Le chant sollicite les poumons pour assurer la circulation de l'air afin de produire de la musique ou des sons avec la voix. Le chant peut exiger beaucoup d'efforts de contraction et de coordination des muscles. Les personnes atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) pourraient en tirer des avantages semblables à ceux des exercices de respiration. On dit que le chant est bénéfique pour la santé, mais nous avons besoin de données probantes à ce sujet avant de pouvoir le recommander spécifiquement pour traiter des problèmes de santé. Nous avons prévu d'examiner si le chant avait un effet sur la qualité de vie ou l'essoufflement des personnes atteintes de BPCO. Nous avons inclus trois études avec un total de 112 participants. Les participants ont été répartis au hasard en deux groupes : un groupe qui suivait des cours de chant et un groupe témoin qui ne suivait pas de cours de chant. Les groupes témoins participaient à un atelier de cinéma, à un atelier d’artisanat ou ne faisaient aucune activité. Les ateliers de chant se déroulaient en groupe, à raison d’une à deux séances d’une heure par semaine pendant au moins six semaines. Les résultats des études étaient variés et nous n'avons pas pu combiner de nombreux résultats dans des « méta-analyses ». Une méta-analyse est une analyse statistique qui combine les résultats d’au moins deux études distinctes pour donner un résultat commun. Certaines études ont montré des améliorations dans certains aspects de la qualité de vie, tandis que d'autres n'ont pas montré amélioration. L'essoufflement n'a été mesuré que dans une seule étude et nous n’avons pas constaté d’amélioration. Les études n'ont pas indiqué si les effets ont duré longtemps après l’arrêt de la pratique du chant. Aucune étude n'a rapporté d'effets secondaires du chant, donc le chant semble être sans danger pour les personnes atteintes de BPCO. La qualité des études laissait à désirer en raison du petit nombre de participants et de l'absence d’information sur les méthodes et sur certains critères de jugement. Nous n'avons pas pu trouver suffisamment de données probantes pour déterminer l'effet de la pratique du chant chez les personnes atteintes de BPCO. D'autres études sont nécessaires et elles devraient se concentrer sur la participation de plus de patients.
Il y a des preuves de faible à très faible qualité que le chant est sans danger pour les personnes atteintes de BPCO et qu’il améliore la santé physique (telle que mesurée par le score de la composante physique du SF-36), mais pas la dyspnée ni la qualité de vie liée à la respiration. Les données probantes sont limitées en raison du faible nombre d'études et de participants dans chaque étude. Il n'existe pas de données probantes sur l'effet à long terme du chant pour les personnes atteintes de BPCO. L'absence d'études portant sur la pratique du chant en parallèle de la rééducation pulmonaire empêche de formuler des conclusions sur les effets du chant dans ce contexte. Il faut davantage d'essais contrôlés randomisés incluant plus de participants et un suivi à long terme, ainsi que des essais examinant l'effet du chant en plus de la rééducation pulmonaire, pour déterminer l'effet du chant sur la qualité de vie liée à la santé et sur la dyspnée chez les personnes atteintes de BPCO.
Le chant est une activité physique complexe qui sollicite les poumons pour le souffle afin de réguler la circulation de l’air et de créer de grands volumes pulmonaires. La pratique du chant requiert une expiration et une contraction du diaphragme actives ainsi qu’une bonne posture. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire chronique progressive caractérisée par l'obstruction de la circulation de l'air. Le chant est une activité qui a le potentiel d'améliorer la santé des personnes atteintes de BPCO.
Déterminer les effets du chant sur la qualité de vie liée à la santé et sur la dyspnée chez les personnes atteintes de BPCO.
Nous avons identifié des essais à partir du registre spécialisé du groupe Cochrane sur les voies respiratoires, de ClinicalTrials.gov, du portail des essais de l'Organisation Mondiale de la Santé et de PEDro, depuis leur création jusqu'en août 2017. Nous avons également examiné les références bibliographiques de toutes les études primaires et des articles de synthèse pour trouver des références supplémentaires.
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés avec des personnes atteintes d'une BPCO stable ayant suivi une formation de chant structurée et supervisée d'au moins quatre séances sur une durée totale de quatre semaines. La pratique du chant pouvait se dérouler individuellement ou en groupe (chorale) avec l'aide d'un chef de chant. Les études ont été incluses si elles comparaient : 1) le chant par rapport à l'absence d'intervention (soins habituels) ou à une autre intervention témoin ; ou 2) le chant plus la rééducation pulmonaire par rapport à la rééducation pulmonaire seule.
Deux auteurs de la revue ont procédé de manière indépendante à la présélection et à la sélection des essais à inclure, ont extrait des données sur les critères de jugement, et ont évalué le risque de biais. Nous avons contacté les auteurs des essais pour les données manquantes. Nous avons calculé les différences moyennes (DM) à l'aide d'un modèle à effets aléatoires. Nous n'avons pu analyser les données que pour la comparaison de la pratique du chant par rapport à l'absence d'intervention ou à un groupe témoin.
Trois études (un total de 112 participants) ont été incluses. Toutes les études ont réparti au hasard les participants dans un groupe de chant ou un groupe témoin. Les groupes témoins comprenaient un atelier de cinéma, un atelier d’artisanat et l’absence d’intervention. Dans les études, la fréquence des séances de chant variait de 1 à 2 fois par semaine sur une période de 6 à 24 semaines. La durée de chaque séance de chant était de 60 minutes.
Toutes les études incluaient des participants atteints de BPCO, dont l'âge moyen allait de 67 à 72 ans et dont le volume expiratoire maximum en une seconde (VEMS1) variait en moyenne de 37 % à 64 % des valeurs prévues. La taille de l'échantillon des études incluses était petite (33 à 43 participants) et la qualité globale des études était faible à très faible. En raison de la nature physique de l'intervention, l’aveugle des participants et du personnel n’était pas possible. En outre, deux études présentaient des biais de sélection et de déclaration.
Pour ce qui est des critères de jugement sur la qualité de vie liée à la santé, il n'y a pas eu d'amélioration statistiquement significative du score total du questionnaire respiratoire de Saint George (différence moyenne (DM) -0,82, intervalle de confiance (IC) à 95 % -4,67 à 3,02, 2 études, n = 58, données probantes de faible qualité). Toutefois, on a constaté une amélioration statistiquement significative du score résumé physique du SF-36 (ou Physical Component Summary, PCS) chez les patients pratiquant le chant (DM 12,64, IC à 95 % 5,50 à 19,77, 2 études, n = 52, données probantes de faible qualité). Une seule étude a rapporté des résultats sur notre deuxième critère de jugement principal de la dyspnée : elle a montré que l’amélioration moyenne du score BDI (Baseline Dyspnoea Index) chez les patients pratiquant le chant n'était pas statistiquement significative (DM 0,40, IC à 95 % -0,65 à 1,45, 1 étude, n = 30, données probantes de très faible qualité).
Aucune étude n'a examiné les critères sur le long terme et les auteurs n’ont pas rapporté d’effet indésirable ou secondaire.
Post-édition : Camille Singlis-Maguer - Révision : Inès Couly (M2 ILTS, Université de Paris)