Premiers intervenants communautaires en cas d'arrêt cardiaque extra-hospitalier chez les adultes et les enfants

Problématique de la revue

Évaluer l'effet de la mobilisation des premiers intervenants communautaires en cas d'arrêt cardiaque extra- hospitalier chez les adultes et les enfants âgés de plus de quatre semaines, en termes de survie et de fonction neurologique.

Contexte

L'arrêt cardiaque extra-hospitalier est une cause majeure de décès. Il survient lorsque le cœur d'une personne cesse soudainement de pomper le sang dans tout son corps et il est souvent causé par un rythme cardiaque anormal. Une personne victime d'un arrêt cardiaque mourra en quelques minutes à moins que ce rythme ne puisse être corrigé.

Un dispositif sûr, portatif et abordable appelé " défibrillateur " peut être utilisé pour interrompre (" défibriller ") le rythme anormal qui cause l'arrêt cardiaque, permettant au cœur de redémarrer. Un défibrillateur peut être utilisé par presque tout le monde, même sans formation. Pour être efficace, un défibrillateur doit être utilisé dans les premières minutes d’un arrêt cardiaque.

La réanimation cardiopulmonaire (RCP) est une technique par laquelle un témoin de l’arrêt cardiaque peut comprimer et relâcher la poitrine d'une personne victime d’un arrêt cardiaque, pompant ainsi artificiellement le sang dans tout son corps. La RCP peut maintenir une victime d'arrêt cardiaque en vie jusqu'à l'arrivée d'un défibrillateur, mais encore une fois, elle n'est efficace que si elle commence très peu de temps après l'arrêt cardiaque.

La RCP et la défibrillation sont les interventions les plus importantes après un arrêt cardiaque. Même les systèmes médicaux d'urgence les plus perfectionnés au monde luttent pour atteindre les victimes d'arrêt cardiaque à temps pour sauver des vies en assurant la RCP et la défibrillation.

Pour raccourcir le délai entre l'arrêt cardiaque et la RCP et la défibrillation, les systèmes de santé ont commencé à mobiliser les premiers intervenants communautaires pour délivrer ces traitements. Les premiers intervenants communautaires sont des concitoyens qui sont présents dans la collectivité et qui ont reçu une formation de base minimale en RCP/utilisation du défibrillateur. Ils sont généralement alertés d'un arrêt cardiaque par les services médicaux d'urgence.

Caractéristiques des études

Cette revue a cherché des études de grande qualité qui examinaient si la mobilisation des premiers intervenants communautaires pouvait améliorer la survie ou le devenir neurologique, ou les deux, après un arrêt cardiaque extra-hospitalier chez les adultes et les enfants. Nous avons consulté les bases de données disponibles pour la dernière fois en janvier 2019.

Résultats principaux

Nous avons trouvé deux études éligibles, comptabilisant au total 1 136 participants.

Une étude menée à Stockholm, en Suède, et financée par la Swedish Heart-Lung Foundation, la Laerdal Foundation et le comté de Stockholm, a montré que la mobilisation des premiers intervenants communautaires avait augmenté le taux de RCP avant l'arrivée des services médicaux d'urgence (données concernant 665 participants). L'autre étude a été menée à Amsterdam et dans les environs (Pays-Bas) et a été financée par la Netherlands Heart Foundation et Medtronic Physio-Control. Les auteurs de l'étude ont reporté que lorsque les premiers intervenants communautaires étaient mobilisés, un plus grand nombre de patients recevaient une défibrillation avant l'arrivée des services médicaux d'urgence et survivaient pour être admis à l'hôpital (données concernant 469 participants).

Aucune étude n’a montré que la répartition des premiers intervenants communautaires résultait en un nombre significativement plus élevé de survivants (données sur 612 participants dans une étude et sur 469 participants dans l'autre). Aucune étude ne mentionne l’état neurologique des survivants ni leur qualité de vie liée à leur santé.

D'autres recherches sont nécessaires pour déterminer si la mobilisation des premiers intervenants communautaires peut entraîner plus de survivants d'un arrêt cardiaque. Les recherches futures devraient tenir compte à la fois de la survie et de la fonction neurologique des survivants.

