Le syndrome du canal carpien est une pathologie courante dans laquelle un des deux principaux nerfs passant dans le poignet est comprimé, entrainant une douleur dans la main, le poignet et parfois le bras, un engourdissement et des picotements dans le pouce, l'index et le majeur. Dans les cas avancés les muscles de la main peuvent s'affaiblir. Ce syndrome affecte environ trois pour cent de la population, des femmes le plus souvent. Tandis que le syndrome du canal carpien peut être traité par chirurgie, les personnes confrontées à des symptômes légers à modérés sont parfois invitées à bénéficier d'interventions non-chirurgicales telles que des exercices ou une mobilisation. D'après les 16 études identifiées, les preuves sont limitées et de très faible qualité quant au bénéfice apporté par toute une collection variée d'interventions d'exercices et de mobilisation pour améliorer les symptômes, la capacité fonctionnelle (par exemple la force de préhension de la main), la qualité de vie et les paramètres neurophysiologiques, et pour réduire nettement les effets indésirables et la nécessité d'une intervention chirurgicale chez les personnes atteintes du syndrome du canal carpien (SCC). Davantage de recherches doivent être effectuées pour étudier l'efficacité des exercices et de la mobilisation chez les personnes atteintes du syndrome du canal carpien, en particulier la durabilité et les effets à long terme de ce traitement.
Les preuves sont limitées et de très faible qualité quant au bénéfice apporté par toute une collection variée d'interventions d'exercices et de mobilisation dans le SCC. Les personnes atteintes du SCC qui indiquent une préférence pour des interventions d'exercices ou de mobilisation doivent être informées des preuves limitées de l'innocuité et de la sécurité de cette intervention par leurs prestataires de soins. Jusqu'à ce que d'autres essais contrôlés randomisés de grande qualité évaluant l'efficacité et l'innocuité des différentes interventions d'exercices et de mobilisation comparées à d'autres interventions non-chirurgicales soient menés, la décision de dispenser ce type d'intervention non-chirurgicale aux personnes atteintes du SCC doit être fondée sur l'expertise des cliniciens dans la prise en charge de ces prestations de soins ainsi que sur les préférences du patient.
Un traitement non-chirurgical, incluant des exercices et une mobilisation, est parfois proposé aux personnes confrontées à des symptômes légers à modérés provoqués par le syndrome du canal carpien (SCC). Cependant, l'effet et la durée du bénéfice des exercices et de la mobilisation pour ce syndrome restent à déterminer.
Évaluer l'efficacité et l'innocuité des interventions d'exercices et de mobilisation en comparaison avec l'absence de traitement, un placebo ou une autre intervention non-chirurgicale, chez les personnes atteintes du SCC.
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les affections neuromusculaires (10 janvier 2012), CENTRAL (2011, numéro 4), MEDLINE (de janvier 1966 à décembre 2011), EMBASE (de janvier 1980 à janvier 2012), CINAHL Plus (de janvier 1937 à janvier 2012), et AMED (de janvier 1985 à janvier 2012).
Des essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés comparant des interventions d'exercices ou de mobilisation à l'absence de traitement, un placebo ou une autre intervention non-chirurgicale, chez les personnes atteintes du SCC.
Deux auteurs de la revue ont évalué les recherches et sélectionné les essais à inclure, extrait les données et évalué les risques de biais des études incluses, de manière indépendante. Nous avons calculé les risques relatifs (RR) et les différences moyennes (DM) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement principaux et secondaires. Nous avons recueilli les informations sur les événements indésirables dans les études incluses.
Seize études randomisant 741 participants atteints du SCC ont été incluses dans cette revue. Deux ont comparé un traitement par mobilisation à l'absence de traitement comme témoin, trois ont comparé une intervention de mobilisation (par exemple mobilisation du carpe) à une autre (par exemple mobilisation des tissus mous), neuf ont comparé la mobilisation des nerfs menée dans le cadre d'une intervention à composantes multiples à une autre intervention non-chirurgicale (par exemple attelles ou ultrasonothérapie), et trois ont comparé une intervention de mobilisation autre que la mobilisation des nerfs (par exemple yoga ou chiropractie) à une autre intervention non-chirurgicale. Le risque de biais était faible dans certaines études et incertain ou élevé dans d'autres études : trois seulement indiquaient explicitement que la séquence d'assignation avait été gardée secrète et quatre signalaient une mise en aveugle des participants. Les études étaient hétérogènes en ce qui concerne les interventions menées, les critères mesurés et la planification de l'évaluation des critères, par conséquent, nous n'avons pas été en mesure de combiner les résultats des études. Seules quatre études avaient rendu compte du principal critère de jugement intéressant, l'amélioration globale à court terme (toute mesure par laquelle les patients indiquent l'intensité de leurs symptômes par rapport à un état initial, par exemple un score global d'amélioration ou de satisfaction avec un traitement, dans les trois mois suivant le traitement). Toutefois, parmi celles-ci, seules trois avaient rendu compte de données de critères complètes suffisantes pour être incluses dans la revue. Un essai de très faible qualité incluant 14 participants a trouvé que tous les participants ayant bénéficié soit d'une mobilisation neurodynamique soit d'une mobilisation du carpe, avaient rapporté une amélioration globale (RR 15,00 ; IC à 95 % 1,02 à 220,92), même si la précision de l'estimation de cet effet est très faible, et n'en a trouvé aucun dans le groupe témoin, à savoir l'absence de traitement. Un essai de faible qualité incluant 22 participants a trouvé que les participants ayant bénéficié d'une mobilisation des tissus mous assistée par un instrument comparée à une mobilisation des tissus mous standard, avaient 24 % de chances en plus d'être 'satisfaits' ou 'très satisfaits' du traitement (RR 1,24 ; IC à 95 % 0,89 à 1,75), même si les participants n'avaient pas été mis en aveugle et même s'il n'était pas certain que la séquence d'assignation avait été gardée secrète. Un autre essai de très faible qualité incluant 26 participants a trouvé qu'un plus grand nombre de poignets atteints du SCC bénéficiant d'exercices de glissement des nerfs plus des attelles plus une modification d'activité ne présentaient aucune conséquence pathologique lors de l'évaluation de la latence sensorielle distale des nerfs médian et cubital à la fin du traitement, comparés aux poignets traités par des attelles plus une modification d'activité seulement (RR 1,26 ; IC 95 % 0,69 à 2,30). Toutefois, il s'est produit une erreur dans l’unité d’analyse dans cet essai, car la corrélation entre les poignets chez les participants atteints du SCC bilatéral n'avait pas été prise en compte. Seules deux études avait mesuré les effets indésirables, davantage de données sont donc nécessaires avant que l'on puisse tirer des conclusions définitives sur l'innocuité des interventions d'exercices et de mobilisation. En général, les résultats des critères secondaires de la revue (amélioration à court et long terme des symptômes du SCC, capacité fonctionnelle, qualité de vie liée à la santé, paramètres neurophysiologiques et nécessité d'une intervention chirurgicale) pour la plupart des comparaisons avaient un IC à 95 % qui intégrait les effets dans les deux sens.