Question de la revue
Nous avons examiné les preuves concernant les effets des différentes stratégies dans la fréquence d'aspiration des nouveau-nés qui sont sous ventilation mécanique. Notre intérêt principal était la prévention des lésions pulmonaires.
Contexte
Les nouveau-nés pourraient avoir besoin d'une assistance pour respirer, car leurs poumons n'ont pas encore atteint la maturité. Un cathéter (tube) des voies respiratoires est inséré dans la bouche ou le nez afin de maintenir une voie respiratoire ouverte (perméabilité) chez les nouveau-nés qui ne sont pas en mesure de respirer sans assistance. Cette procédure est connue sous le nom d'intubation endotrachéale. L'aspiration par sonde endotrachéale est nécessaire pour éliminer les sécrétions et maintenir la perméabilité des voies respiratoires, et permet par conséquent de veiller à ce que le bébé reçoive suffisamment d'oxygène. La procédure d'aspiration par intubation endotrachéale a pour but d'éliminer autant de secrétions que possible, avec un nombre minimal d'effets secondaires associés. Cependant, l'aspiration provoque le stress, la douleur et l'inflammation (gonflement) de la trachée chez les nouveau-nés. La fréquence optimale de l'aspiration n'a pas été définie. L'aspiration des voies respiratoires peut être réalisée "par prescription" du spécialiste ou seulement "au besoin". En outre, l'approche "par prescription" peut comporter des aspirations plus ou moins fréquentes. Nous avons passé en revue les données actuelles, jusqu'à octobre 2015, en faveur de l'application de l'une ou l'autre méthode.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons recherché dans des bases de données médicales des études cliniques comparant différentes stratégies concernant la fréquence d'aspiration du tube trachéal chez les nouveau-nés sous ventilation mécanique. Nous n'avons trouvé qu'une seule étude portant sur 97 nouveau-nés pesant moins de 2,5 kg (on les appelle les nourrissons de faible poids de naissance). L'aspiration a été réalisée toutes les six ou 12 heures au cours des trois premiers jours de vie.
Principaux résultats
Il n'y avait aucune différence importante par rapport au temps durant lequel les bébés étaient mis sous ventilation, la survenue d'un pneumothorax (poumon collabé), la nécessité d'une ventilation ou de l'oxygène à plus de 30 jours de vie, l'apparition de saignements dans le cerveau et le décès durant le premier mois de vie. En outre, l'étude n'avait pas rapporté d'effets secondaires.
Qualité des preuves
Nous n'avons identifié qu'une seule étude, qui a été réalisée en 1987 et 1988, et qui présentaient plusieurs lacunes. Nous ne pouvons pas conseiller les professionnels de santé et les parents sur la fréquence optimale de l'aspiration lorsque les nouveau-nés sont ventilés.
Il n'y avait pas suffisamment de preuves pour identifier la fréquence idéale d'aspiration du TT chez les nouveau-nés sous ventilation. Les recherches futures devraient se concentrer sur les effets chez les nouveau-nés très prématurés, qui représentent la population la plus vulnérable aux risques de lésion pulmonaire et cérébrale. L'évaluation devrait inclure le cas d'une ventilation prolongée, lorsque les secrétions sont souvent plus denses et abondantes. Les essais cliniques pourraient inclure des comparaisons entre l'aspiration endotrachéale « prescrite » et « au besoin », basées sur des indications spécifiques, ainsi qu'entre des aspirations prescrites plus ou moins fréquentes.
L'aspiration endotrachéale consiste en l'aspiration mécanique des sécrétions pulmonaires dans le tube trachéal (TT) pour prévenir l'obstruction. La fréquence optimale d'aspiration du TT n'a pas été définie.
Déterminer les effets de l'aspiration du TT selon une fréquence prescrite par des spécialistes («par prescription») par rapport à l'aspiration du TT uniquement en cas d'indications («selon les besoins»), ainsi que les effets d'une aspiration plus fréquente ou plus rare, sur la morbidité respiratoire chez les nouveau-nés ventilés .
Nous avons utilisé la stratégie standard de recherche du groupe de revue Cochrane sur la néonatologie pour consulter le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL 2015, numéro 10), MEDLINE via PubMed (de 1966 au 31 octobre 2015), EMBASE (de 1980 au 31 octobre 2015) et CINAHL (de 1982 au 31 octobre 2015). Nous avons examiné les références bibliographiques des articles identifiés et contacté les auteurs des études afin d'identifier des études supplémentaires. Nous avons également effectué des recherches dans les bases de données d'essais cliniques, les actes de conférence et les références bibliographiques d'articles trouvés pour les essais contrôlés randomisés et les essais quasi-randomisés.
Les essais contrôlés randomisés, quasi-randomisés et randomisés en grappes, comparant différentes stratégies concernant la fréquence d'aspiration du TT chez les nouveau-nés bénéficiant d'assistance ventilatoire.
Nous avons utilisé les méthodes standard du groupe de revue Cochrane sur la néonatologie. Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais des essais. Le critère de jugement principal était la dysplasie broncho-pulmonaire, soit une maladie pulmonaire chronique.
Nous avons identifié une étude contrôlée randomisée portant sur 97 nourrissons de faible poids de naissance qui remplissait les critères d'inclusion. L'étude a été réalisée au Royaume-Uni en 1987 et 1988. Les nourrissons randomisés bénéficiaient d'une aspiration du TT toutes les six ou 12 heures au cours des trois premiers jours de vie. La qualité des rapports était limitée et nous avons classé l'essai comme présentant un risque élevé de biais. En outre, l'essai manquait de puissance adéquate. Il n'y avait aucune différence statistiquement significative pour aucun des critères de jugement rapportés : la dysplasie broncho-pulmonaire (définie comme l'oxygène à plus de 30 jours ; risque relatif (RR) 0,49, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,20 à 1,20) ; l'incidence de pneumothorax (RR 0,70, IC à 95 % 0,24 à 2,05) ; l'hémorragie intraventriculaire (RR 1,12, IC à 95 % 0,44 à 2,85) ; la mortalité néonatale (RR 1,40, IC à 95 % 0,58 à 3,37) ; et le temps passé sous ventilation (durée médiane de 39 heures dans le groupe des aspirés toutes les 12 heures, et de 28 heures dans le groupe des aspirés toutes les 6 heures ; DR pas applicable pour ce résultat comme la moyenne et l'écart type n'étaient pas rapportés). Des tests d'hétérogénéité n'étaient pas applicables puisqu'une seule étude a été incluse.
Post-édition : Marine Moser (M2 ILTS, Université Paris Diderot)