Le cancer épithélial de l'ovaire (CEO) est une affection potentiellement mortelle. Le CEO se développe généralement chez les femmes âgées de plus de 50 ans, il est plus rare chez les femmes âgées de moins de 35 ans. Les premiers symptômes de cette maladie sont légers et vagues de manière générale, ce qui rend son dépistage précoce difficile. Les patientes atteintes d'un CEO sont relativement asymptomatiques jusqu'à ce que la maladie atteigne un stade avancé.
Bien que la chirurgie et la chimiothérapie d'un CEO soient efficaces dans un premier temps, son taux de récidive est élevé au cours des 12 à 24 mois de traitement. Les interférons sont des protéines fabriquées et sécrétées par des cellules hôtes en réponse à la présence de pathogènes. Leur nom provient de leur capacité à « interférer » avec la réplication virale dans les cellules hôtes. Un interféron occupe deux fonctions importantes. Il informe les cellules voisines, puis déclenche leurs mécanismes de résistance et active d'autres cellules immunes qui tuent les pathogènes envahisseurs. La présente revue a évalué l'efficacité d'un traitement par interférons à réduire le taux de récidive ou à prolonger le temps écoulé entre une chimiothérapie et une récidive ultérieure de la maladie.
Cinq essais, incluant 1 476 femmes, ont été inclus dans la revue. Trois de ces cinq essais ont été arrêtés prématurément. Les risques de biais de la majorité d'entre eux étaient élevés ou incertains en raison d'une description incomplète des méthodes et des résultats obtenus. La taille de la plupart des essais n'était pas suffisamment grande pour identifier un réel effet de l'intervention. Les essais ne rapportaient pas les résultats de critères de jugement importants ou ces résultats n'étaient pas uniformes entre les essais.
Les preuves issues de ces trois essais suggéraient que l'ajout d'interféron à une chimiothérapie de première ligne n'affectait pas la survie globale des femmes atteintes d'un CEO avancé suite à une chirurgie par rapport à une chimiothérapie seule. En revanche, il existe des preuves selon lesquelles l'interféron associé à une chimiothérapie aggravait la survie sans progression chez les femmes atteintes d'un CEO avancé après une intervention chirurgicale par rapport à une chimiothérapie seule. De plus, il n'existe pas suffisamment de preuves selon lesquelles un traitement par interférons seul améliore la survie globale ou la survie sans progression chez les femmes ayant suivi une chimiothérapie de première ligne après une chirurgie par rapport à une observation seule.
Implications pour la pratique
D'après des preuves de qualité médiocre, l'ajout d'interféron à une chimiothérapie de première ligne n'affectait pas la survie globale des femmes atteintes d'un CEO suite à une chirurgie par rapport à une chimiothérapie seule. Il existe des preuves de qualité médiocre suggérant que l'interféron associé à une chimiothérapie aggravait la survie sans progression chez les femmes atteintes d'un CEO avancé après une intervention chirurgicale par rapport à une chimiothérapie seule. Il n'existe pas suffisamment de preuves selon lesquelles un traitement par interférons seul modifie la survie globale ou la survie sans progression par rapport à une observation seule chez les femmes ayant suivi une chimiothérapie de première ligne après une chirurgie.
Implications pour la recherche
Trois des cinq essais inclus dans la présente revue ont été arrêtés prématurément et leur puissance statistique était donc insuffisante pour identifier un réel effet de l'intervention. Les essais ne rapportaient pas uniformément les résultats de critères de jugement importants, empêchant alors toute agrégation statistique des résultats. La méthodologie de l'essai était mal rapportée et les risques de biais étaient donc incertains. Pour obtenir des recommandations claires concernant l'efficacité de l'interféron dans le traitement d'un CEO avancé, des essais à long terme, correctement réalisés et disposant d'une puissance statistique adaptée seront nécessaires. Toutefois, les données disponibles ne suggèrent pas que l'interféron a un effet réellement bénéfique pour justifier la réalisation d'études supplémentaires.
