Le nombre de personnes atteintes de démence et d'autres problèmes cognitifs augmente partout dans le monde. Un diagnostic précoce de la démence est recommandé, mais il n'existe pas d'accord sur la meilleure approche ou sur la manière dont les spécialistes en perte de mémoire devraient évaluer les patients. Une stratégie potentielle consiste à interroger les amis ou la famille sur le sujet à évaluer pour un changement dans la fonction ou la cognition. Différentes méthodes de cette entrevue collatérale sont disponibles et la plus couramment utilisée est le questionnaire informatif sur le déclin cognitif chez les patients âgés (QIDCPA). Nous avons effectué des recherches dans différentes bases de données pour tous les articles publiés relatifs à l'exactitude du QIDCPA pour sélectionner les patients atteints de démence. Nous avons trouvé onze études ayant testé l'exactitude du diagnostic du QIDCPA au sein des populations vivant en milieu communautaire, nous avons été en mesure de combiner leurs résultats pour fournir un résumé des résultats. Nous avons comparé deux formes de QIDCPA et avons découvert qu'un formulaire concis avec moins de questions était tout aussi précis que le questionnaire original plus détaillé. Dans l'ensemble, l'exactitude du QIDCPA était raisonnable, mais pas parfaite. Si Ie QIDCPA devait être utilisé pour évaluer à grande échelle des populations de personnes âgées, il désignerait de nombreuses personnes atteintes de démence alors qu'elles ne souffrent pas de cette maladie et manquerait également de diagnostiquer la démence pour une importante proportion.
Les données publiées suggèrent que lors de l'utilisation du QIDCPA pour les populations vivant en milieu communautaire, le QIDCPA à 16 éléments pourrait être préférable à l'échelle traditionnelle en raison d'un moindre fardeau du test et d'aucune différence d'exactitude évidente. Bien que la précision des tests du QIDCPA se situe dans une fourchette considérée par un bon nombre comme étant « raisonnable », dans le contexte des environnements communautaires ou de la population, l'utilisation seule du QIDCPA entraînerait un diagnostic erroné substantiel et une fausse réassurance. Parmi les études incluses, il y avait des problèmes d'hétérogénéité, plusieurs biais potentiels et des rapports de qualité insuffisants.
Divers outils existent pour l'évaluation initiale de la démence sans consensus sur la méthode d'évaluation optimale. Les instruments qui utilisent les sources collatérales afin d'évaluer le changement de la fonction cognitive au fil du temps pourraient être particulièrement utiles. L'évaluation informative sur la démence la plus couramment utilisée est le questionnaire informatif sur le déclin cognitif chez les patients âgés (QIDCPA).
Une synthèse des données disponibles concernant l'exactitude du QIDCPA permettra de guider les stratégies cognitives d'évaluation pour la pratique clinique, les recherches et les directives.
Notre principal objectif était de déterminer l'exactitude du diagnostic du questionnaire informatif QIDCPA pour la détection de toutes les causes (indifférenciées) de démence au sein des populations vivant en milieu communautaire sans précédente évaluation cognitive. Nous avons cherché à décrire l'exactitude du QIDCPA (test d'indice) par rapport à un diagnostic clinique de la démence (référence standard).
Notre objectif secondaire était de décrire l'effet de l'hétérogénéité sur l'estimation résumée. Nous étions particulièrement intéressés à l'échelle traditionnelle à 26 éléments par rapport au formulaire restreint à 16 éléments et à la langue d'administration. Nous avons exploré l'effet de la variation du seuil minimal du QIDCPA utilisé pour définir la « positivité du test ».
En date du 28 janvier 2013, nous avons effectué des recherches dans les sources suivantes : ALOIS (groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs), MEDLINE (OvidSP), EMBASE (OvidSP), PsycINFO (OvidSP), BIOSIS Previews (ISI Web of Knowledge), Web of Science avec les procédures des conférences (ISI Web of Knowledge), LILACS (BIREME). Nous avons également effectué des recherches dans les sources pertinentes ou spécifiques pour l'exactitude des tests diagnostiques : MEDION (Universités de Maastricht et de Leuven); DARE (Université de York) ; ARIF (Université de Birmingham). Nous avons utilisé des termes sensibles à la recherche selon les termes MeSH et d'autres vocabulaires contrôlés.
Nous avons sélectionné ces études réalisées dans des environnements communautaires qui utilisaient (pas nécessairement exclusivement) le QIDCPA pour évaluer la présence de la démence et, lorsque le diagnostic de démence était confirmé, qui utilisaient l'évaluation clinique. Avec une recherche limitée aux environnements communautaires, notre intention était d'inclure les études se rapprochant de l'évaluation à l'échelle de la population. Parmi nos critères prédéfinis sur l'inclusion communautaire, des articles pertinents s'accordaient à nos définitions sur les populations vivant en milieu communautaire, mais représentaient une population sélectionnée, par exemple les survivants d'AVC. Nous avons inclus ces études, mais effectué des analyses de sensibilité pour évaluer les effets de ces populations moins représentatives sur le résumé des résultats.
Nous avons examiné tous les titres générés par les recherches dans les bases de données électroniques et les résumés de toutes les études potentiellement pertinentes ont été examinés. Les articles complets ont été évalués pour l'éligibilité et les données ont été extraites par deux évaluateurs indépendants. Pour l'évaluation de la qualité (le risque de biais et l'applicabilité), nous avons utilisé l'outil QUADAS 2. Nous avons inclus les données testant l'exactitude du QIDCPA utilisées pour prédéfinir le seuil minimal du diagnostic. Lorsque les données le permettaient, nous avons effectué des méta-analyses pour calculer les valeurs de sensibilité et de spécificité avec des intervalles de confiance (IC) à 95 %. Nous avions prédéfini les analyses pour décrire l'effet du QIDCPA (format traditionnel ou concis) et la langue d'administration pour le QIDCPA.
À partir de 16 144 références bibliographiques, 71 articles décrivaient l'exactitude du test du QIDCPA. Nous avons inclus 10 articles (11 ensemble de données indépendantes), représentant des données issues de 2 644 individus (n = 379 (14 %) atteints de démence). En utilisant les valeurs-seuils du QIDCPA couramment utilisées dans la pratique clinique (3.3, 3.4, 3.5, 3.6), la sensibilité et la spécificité du QIDCPA pour le diagnostic de la démence dans les études étaient généralement supérieures à 75 %.
En prenant le seuil minimal du QIDCPA de 3.3 (ou le plus proche disponible) la sensibilité était de 0,80 (IC à 95 % de 0,75 à 0,85); la spécificité était de 0,84 (IC à 95 % de 0,78 à 0,90); le rapport de vraisemblance positif était de 5,2 (IC à 95 % de 3,7 à 7,5) et le rapport de vraisemblance négatif était de 0,23 (IC à 95 % de 0,19 à 0,29).
L'analyse comparative ne suggérait aucune différence significative dans la précision des tests sur les 16 et 26 éléments de tests du QIDCPA et aucune différence significative dans la précision des tests selon la langue d'administration. Il y avait peu de différence au niveau de la sensibilité parmi nos seuils de diagnostic prédéfinis.
Il y avait une hétérogénéité substantielle dans les études incluses. Les analyses de sensibilité, qui éliminaient les populations n'étant potentiellement pas représentatives dans ces études, apportaient peu de différence concernant les estimations des données regroupées.
La majorité des articles inclus présentait un risque de biais potentiel, en particulier pour la sélection des participants et l'échantillonnage. La qualité des rapports était perfectible en particulier concernant le moment des évaluations et les descripteurs de reproductibilité et la variabilité ente les observateurs.