fracture de la hanche est actuellement en cours et apportera des données complémentaires quant à l'utilisation de la TRP à l'avenir.
Bien qu'un éventuel bénéfice des traitements riches en plaquettes pour augmenter la cicatrisation des os longs chez l'adulte ne puisse pas être exclu, les données actuellement disponibles provenant d'un seul essai ne sont pas suffisantes pour étayer l'utilisation en routine de cette intervention en pratique clinique. Des essais ultérieurs devront se concentrer sur les résultats fonctionnels signalés par le patient provenant de l'ensemble des participants de l'essai pendant un suivi d'une année minimum.
La morbidité et les coûts socio-économiques associés à la cicatrisation des os longs sont considérables. Les thérapies riches en plaquettes sont des produits sanguins autologues avec une concentration plus élevée de plaquettes que le sang total physiologique. Malgré des résultats prometteurs issus de plusieurs études sur les animaux in-vitro, les données cliniques permettant de soutenir l'utilisation de la thérapie riche en plaquettes dans la cicatrisation des os longs sont confuses.
Evaluer les effets (avantages ou inconvénients) des traitements riches en plaquettes pour traiter les ostéotomies des os longs, les fractures aiguës, les fractures non ressoudées et les anomalies osseuses chez les adultes.
Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les traumatismes ostéo-articulaires et musculaires (décembre 2011), le registre Cochrane des essais contrôlés (dans The Cochrane Library 2011, numéro 4), MEDLINE (de 1948 à la 1 ère semaine de novembre 2011), EMBASE (de 1980 à la 44 ème semaine de l'année 2011). Les registres d’essais cliniques et les listes bibliographiques des articles ont également fait l'objet de recherches.
Les essais contrôlés randomisés et quasi-randomisés évaluant un type de thérapie riche en plaquettes comparé à aucun autre traitement ou à un placebo dans la prise en charge des ostéotomies des os longs, les fractures aiguës, les fractures non ressoudées et les anomalies osseuses chez les adultes. Les études comprenant des participants âgés de plus de 18 ans ; rendant compte des résultats fonctionnels, du temps de ressoudage, de la non cicatrisation, des procédures secondaires telles que celles en lien avec l'échec de la fixation, la cicatrisation retardée ou la non cicatrisation, les effets indésirables, la douleur ou les coûts ont été incluses.
Deux auteurs ont sélectionné de façon indépendante les études à inclure dans la revue. Les études ont été évaluées pour le risque de biais à l'aide de l'outil « Risque de biais » de la Cochrane Collaboration. Les effets du traitement pour les résultats dichotomiques ont été exprimés en rapports de risques (RR) et les mesures continues avec des différences moyennes, chacun avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %.
Seulement une étude éligible, totalisant 21 participants, a été incluse. L'étude comparait la thérapie riche en plaquettes et la greffe osseuse allogénique avec une greffe osseuse allogénique seule chez les patients subissant une ostéotomie corrective pour une ostéoarthrite compartimentale médiane du genou. Le risque de biais associé à cette étude était important. Il n'y avait aucune différence significative dans les scores du résultat fonctionnel signalé par le patient ou évalué par le clinicien entre les groupes au bout d'une année. Il y avait un avantage significatif en termes statistiques entre la thérapie riche en plaquettes dans la proportion d'os ressoudés au bout d'une année (8/9 vs 3/9 ; RR 2,67 ; IC à 95 % 1,03 à 6,91). Cet avantage n'a toutefois pas été conservé lorsque l'on suppose les mauvais résultats pour les participants qui ont été perdus lors du suivi (8/11 vs 3/10 ; RR 2,42 ; IC à 95 % 0,88 à 6,68). Un effet indésirable a été mentionné chez un participant recevant une thérapie riche en plaquettes.
Une autre étude éligible impliquant des patients avec une fracture de la hanche est actuellement en cours.