Niveau de preuves

La certitude des données disponibles concernant la survie globale des patients a été jugée faible. La certitude des données disponibles concernant l'efficacité de la RCP et de la défibrillation avant l'arrivée des services médicaux d'urgence et concernant la survie à l'admission à l'hôpital a été jugée modérée. Cette preuve est à jour jusqu'en janvier 2019.

Conclusions des auteurs: 

Des preuves de certitude modérée montrent que les interventions des premiers intervenants communautaires dans un contexte spécifique entraînent une augmentation des taux de RCP ou de défibrillation avant l'arrivée des SMU. On ne sait toujours pas si cela peut se traduire par une augmentation significative des taux de survie globale des patients. Dans la mesure du possible, d'autres ECR de haute qualité et suffisamment puissants pour mesurer les changements dans la survie devraient être effectués.

Les études incluses ne tenaient pas compte de la survie avec une bonne fonction neurologique. Ce critère de jugement est susceptible d'être important pour les patients et devrait être inclus systématiquement partout où la survie est mesurée.

Nous avons identifié une étude en cours et un essai prévu dont les résultats, une fois disponibles, pourraient changer les résultats de cette revue. Comme cet examen se limitait aux essais randomisés et quasi-randomisés, il se peut que nous ayons omis certaines données importantes provenant d'autres types d'études.

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Contexte: 

La mobilisation des premiers intervenants communautaires sur les lieux d'un arrêt cardiaque extra-hospitalier a été proposée comme moyen de raccourcir l'intervalle entre l'arrêt cardiaque et la réanimation cardiopulmonaire (RCP) et la défibrillation, augmentant ainsi la survie des patients.

Objectifs: 

Évaluer l'effet de la mobilisation des premiers intervenants communautaires en cas d'arrêt cardiaque extra-hospitalier chez les adultes et les enfants de plus de quatre semaines, en termes de survie et de fonction neurologique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes pour trouver les essais cliniques pertinents en janvier 2019 : CENTRAL, MEDLINE (Ovid SP), Embase (Ovid SP) et Web of Science. Nous avons également effectué des recherches sur le site Web de l'Organisation mondiale de la santé l’International Clinical Trials Registry Platform (WHO ICTRP) et ClinicalTrials.gov, et nous avons examiné les résumés des compte-rendus des conférences de l'American Heart Association et de l'European Resuscitation Council.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais randomisés et quasi-randomisés (ECR et EQRC) qui comparaient les soins des services médicaux d'urgence de routine (SMU) aux soins des SMU plus la mobilisation des premiers intervenants communautaires dans les cas d'arrêt cardiaque extra-hospitalier. Les essais randomisés par groupe étaient admissibles, y compris les études conçues par groupe avec intervention en cross-over.

Dans certaines collectivités, le service d'ambulance statutaire/SMU est régulièrement assuré par le service d'incendie local. Pour les besoins de cette revue, ce groupe représente le service d'ambulance statutaire/services médicaux d'urgence, par opposition aux premiers intervenants communautaires, et n'a pas été inclus comme une intervention éligible.

Nous n'avons pas inclus les études axées surtout sur les témoins opportunistes. Les personnes qui étaient présentes sur les lieux de l'arrêt cardiaque extra-hospitalier et qui ont pratiqué la RCP selon les instructions téléphoniques fournies par les preneurs d'appels des SMU n'ont pas été considérées comme des premiers intervenants communautaires.

Les études évaluant principalement l'impact d'interventions supplémentaires spécifiques telles que l'administration de naloxone en cas de surdosage de narcotiques ou d'adrénaline en cas d'anaphylaxie ont également été exclues.

Nous avons inclus les adultes et les enfants âgés de plus de quatre semaines victimes d’un arrêt cardiaque extra-hospitalier.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont examiné de façon indépendante tous les titres et les résumés reçus afin d'évaluer l'éligibilité potentielle, à l'aide de critères d'inclusion établis. Nous avons obtenu et examiné en détail des copies en texte intégral de tous les articles jugés potentiellement éligibles, et nous avons communiqué avec les auteurs des essais pour obtenir des renseignements supplémentaires au besoin. Nous avons résumé le processus de sélection des études dans un organigramme PRISMA.

