Question de la revue
Nous avons cherché à savoir si l’exercice physique avant la vaccination contre la grippe (antigrippale) pouvait réduire le nombre d’adultes qui contractent la grippe et les complications de la maladie.
Contexte
L’activité physique peut modifier la réponse immunitaire. La grippe est une infection virale qui affecte entre trois et cinq millions de personnes dans le monde chaque année. La vaccination contre la grippe saisonnière, qui agit sur le système immunitaire de façon à protéger contre l’infection, est une pratique courante dans de nombreux pays.
Date de la recherche
Nous avons effectué des recherches dans la littérature jusqu'à novembre 2015.
Caractéristiques de l'étude
Nous avons examiné six études qui portaient sur 599 personnes âgées de 18 à 80 ans et évaluaient l’intérêt de l’exercice physique avant la vaccination contre la grippe. Les exercices incluaient la marche libre ou sur tapis roulant (endurance) ainsi que des flexions des biceps et des levers latéraux (résistance) pendant 25 à 50 minutes par séance d'exercices. Les participants de cinq études ont fait une séance d’exercices le jour de la vaccination ; dans une autre étude, les participants ont été actifs physiquement pendant huit semaines avant la vaccination. L’exercice physique était supervisé dans trois études. Un groupe témoin ne faisant pas d’exercice a été évalué après des périodes de repos au calme.
Sources de financement des études
Trois études n’ont pas rapporté de sources de financement ; une étude a reçu des dons de vaccin antigrippal d’un laboratoire pharmaceutique, une autre a été soutenue par une société professionnelle et une autre par des organismes publics.
Principaux résultats
Nous n’avons trouvé aucune différence dans le nombre de personnes qui ont contracté la grippe ou développé des complications entre les groupes d’exercice physique et les groupes sans activité physique avant la vaccination antigrippale. Une seule étude a rapporté le nombre de personnes ayant contracté la grippe après les exercices physiques et la vaccination. Aucune étude n’a rapporté de complications liées à la grippe ; une seule a rapporté des événements indésirables. Aucune n’a rapporté le nombre de jours de travail ou autres jours perdus à cause de la grippe. Aucune différence positive n’a été rapportée entre les groupes actifs physiquement et inactifs avant la vaccination.
Le petit nombre de personnes incluses dans les études, les limitations dans la conception des études et l’hétérogénéité des exercices physiques n'ont pas permis de tirer des conclusions solides concernant les effets bénéfiques de l’activité physique avant la vaccination. Il semble que l’activité physique en préalable à la vaccination antigrippale n’ait pas d’effet bénéfique ni préjudiciable.
Qualité des données
Les données étaient de mauvaise ou très mauvaise qualité. Des études mieux conçues, incluant suffisamment de participants pour permettre l’évaluation et l’analyse des résultats, pourraient aider à déterminer si l’exercice physique avant la vaccination peut réduire le nombre de personnes qui contractent la grippe ou développent des complications.
Conclusions des auteurs
Nous avons trouvé que les exercices physiques réalisés avant la vaccination antigrippale n’étaient ni bénéfiques ni nocifs. L'effectif réduit des différentes études, la diversité des types d’exercices et l’accent mis sur les analyses de sang au lieu des critères d’évaluation relatifs aux participants ont fortement pesé sur nos résultats.
D’après les données probantes disponibles, nous avons trouvé que les exercices réalisés avant la vaccination antigrippale n’avaient aucun effet bénéfique ni préjudiciable. Cependant, les données des études étaient limitées et de mauvaise qualité. La petite taille des échantillons, les limitations des plans d’étude, les types d’exercice et l’attention portée aux paramètres biochimiques plutôt qu’aux critères d’évaluation concernant les patients ont fortement influencé nos résultats.
