Pourquoi est-il important de déterminer la faisabilité d'une résection tumorale ovarienne ?
Le cancer de l'ovaire est une maladie dont le taux de mortalité est élevé et qui touche 239 000 femmes chaque année dans le monde. A partir du moment où il est symptomatique et détectée, les cellules cancéreuses se sont répandues dans tout l'abdomen chez la plupart des femmes. Le traitement consiste en une intervention chirurgicale visant à enlever autant de tumeurs visibles que possible (également appelée chirurgie de réduction tumorale) et en une chimiothérapie. Des essais contrôlés randomisés ont montré que chez les femmes où tous les cancers visibles ne peuvent être enlevés par la chirurgie, la chimiothérapie est une stratégie de traitement alternative. Cela peut améliorer le nombre de femmes qui réussissent l'ablation de toutes les tumeurs visibles, ce qu'on appelle la réduction macroscopique. Par conséquent, il est important de déterminer à l'avance si tous les dépôts tumoraux visibles peuvent être enlevés par chirurgie, suivis d'une chimiothérapie, ou si une chimiothérapie est nécessaire pour réduire la taille de la tumeur avant la chirurgie.
L'imagerie par tomodensitométrie abdominale (TDM abdominale) est actuellement utilisée pour déterminer s'il est possible d'effectuer une chirurgie primaire de réduction en masse. Cependant, il ne peut pas déterminer correctement le résultat chez toutes les femmes. D'autres techniques d'imagerie qui peuvent être utilisées sont la tomographie par émission de positrons (TEP) et l'imagerie par résonance magnétique (IRM). La TEP visualise l'absorption du glucose par les cellules et permet la détection de métastases distantes et est souvent réalisée en parallèle avec la TDM abdominale (FluoroDeoxyGlucose-TEP/TDM). L'IRM offre un bon contraste des tissus mous pour détecter les petites lésions. Ces techniques d'imagerie supplémentaires peuvent améliorer la sélection du traitement.
Quel est le but de cette revue ?
Étudier l'exactitude de la TEP et de l'IRM chez les femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire à un stade avancé afin de déterminer la faisabilité d'une chirurgie primaire de réduction de la masse tumorale.
Quels sont les principaux résultats de la revue ?
Nous avons identifié deux études (366 participants) portant sur l'exactitude de la FDG-TEP/TDM et trois études (178 participants) portant sur l'exactitude de l'IRM.
Dans un groupe hypothétique de 1000 femmes, dont 620 auraient une tumeur résiduelle après l'intervention chirurgicale (prévalence de 62%), 211 femmes seraient considérées à tort comme étant aptes à subir une intervention chirurgicale selon leFDG-TEP/TDM et 37 femmes selon l’IRM. Cependant, la qualité et la quantité de ces études étaient insuffisantes pour que ces techniques d'imagerie puissent être utilisées couramment dans la pratique clinique. Par conséquent, les auteurs ont conclu qu'il faut effectuer d'autres recherches avant de pouvoir formuler une telle recommandation.
Les études ont suggéré une spécificité élevée et une sensibilité modérée pour le FDG-PET/TDM et l'IRM pour évaluer la réduction tumorale macroscopique incomplète. Cependant, la certitude des données probantes n'était pas suffisante pour justifier l'ajout systématique de la TEP-FDG/TDM ou de l'IRM à la pratique clinique.
Dans un contexte de recherche, l'ajout d'une autre méthode d'imagerie pourrait être envisagé pour les femmes identifiées comme étant aptes à la réduction tumorale primaire par tomodensitométrie abdominale, dans le but de filtrer les faux négatifs (c.-à-d. la réduction tumorale, possible par tomodensitométrie abdominale, impossible à réaliser en chirurgie réelle).
Le cancer de l'ovaire est la première cause de mortalité par cancer gynécologique dans les pays développés. La chirurgie et la chimiothérapie sont considérées comme traitements principaux et la taille de la réduction tumorale obenue via la chirurgie est un facteur pronostique majeur de survie chez ces femmes. Actuellement, la tomodensitométrie (TDM) est utilisée pour évaluer en préopératoire la réséctabilité de la tumeur. Si cela est jugé faisable, les femmes seront programmées pour une chirurgie primaire de réduction tumorale (c.-à-d. des efforts chirurgicaux pour enlever la majeure partie de la tumeur dans le but de ne laisser aucune tumeur visible (macroscopique)). Si la réduction tumorale n'est pas considérée comme faisable (c.-à-d. que la charge tumorale est trop importante), les femmes recevront une chimiothérapie néoadjuvante pour réduire la charge tumorale et subiront ensuite une chirurgie (à intervalles réguliers). Cependant, la tomodensitométrie est imparfaite dans l'évaluation de la résectabilité tumorale, de sorte que des modalités d'imagerie supplémentaires peuvent être envisagées pour optimiser le choix du traitement.