Trois auteurs ont extrait indépendamment les données pertinentes à l'aide d'un formulaire d'extraction de données standard et ont évalué la validité de chaque essai inclus à l'aide de l'outil Cochrane " Risk of bias ". Nous avons réglé les désaccords par la discussion et le consensus.

Nous avons synthétisé les résultats de façon narrative en raison de l'hétérogénéité des études incluses. Nous avons utilisé les principes du système GRADE pour évaluer la certitude de l'ensemble des données probantes associées à des critères de jugement spécifiques et pour construire un tableau " Résumé des résultats ".

Résultats principaux: 

Nous avons trouvé deux études finalisées portant sur un total de 1 136 participants qui répondaient en fin de compte à nos critères d'inclusion. Nous avons également trouvé une étude en cours et une étude prévue. Nous avons constaté une grande hétérogénéité dans les caractéristiques des interventions et des critère de jugement mesurés ou signalés dans ces études, de sorte que nous n'avons pas pu mettre en commun les résultats des études.

L'une des études portait sur la répartition des premiers intervenants communautaires de la police et des pompiers équipés de défibrillateurs externes automatiques (DEA) dans un système de secours d'urgence à Amsterdam et dans les environs. Il s'agissait d'un ECR dont la répartition a été faite par groupe selon des régions géographiques qui ne se chevauchent pas. Elle s'est déroulée entre le 5 janvier 2000 et le 5 janvier 2002. Tous les participants étaient âgés de 18 ans ou plus et avaient été victimes d'un arrêt cardiaque extra-hospitalier devant témoin. L'étude n'a révélé aucune différence dans la survie à la sortie de l'hôpital (rapport de cotes (RC) de 1,3, intervalle de confiance à 95 % (IC) de 0,8 à 2,2 ; 1 ECR ; 469 participants ; preuve de faible certitude), malgré l'observation que les 72 cas de défibrillation effectués avant l'arrivée des SMU ont tous eu lieu dans le groupe intervention (RC et IC à 95 % - non applicable ; 1 ECR ; 469 participants ; preuve de certitude modérée). Cette étude a fait état d'une augmentation du taux de survie à l'admission à l'hôpital dans le groupe intervention (RC 1,5 ; IC à 95 % : 1,1 à 2,0 ; 1 ECR ; 469 participants ; preuve de certitude modérée).

La deuxième étude a porté sur l'envoi de volontaires non professionnels situés pas loin, à Stockholm, en Suède, qui ont reçu une formation en réanimation cardiopulmonaire (RCP). Il s'agissait d'une intervention supplémentaire du premier intervenant communautaire dans un système de SMU où la police et les services d'incendie étaient déjà régulièrement envoyés vers l’arrêt cardiaque extra-hospitalier en plus des ambulances des SMU. Cette étude, un ECR, a inclus les arrêts cardiaques extra-hospitaliers survenus devant témoin ou non et a été menée entre le 1er avril 2012 et le 1er décembre 2013. Les participants comprenaient des adultes et des enfants de huit ans et plus. Les chercheurs n'ont constaté aucune différence dans la survie à 30 jours (RC 1,34 ; IC, 95 % : 0,79 à 2,29 ; 1 ECR ; 612 participants ; preuves de faible certitude), malgré une augmentation significative de la RCP effectuée avant l'arrivée des SMU (RC 1,49 ; IC, 95 % : 1,09 à 2,03 ; 1 ECR ; 665 participants ; preuves de certitude modérée).

Aucune des études terminées incluses n’évaluait la fonction neurologique à la sortie de l'hôpital ou à 30 jours, mesurée par catégorie de performance cérébrale ou par tout autre moyen. Aucune des études terminées incluses ne tenait compte de la qualité de vie liée à la santé. Dans l'ensemble, le degré de certitude des données probantes concernant les résultats des études incluses était faible à modéré.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Stéphanie Roullet et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.