Question de la revue
Examiner les effets des interventions psychologiques sur la détresse liée au diabète chez des adultes âgés de 18 ans et plus porteurs d’un diabète de type 2.
Contexte
La détresse liée au diabète est en relation avec le vécu des patients atteints de diabète sucré, leurs inquiétudes concernant le traitement la maladie, le soutien dont ils peuvent bénéficier, leur fardeau émotionnel et leur accès aux soins de santé. Un patient sur deux atteint de diabète de type 2 est en proie à cette détresse, qui est associée à des soins personnels insuffisants et à un mauvais contrôle de la maladie. De nombreuses interventions psychologiques ont essayé de réduire la détresse liée au diabète, mais on ignore lesquelles sont efficaces.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons trouvé 30 essais contrôlés randomisés (essais cliniques où les sujets sont répartis de façon aléatoire entre deux ou plusieurs groupes de traitement) regroupant 9177 participants. La durée des interventions variait de 1 semaine à 12 mois et le suivi après traitement de 0 à 12 mois. La plupart des études ont été menées en ville, presque toutes dans des pays à revenus élevés, deux en Asie et deux en Amérique latine. Les études portaient sur un large éventail d'interventions, individuelles aussi bien qu’en groupe.
Principaux résultats
Les interventions psychologiques ont eu un petit effet positif sur la confiance pour la prise en mains de la maladie par les patients et sur le taux d’hémoglobine glyquée A1c (HbA1c, une mesure à long terme du contrôle de la glycémie) chez des adultes atteints de diabète de type 2. Par rapport aux soins habituels, les interventions psychologiques n’ont produit aucun effet certain sur la détresse liée au diabète, la qualité de vie liée à la santé, la mortalité toutes causes confondues, les événements indésirables ou les niveaux de tension artérielle. Aucune étude n’a rendu compte des complications liées au diabète (telles que les AVC, les crises cardiaques ou l’insuffisance rénale) ou des effets socioéconomiques (absentéisme au travail, coût des médicaments, etc.).
Ces données sont à jour à la date du 21 septembre 2016.
Qualité des données
Dans l’ensemble, la qualité des données n’était pas bonne en raison de la petite taille des études, des données manquantes et des limitations dans la conception et la mise en œuvre des études incluses. Quatre études sont en attente d’évaluation et 18 autres sont en cours, dont on peut espérer que les résultats seront publiés prochainement.
Des données de mauvaise qualité ont montré qu’aucune des interventions psychologiques ne pouvait améliorer la détresse liée au diabète plus que les soins habituels. Il existe des données de mauvaise qualité à l’appui d’une amélioration de l’efficacité des soins personnels et de l’HbA1c après les interventions psychologiques. Cela signifie que nous ne sommes pas certains des effets des interventions psychologiques en ce qui concerne ces critères de jugement, mais elles ne provoquent probablement pas d’événements indésirables importants par rapport aux soins habituels. De nouvelles recherches de bonne qualité sont nécessaires, avec des programmes concentrés sur les émotions et ailleurs qu’aux États-Unis et en Europe, dans des pays à faibles et moyens revenus.
De nombreux adultes atteints de diabète de type 2 subissent un stress psychosocial et des problèmes de santé mentale associés à la maladie. La détresse liée au diabète a des effets spécifiques sur les comportements liés aux soins personnels et le contrôle de la maladie. Son amélioration chez les adultes diabétiques de type 2 pourrait améliorer le bien-être psychologique, la qualité de vie liée à la santé, la capacité de prendre soin de soi et le contrôle de la maladie, tout en réduisant les symptômes dépressifs.
Évaluer les effets des interventions psychologiques pour la détresse liée au diabète chez les adultes atteints de diabète de type 2.