La grippe est une infection virale qui affecte aussi bien les êtres humains que certains animaux. Chez l’homme, elle se manifeste par de la fièvre, de la toux, des maux de gorge, un écoulement nasal, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires et un état de malaise. Le profil épidémiologique de la grippe dépend de nombreux facteurs, notamment de la transmissibilité du virus et de la susceptibilité de la population. Chaque année, la grippe infecte entre 5 % et 10 % des adultes, surtout en hiver dans les pays connaissant des changements de saisons. L’exercice physique pourrait être une intervention visant à améliorer la réponse immunitaire et à limiter l’incidence de la grippe et de ses complications.
Évaluer l’efficacité et l’innocuité de l’exercice physique à court et à long terme avant la vaccination antigrippale pour améliorer la prévention de la grippe chez l’adulte.
Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (2015, numéro 11), qui contient le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les infections respiratoires aiguës, MEDLINE (de 1966 au 3 novembre 2015), Embase (de 1974 au 3 novembre 2015), CINAHL (de 1981 au 3 novembre 2015), LILACS (Latin American and Caribbean Health Sciences, de 1982 au 3 novembre 2015), PEDro (de 1980 au 3 novembre 2015), SPORTDiscus (de 1985 au 3 novembre 2015), le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’OMS (ICTRP) et ClinicalTrials.gov (novembre 2015).
Les essais contrôlés randomisés (ECR) évaluant l’effet à court et à long terme de l’exercice physique avant la vaccination antigrippale dans la population adulte générale étaient éligibles pour l’inclusion.
Deux auteurs de la revue ont extrait et vérifié indépendamment les données issues des essais inclus, à l’aide d’un formulaire standard. Nous avons utilisé le modèle à effets aléatoires en raison des différences de type, de durée, d’intensité et de fréquence des exercices physiques dans l’analyse.
Nous avons inclus six essais publiés entre 2007 et 2014, portant sur 599 participants adultes randomisés. Les effectifs des études allaient de 46 à 158 participants. Les participants étaient âgés de 18 à 80 ans ; nous n’avons pas pu obtenir les proportions des sexes car le sexe des participants n’était pas rapporté dans toutes les études. Une étude n’était disponible que sous forme de résumé.
Nous n’avons pas trouvé de différence significative en termes de résultats entre les personnes faisant de l’exercice et celles qui n’en avaient pas fait avant de recevoir la vaccination contre la grippe.
Les exercices comprenaient des activités d’endurance, comme la marche libre ou sur un tapis roulant, et de résistance comme des flexions des biceps et des levers latéraux. Cinq études comprenaient une seule séance d’exercices de 25 à 50 minutes. Dans cinq études, l’exercice était effectué le même jour que la vaccination. Une étude comprenait des exercices sur une période de huit semaines avant la vaccination, avec des séances supervisées de 2 heures ½ et des exercices à domicile pendant 45 minutes. L’intensité des exercices variait de 55 % à 85 % de la fréquence cardiaque maximale. Les participants du groupe témoin se livraient à différentes activités telles que se reposer au calme, rester assis, lire, méditer ou des activités non spécifiées.
Une étude a rapporté le nombre de personnes ayant contracté la grippe ; aucune différence significative n’était rapportée entre les groupes d’exercice et sans exercice. Aucune des études incluses n’a rendu compte de complications liées à la grippe. Une seule étude, dont nous avons jugé les données de faible qualité, rapporte le nombre de personnes qui ont connu des événements indésirables. Cette étude ne rapporte aucune différence significative en termes de résultats entre les personnes ayant ou non fait de l’exercice. Aucune étude n’a rapporté le nombre de jours de travail ou autres jours perdus à cause de la grippe. Seules deux études ont rapporté des critères d’évaluation centrés sur les patients.
Dans l’ensemble, la qualité des études était incertaine ; nous avons jugé que cinq des six études incluses présentaient un risque de biais incertain dans au moins quatre domaines (assignation secrète, mise en aveugle de l’évaluation des paramètres, notification sélective et autres biais). Le compte-rendu insuffisant des notifications sélectives dans quatre études n’a pas fourni assez d’informations pour nous permettre de juger ; seules deux études figuraient dans des registres d’essais cliniques.
Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France