Évaluer l'exactitude diagnostique de la TEP/TDM au fluorodéoxyglucose-18 (FDG), de l'IRM conventionnelle et de l'IRM pondérée par diffusion (PD) en remplacement ou en complément du TDM abdominal, pour évaluer la réséctabilité de la tumeur au stade III à IV du cancer épithélial de l'ovaire, des trompes pallopiennes, du péritoine primaire chez les femmes atteintes de cancer de l'épitoné de l'ovaire de l'ordre du III au IV.
Nous avons fait des recherches dans MEDLINE et Embase (OVID) pour trouver des études potentiellement admissibles (1946 au 23 février 2017). De plus, nous avons fait des recherches sur ClinicalTrials.gov, WHO-ICTRP et dans les listes de références de toutes les études pertinentes.
Études d'exactitude diagnostique portant sur l'exactitude de l'IRM préopératoire FDG-PET/TDM, conventionnelle ou l’IRM-PD sur l'évaluation de la réséctabilité tumorale chez les femmes dont le cancer épithélial ovarien/de la trompe de Fallope/du péritoine primaire à un stade avancé (III à IV) qui doivent subir une chirurgie de réduction tumorale.
Deux auteurs ont examiné indépendamment les titres et les résumés pour en vérifier la pertinence et l'inclusion, en ont extrait les données et ont effectué une évaluation méthodologique de la qualité à l'aide de QUADAS-2. Le nombre limité d'études n'a pas permis de méta-analyses.
Cinq études (544 participants) ont été incluses dans l'analyse. Toutes les études ont effectué le test d'index en remplacement d'une tomodensitométrie abdominale. Deux études (366 participants) ont porté sur l'exactitude du TEP/TDM FDG pour l'évaluation de la réduction incomplète avec une maladie résiduelle de toute taille (> 0 cm) avec une sensibilité de 1,0 (IC, 95 % : 0,54 à 1,0) et 0,66 (IC, 95 % : 0,60 à 0,73) et des spécificités de 1,0 (IC, 95 % : 0,80 à 1,0) et 0,88 (IC, 95 % : 0,80 à 0,93), respectivement, de faible et moyenne certitude (données de certitude faible et modérée). Trois études (178 participants) ont porté sur l'IRM pour différentes conditions cibles, dont deux ont porté sur l'IRM-PD et une sur l'IRM classique. La première étude a montré que l'IRM-PD permet de déterminer une réduction incomplète de la charge avec une maladie résiduelle toutes tailles comprises avec une sensibilité de 0,94 (IC à 95 % : 0,83 à 0,99) et une spécificité de 0,98 (IC à 95 % : 0,88 à 1,00) (preuves de certitude faible et moyenne). Dans le cas de la TDM abdominale, la sensibilité pour évaluer la réduction incomplète était de 0,66 (IC à 95 % : 0,52 à 0,78) et la spécificité de 0,77 (IC à 95 % : 0,63 à 0,87) (preuves de faible certitude). La deuxième étude a fait état d'une sensibilité de l'IRM-PD de 0,75 (IC à 95 % : 0,35 à 0,97) et d'une spécificité de 0,96 (IC à 95 % : 0,80 à 1,00) (preuve de très faible certitude) pour évaluer la réduction incomplète avec maladie résiduelle > 1 cm. Dans la dernière étude, la sensibilité pour évaluer la réduction incomplète avec une maladie résiduelle de > 2 cm à l'IRM classique était de 0,91 (IC à 95 % : 0,59 à 1,00) et la spécificité de 0,97 (IC à 95 % : 0,87 à 1,00) (preuve très peu certaine). Dans l'ensemble, la certitude des données probantes était très faible à modérée (selon le GRADE), principalement en raison de la petite taille et de l'imprécision des échantillons.
Traduction révisée par Aïda Bafeta pour Cochrane France