Cette revue résume les essais évaluant l'exactitude des tests de diagnostic rapide (TDR) pour diagnostiquer le paludisme dû à Plasmodium vivax ou à d'autres espèces non falciparum. Après avoir recherché les études pertinentes jusqu'à décembre 2013, nous avons inclus 47 études, portant sur un total de 22 862 adultes et enfants.
Que sont les tests rapides et pourquoi doivent-ils pouvoir distinguer le paludisme à Plasmodium vivax
Les TDR sont des tests simples utilisables directement au point de soins, adaptés pour une utilisation en milieu rural par le personnel des soins de santé primaires. Les TDR utilisent des anticorps pour détecter des antigènes du paludisme dans le sang du patient. Une goutte de sang est placée sur la bandelette de test, où les anticorps et les antigènes se combinent pour créer une ligne distincte indiquant un test positif.
Le paludisme (aussi appelé « malaria ») peut être dû à n'importe laquelle des cinq espèces du parasite Plasmodium mais P. falciparum et P. vivax sont les plus couramment rencontrés. Dans certaines régions, les TDR doivent être en mesure de distinguer l'espèce à l'origine des symptômes du paludisme, car des espèces différentes peuvent nécessiter des traitements différents. Contrairement à P. falciparum, P. vivax comporte un stade du parasite demeurant dans le foie qui peut occasionner des maladies répétées tous les quelques mois, sauf s'il est traité avec la primaquine. Les types les plus communs de TDR pour P. vivax utilisent une combinaison de deux lignes de test ; une ligne spécifique à P. falciparum et une ligne qui peut détecter toutes les espèces de Plasmodium. Si la ligne de P. falciparum est négative et la ligne « toutes espèces » est positive, la maladie est présumée être due à P. vivax (mais elle pourrait également être causée par P. malariae ou P. ovale). Plus récemment, des TDR ont été développés pour tester spécifiquement la parasitémie à P. vivax.
Que dit la recherche ?
Les TDR pour le paludisme non falciparum étaient très spécifiques (plage de 98 % à 100 %), ce qui signifie que seulement 1 % à 2 % des patients au test positif n'auraient en réalité pas la maladie. Toutefois, ils étaient moins sensibles (plage de 78 % à 89 %), ce qui signifie qu'entre 11 % et 22 % des personnes atteintes de paludisme non falciparum auraient en réalité un résultat de test négatif.
Les TDR testant spécifiquement la parasitémie à P. vivax étaient plus précis, avec une spécificité de 99 % et une sensibilité de 95 %, ce qui signifie que seulement 5 % des personnes atteintes de paludisme à P. vivax auraient un résultat de test négatif.
Les TDR conçus pour détecter spécifiquement le P. vivax , seul ou dans le cadre d'une infection mixte, semblent être plus précis que les tests plus anciens conçus pour distinguer le paludisme à P. falciparum du paludisme non falciparum. Par rapport à la microscopie, ces tests ne détectent pas environ 5 % des cas de P. vivax . Associée à d'autres informations publiées sur leurs performances dans les tests in vitro et leur stabilité sur le terrain, cette revue Cochrane peut aider les décideurs à choisir entre le tests de diagnostic disponibles.
Dans les contextes où le paludisme peut être dû aux infections à Plasmodium vivax ou à Plasmodium falciparum , les tests de diagnostic rapide (TDR) doivent distinguer l'espèce à l'origine des symptômes des patients, car des traitements différents sont requis. Les TDR plus anciens incorporent deux lignes de test pour distinguer le paludisme dû à P. falciparum du paludisme dû à toute autre espèce de Plasmodium (non falciparum). Ces TDR peuvent être classés selon les anticorps utilisés : les TDR de type 2 utilisent les anti-HRP-2 (pour P. falciparum) et les anti-aldolase (toutes espèces) ; les TDR de type 3 utilisent les anti-HRP-2 (pour P. falciparum) et les anti-pLDH (toutes espèces) ; les TDR de type 4 utilisent les anti-pLDH (pour P. falciparum) et les anti-pLDH (toutes espèces).
Plus récemment, des TDR ont été développés pour distinguer les parasitémies à P. vivax en utilisant un anticorps anti-pLDH spécifique à P. vivax.
Évaluer la précision diagnostique des TDR pour détecter les parasitémies non falciparum ou à P. vivax chez les personnes vivant dans des zones d'endémie palustre qui se présentent dans les établissements de santé ambulatoires atteints de symptômes évocateurs de paludisme ; et identifier les types et les marques de tests disponibles dans le commerce qui détectent le mieux le paludisme non falciparum et à P. vivax .
Nous avons entrepris une recherche exhaustive dans les bases de données suivantes jusqu'au 31 décembre 2013 : registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses ; MEDLINE ; EMBASE ; MEDION ; Science Citation Index ; Web of Knowledge ; Index Medicus Africain ; LILACS ; et IndMED.
Études comparant des TDR à un test de référence (microscopie ou amplification en chaîne par polymérase) pour l'examen d'échantillons de sang de patients randomisés ou assignés à des séries consécutives et se présentant dans un établissement de soins ambulatoires avec des symptômes pouvant être liés au paludisme dans des zones d'endémie non falciparum.
Pour chaque étude, deux auteurs de la revue ont extrait indépendamment un ensemble standard de données en utilisant un formulaire d'extraction de données sur mesure. Nous avons regroupé les comparaisons par type de TDR (défini en fonction des combinaisons d'anticorps utilisées), et les avons combinées dans une méta-analyse le cas échéant. Les sensibilités et spécificités moyennes sont présentées avec des intervalles de confiance à 95 % (IC à 95 %).
Nous avons inclus 47 études portant sur 22 862 participants. Les caractéristiques des patients, les méthodes d'échantillonnage et les méthodes standard de référence étaient mal rapportées dans la plupart des études.
TDR détectant la parasitémie non falciparum
Onze études évaluent des tests de type 2 par rapport à la microscopie, 25 essais évaluent des tests de type 3, et 11 évaluent des tests de type 4. Dans les méta-analyses, les sensibilités et spécificités moyennes étaient respectivement de 78 % (IC à 95 % de 73 % à 82 %) et 99 % (IC à 95 % de 97 % à 99 %) pour les tests de type 2 ; de 78 % (IC à 95 % de 69 % à 84 %) et 99 % (IC à 95 % de 98 % à 99 %) pour les tests de type 3 ; et de 89 % (IC à 95 % de 79 % à 95 %) et 98 % (IC à 95 % de 97 % à 99 %) pour les tests de type 4. Les tests de type 4 étaient plus sensibles que les tests de type 2 (P = 0,01) et de type 3 (P = 0,03).
Cinq études comparent les tests de type 3 par rapport la PCR (amplification en chaîne par polymérase) ; dans la méta-analyse, la sensibilité et la spécificité moyenne étaient respectivement de 81 % (IC à 95 % de 72 % à 88 %) et 99 % (IC à 95 % de 97 % à 99 %).
TDR détectant la parasitémie à P.vivax
Huit études comparent des tests de pLDH par rapport à la microscopie ; la sensibilité et la spécificité moyenne étaient respectivement de 95 % (IC à 95 % de 86 % à 99 %) et 99 % (IC à 95 % de 99 % à 100 %).
Traduction réalisée par le Centre Cochrane Français