Nous avons consulté la Bibliothèque Cochrane, MEDLINE, Embase, PsycINFO, CINAHL, BASE, le portail de recherche ICTRP de l’OMS et ClinicalTrials.gov. La dernière recherche a été effectuée en décembre 2014 dans BASE et le 21 septembre 2016 dans toutes les autres bases de données.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur les effets des interventions psychologiques contre la détresse liée au diabète chez des sujets adultes (18 ans et plus) porteurs d’un diabète de type 2. Nous avons inclus les essais qui comparaient différentes interventions psychologiques ou une intervention psychologique et les soins habituels. Les critères de jugement principaux étaient la détresse liée au diabète, la qualité de vie liée à la santé (QVLS) et les événements indésirables. Les critères de jugement secondaires étaient l’efficacité des soins personnels, l’hémoglobine glyquée A1c (HbA1c), la tension artérielle, les complications liées au diabète, la mortalité toutes causes confondues et les effets socio-économiques.
Deux auteurs de la revue ont identifié indépendamment les publications à inclure et extrait les données. Nous avons classé les interventions en fonction de leur concentration sur les émotions, la cognition ou le couple émotion-cognition. Nous avons effectué des méta-analyses à effets aléatoires pour calculer les estimations globales.
Nous avons identifié 30 ECR comptant 9177 participants. Seize essais étaient des ECR parallèles à deux branches et sept autres des essais parallèles à trois branches. Il y avait également sept essais randomisés en clusters : deux à quatre branches et les cinq autres à deux branches. La durée médiane de l’intervention était de six mois (extrêmes de 1 semaine et 24 mois) et la période de suivi médiane de 12 mois (extrêmes de 0 et 12 mois). Les essais incluaient un large éventail d'interventions, individuelles aussi bien qu’en groupe.
Une méta-analyse de toutes les interventions psychologiques combinées comparées aux soins habituels n’a montré aucun effet sur la détresse liée au diabète (différence moyenne standardisée (DMS) -0,07 ; IC à 95 % de -0,16 à 0,03 ; P = 0,17 ; 3315 participants ; 12 essais ; données de mauvaise qualité), la QVLS (DMS 0,01 ; IC à 95 % de -0,09 à 0,11 ; P = 0,87 ; 1932 participants ; 5 essais ; données de mauvaise qualité), la mortalité toutes causes confondues (11 pour 1000 contre 11 pour 1000 ; risque relatif (RR) 1,01 ; IC à 95 % de 0,17 à 6,03 ; P = 0,99 ; 1376 participants ; 3 essais ; données de mauvaise qualité) ou les événements indésirables (17 pour 1000 contre 41 pour 1000 ; RR 2,40 ; IC à 95 % de 0,78 à 7,39 ; P = 0,13 ; 438 participants ; 3 essais ; données de mauvaise qualité). Nous avons constaté de petits effets bénéfiques sur l’efficacité des soins personnels et l’HbA1c lors du suivi à moyen terme (6 à 12 mois) : sur l'efficacité des soins personnels, la DMS était de 0,15 (IC à 95 % de 0,00 à 0,30 ; P = 0,05 ; 2675 participants ; 6 essais ; données de mauvaise qualité) en faveur des interventions psychologiques ; sur l’HbA1c, il y avait une différence moyenne (DM) de -0,14 % (IC à 95% -0,27 à 0,00; P = 0,05; 3165 participants ; 11 essais ; données de mauvaise qualité) en faveur des interventions psychologiques. Les essais que nous avons inclus ne rendaient pas compte de complications liées au diabète ni des effets socio-économiques.
De nombreux essais étaient de petite taille et présentaient un risque élevé de biais de données de résultat incomplètes ainsi que de possibles biais d’exécution et de détection dans les évaluations de paramètres subjectifs au moyen de questionnaires, et certains semblaient comporter un risque de notification sélective. Il existe quatre essais en attente de classification supplémentaire. Il s’agit d’ECR en parallèle avec des interventions axées sur la cognition et le couple émotion-cognition. Il existe 18 autres essais en cours, probablement concentrés sur la cognition ou le couple émotion-cognition et évaluant des interventions telles que l’aide aux soins personnels dans le diabète, la thérapie cognitivo-comportementale par téléphone, la gestion du stress et une application Web pour la résolution des problèmes de suivi du diabète. La plupart de ces essais se déroulent en ville et aux États-Unis.
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France