Le cancer épithélial de l'ovaire (CEO) est une maladie potentiellement mortelle. La plupart des femmes deviennent symptomatiques uniquement dans les stades avancés de la maladie, ce qui rend son traitement plus difficile. Malgré l'efficacité de la chirurgie et de la chimiothérapie contre la maladie, le taux de rechute reste élevé. De nouveaux traitements sont nécessaires pour prévenir sa récidive ou sa progression, prolonger la survie et améliorer la qualité de vie.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité de l'interféron postopératoire dans le traitement d'un CEO avancé (stade II - IV).
Le registre d'essais spécialisés du groupe Cochrane sur les cancers gynécologiques, le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) numéro 1, 2012, MEDLINE et EMBASE ont fait l'objet de recherches jusqu'en janvier 2012. Des recherches manuelles dans les actes de conférence ont également été effectuées. Les listes bibliographiques des revues et essais inclus ont été passées au crible et des experts dans le domaine ont été contactés afin d'obtenir des essais supplémentaires. Des essais en cours ont été recherchés dans les registres d'essais cliniques.
Des essais contrôlés randomisés (ECR) composés de femmes atteintes d'un CEO avancé comparant une chimiothérapie postopératoire seule à un traitement par interférons associé à une chimiothérapie postopératoire ou à une chimiothérapie postopératoire suivie par l'administration d'interférons ou à une observation seule.
Les deux auteurs de la revue (AL et AM) ont indépendamment analysé les résultats des recherches afin d'identifier des essais pertinents et extrait des informations préspécifiées de chaque essai inclus. Ces données ont été gérées avec Review Manager 5.1. Les hazard ratios (HR) ont été calculés pour les critères de délai jusqu'à l'événement et les risques relatifs (RR) pour les résultats dichotomiques avec des intervalles de confiance correspondants (IC) à 95 %.
Cinq essais, incluant 1 476 femmes, ont été inclus dans la revue. Deux essais comparaient l'interféron à une observation seule et trois essais comparaient l'interféron associé à une chimiothérapie à une chimiothérapie seule. Une méta-analyse de deux essais impliquant 370 femmes n'ont trouvé aucune différence significative en termes de survie globale (HR 1,14, IC à 95 % 0,84 à 1,55) et de survie sans progression (HR 0,99, IC à 95 % 0,79 à 1,24) entre les groupes de l'interféron et d'observation seule chez des femmes ayant subi une chimiothérapie de première ligne pour un CEO suite à une chirurgie. Un essai composé de 293 femmes a trouvé que malgré l'absence d'une différence significative au niveau de l'incidence de nausées ou de vomissements entre les deux groupes de traitement, des symptômes pseudo-grippaux nettement plus fréquents (RR 2,25, IC à 95 % 1,73 à 2,91) et de la fatigue (RR 1,54, IC à 95 % 1,27 à 1,88) ont été signalés dans le groupe de l'interféron. En ce qui concerne la seconde comparaison, une méta-analyse de deux essais composés de 244 femmes a trouvé que malgré l'absence de différence significative en termes de survie globale entre le groupe de l'interféron associé à une chimiothérapie et le groupe de chimiothérapie seule (HR 1,14, IC à 95 % 0,74 à 1,76), les femmes du groupe de l'interféron associé à une chimiothérapie présentaient une aggravation de la survie sans progression par rapport à celles du groupe de chimiothérapie seule (HR 1,43, IC à 95 % 1,02 à 2,00). Comparé à une chimiothérapie seule, l'ajout d'interféron à une chimiothérapie n'a pas altéré l'incidence d'événements indésirables chez les femmes atteintes d'un CEO avancé suite à une intervention chirurgicale.
Translated by: French Cochrane Centre
Translation supported by: Pour la France : Minist�re de la Sant�. Pour le Canada : Instituts de recherche en sant� du Canada, minist�re de la Sant� du Qu�bec, Fonds de recherche de Qu�bec-Sant� et Institut national d'excellence en sant� et en services sociaux.